Prestataire de service, Magali Rocheteau, 33 ans, n’achète pas de céréales. Elle ne vend pas de farine non plus. Seulement son travail de mouture, qu’elle effectue seule avec un moulin à meule de pierre de la marque Alma Pro.
En octobre 2020, elle crée sa société "Moulin de Rambouillet". Le travail de meunière qu’elle exerce depuis douze mois, elle l’a appris auparavant dans les livres, auprès des constructeurs du moulin puis “sur le tas”. Son moulin est installé dans un bâtiment qu’elle loue à la Bergerie nationale de Rambouillet dans les Yvelines, une ferme située à 500 mètres du château qui abrite aussi une fromagerie et un centre de formation d'apprentis.

Objectif : cent tonnes de céréales par an
Son projet premier était de répondre à l’appel d'offres de la Bergerie, qui cultive ses propres céréales (blé, seigle et grand épeautre) et souhaitait fabriquer de la farine pour valoriser sa production locale, comme elle le fait déjà avec son lait et sa viande, vendus sur place. « La Bergerie m’assure cinquante tonnes de céréales par an, dès 2023 »,note Magali. Ces cinquantes tonnes suffisent à payer le matériel et la location du bâtiment mais sont insuffisantes pour qu'elle se verse un salaire. Pour « tenir de façon correcte financièrement », il lui faut environ cent tonnes. Afin de trouver les cinquante tonnes supplémentaires, elle ouvre sa prestation de service aux agriculteurs locaux.
Magali produit du bio et du conventionnel. En plus de la Bergerie, qui vend une partie de sa farine à des boulangeries rambolitaines, elle travaille avec huit autres clients fidèles pour qui elle moud céréales et légumineuses : blé, seigle, petit et grand épeautre, sarrasin, pois chiches, lentilles et « un peu de haricots rouges ». Lors de cette année de mise en route, Magali a moulu 18 tonnes de blé (sa farine de blé ne descend pas en dessous de T80) et 4 tonnes de légumineuses. Parmi ses clients, elle compte des céréaliers mais aussi un maraîcher, un volailler, et même un particulier. Les producteurs vendent ensuite leurs farines en boutique ou en points de retrait (casiers autonomes).

Un avenir enthousiasmant
Le matin, Magali commence sa journée à 8h30. Elle allume le moulin, et ne l’éteint plus de la journée. « J’ai deux enfants donc je ne fais pas du 6 heures-19 heures. À 18 heures, j’arrête le moulin et je rentre chez moi. S’il fait trop humide ou trop sec la semaine, je travaille plus le week-end ». Les agriculteurs déposent les big bags dans la zone de stockage, où se trouvent deux silos. Magali contrôle la qualité à l'aide d'un tamis réglementé, s’assure qu’il n’y a pas d’insectes et vérifie le nettoyage des céréales car elle n’est pas équipée d’un trieur. Elle moud, ensache, puis les clients récupèrent la farine.
Enthousiaste, elle envisage l’avenir avec optimisme et a pour but de créer un poste rapidement. « Je suis très contente, surtout quand je vois l’engouement des gens qui viennent au moulin. J’espère que ça va durer. »
