Cacao La filière se fragilise

Difficultés d'approvisionnement d'un côté, forte hausse de la demande d'un autre : le marché du cacao n'est pas serein. Et pourtant, le chocolat est de plus en plus plébiscité par les consommateurs !

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C'est lors des onzièmes Assises des chocolatiers-confiseurs, à la mi-septembre 2010 à Lyon, qu'ont été évoqués les mouvements affectant le marché du cacao. Directrice générale de l'Alliance 7 (qui regroupe les syndicats de nombreux industriels de l'alimentaire), Florence Pradier a mis en avant des faiblesses majeures :

• Près des deux tiers de l'approvisionnement en fèves proviennent de l'Afrique de l'Ouest (Côte d'Ivoire et Ghana en tête), où sévit une grande instabilité politique ;

• de nombreuses plantations sont vieillissantes ;

• les prix restent très volatils, avec une tendance de fond haussière.

Si l'on ajoute à cela une qualité de fèves de plus en plus difficile à trouver et une demande toujours croissante, essentiellement due aux pays émergents (Chine et Inde surtout), on obtient un tableau aux couleurs un peu moroses. Des experts estimeraient d'ailleurs qu'en 2025, l'Europe et l'Amérique du Nord, aujourd'hui les plus gros consommateurs, ne devraient représenter que 50 % du marché !

Pour information, la France occupe à ce jour la cinquième place, avec 3 % de la consommation mondiale.

Sécurité, plaisir et identité

En termes de produits, dans le trio de tête, les tablettes tiennent toujours le haut du pavé (126.000 tonnes par an). « Ce secteur ne fait qu'augmenter, mené par un belle dynamique d'innovation », a révélé Florence Pradier.

Les bonbons et autres bouchées arrivent en deuxième position (91.800 tonnes), et ont tendance à diminuer.

Les barres chocolatées se classent troisième (39.500 tonnes). Si ces données s'appuient sur des productions industrielles, elles reflètent néanmoins les grandes tendances du marché : la consommation de chocolat est en hausse, c'est un produit pratique à manger, il est reconnu bon pour la santé et il apporte du plaisir.

Pour l'avenir, si les problèmes de filière cités plus haut ne virent pas à la catastrophe, le chocolat devrait, selon la directrice, suivre trois schémas de développement :

- Le premier s'appuie sur la « responsabilité » : implication du consommateur, qui consomme moins mais mieux, vision éthique.

- Le deuxième met la « santé » en avant, notamment dans sa communication : le chocolat lui est bénéfique, avec une provenance garantie.

- Le troisième privilégie l'« individualisme » : petites portions, consommation plus égoïste et élitiste, autour de produits rares et intenses.

Qu'on se le dise : les chocolatiers devront adapter leurs fabrications aux besoins des consommateurs, autour de quelques valeurs en hausse, comme la sécurité, le plaisir ou l'identité.

par Anne-Laure Chorand  

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