Ce n'est malheureusement pas un cas particulier: la Grange aux délices, à Trévoux dans l'Ain, a vu sa facture énergétique tripler en trois mois. C'est pour venir en aide aux artisans boulangers dans cette situation que la Région Auvergne-Rhône Alpes, riche de 4 600 boulangeries dont 1300 en zone rurale, avait annoncé dès le 3 janvier la mise en place d'un fonds d'urgence. En déplacement à La Grange aux Délices, le 17 janvier, le président de Région Laurent Wauquiez a détaillé les aides approuvées par le Conseil régional.
Doté de 6 millions d'euros, le fonds d'urgence cible en priorité les petites boulangeries en zones rurales.
Deux types de soutien sont proposés.
D'une part, le fonds d'urgence prendra en charge de 50 % de l'augmentation de la facture énergétique entre juillet 2022 et mars 2023, plafonnée à 3 000 €. Le montant minimum des dépenses éligibles est fixé à 1 000 €. Pour être éligibles, les entreprises, établies en Auvergne-Rhône Alpes, doivent être inscrites au répertoire des métiers, immatriculées avec les codes APE 1071C (boulangerie-pâtisserie) ou 1071D (pâtisserie), et disposer d'une puissance électrique disponible surpérieure à 36 kilovoltampères, sans bénéficier du tarif réglementé d'électricité.
D'autre part, la Région a débloqué une "aide à l'investissement pour des travaux permettant l'optimisation de la consommation énergétique", en faveur des PME et TPE de divers secteurs d'activité. Cette aide régionale correspondant à 20 % du montant investi est portée à 50 % pour les boulangeries. Le minimum de dépenses éligibles est fixé à 5 000 € et le plafond fixé à 10 000 €. Sont éligibles les entreprises artisanales indépendantes (y compris franchisées) de moins de quinze salariés et moins de 700 m² de surface de magasin.
Les demandes d'aide peuvent être déposées sur le site de la Région (1) pour des versements à partir de février.
Toutefois, sont exclues du fonds d'urgence les boulangeries situées sur le territoire d'une métropole (Grand Lyon, Saint-Etienne Métropole, Grenoble-Alpes Métropole ou Clermont Métropole). "Une priorité est donnée aux territoires ruraux/petites villes pour le maintien d’une offre commerciale de quotidienneté dont l’équilibre économique est plus fragile et qui remplit également une fonction sociale pour la population locale", justifie la Région. Elle avance également l'argument d'un conflit de compétence : les métropoles auraient une compétence de développement économique de plein droit qui empêcherait la Région d'agir seule. Mais l'exclusion du fonds d'urgence a des allures de punition pour ces métropole dirigées, pour trois d'entre elles, par des partis politiques adverses. "La Région, elle, a décidé d'aider les boulangeries", attaque ainsi Stéphanie Pernod, vice-présidente de la Région, dans le communiqué de presse annonçant le plan d'aides. "Et nous posons une question simple aux groupes socialistes et écologistes qui gèrent la métropole de Lyon, de Grenoble et de Clermont-Ferrand : est-ce que les métropoles vont nous aider? " Conflit de compétence ou jeu politicien : dans les deux cas, ce sont les artisans qui perdent.