Agritel, société de conseil indépendante, experte sur les marchés des secteurs agricoles, agro-alimentaires et agro-industriels rapporte dans un communiqué de presse du 4 novembre, que le prix du blé meunier vient de frôler le niveau des 300 €/t sur le contrat à terme d’Euronext. Le record historique de prix vieux de 14 ans vient donc d’être de nouveau atteint. Derrière cette performance, se cache une réalité : l’offre de blé en chute chez les grands exportateurs n’est pas suffisante pour répondre à la demande record des pays importateurs. Contrairement à l’offre, la demande ne faiblit pas, elle se multiplie.
Le manque de maïs sur l’été et l’automne a soutenu la consommation de blé. Les mauvaises productions locales poussent les pays du Moyen-Orient tels que l’Iran et la Turquie à des achats massifs. Le Pakistan et la Chine continuent de leur côté des programmes d’achats massifs pour la reconstitution de stocks, tandis que le Bangladesh répond à la hausse effrénée de sa population.
Jamais les achats de blé n’ont été aussi forts que ces 4 derniers mois sur le marché mondial alors que les disponibilités à la vente ne suivent pas. À chaque nouvelle vague d’achats, les prix montent inlassablement. L’arrivée de la nouvelle récolte de maïs se présente comme record aux Etats-Unis et en Ukraine, et très bonne en Europe. Elle soulagera quelque peu la demande dans la filière animale mais ce ne sera probablement pas suffisant.
« Du blé au pain il n’y a qu’un pas. C’est la nourriture de base d’une partie de l’humanité qui est menacée. L’instabilité alimentaire dans les pays les plus dépendants aux importations s’annonce d’autant plus importante que les huiles végétales flambent également sur des niveaux de prix record. » ajoute Sébastien Poncelet. L’indice alimentaire de la FAO est de retour sur les plus hauts du printemps 2008 et 2011 quand les émeutes de la faim et le « printemps arabe » avaient bousculé l’ordre établi.
« L’alimentation mondiale est un défi. À l’heure où l’Union européenne prône la décroissance de sa production agricole à travers la stratégie « Farm-to-Fork », le rôle stratégique et nourricier de l’Agriculture revient plus que jamais sur le devant de la scène. » analyse Sébastien Poncelet. L’Agriculture se pose aussi en solution face au changement climatique avec sa capacité à capter le carbone et à générer des énergies vertes.