Blé tendre : des volumes au rendez-vous, une qualité satisfaisante
Selon les estimations de FranceAgriMer, la production de blé tendre s’établirait à 35,6 Mt pour cette récolte 2023, en hausse par rapport à 2022 et à la moyenne des cinq dernières années. Dans l’attente de résultats plus complets, les principaux critères de qualité correspondent aux attentes du marché.
La fin de campagne 2023 du blé a connu un certain nombre de perturbations : sécheresse en début d’été, déficits hydriques ; puis pluviométrie importante en août, ce qui a pu compliquer les moissons dans certaines régions. Malgré ces aléas, la production française s’avère conséquente, avec des rendements légèrement supérieurs à la moyenne des cinq dernières années. FranceAgriMer a revu à la hausse fin aoûtsa prévision de production de blé tendre à 35,6 millions de tonnes, en lien avec un rendement réévalué à 74,7 quintaux par hectare (q/ha). Soit + 3 % par rapport à 2022.
Les surfaces et le rendement augmentent respectivement de 1,5 % et de 4,1 % par rapport à la récolte de l’an passé. En région, les rendements sont plus homogènes que l’an dernier, mais ils diffèrent selon le type de sol : très bons en sols profonds, ils chutent sur les sols légers car ceux-ci sont très vulnérables au manque de pluies.
Dans l’ensemble, les volumes pourront répondre à la demande de la filière meunerie française, ainsi que pour l’exportation - en quantité et en qualité. Même si les pluies de fin de cycle ont détérioré les qualités de certains blés sur environ 10 % des volumes, ce qui provoquera leur déclassement. Sachant que des opérations de tri et de nettoyage par les collecteurs permettent d’améliorer certains paramètres physiques.
L’essentiel de la production répond donc aux critères d’exportation, aux exigences de la meunerie hexagonale et de l’amidonnerie, que ce soit en matière de poids spécifique ou de taux de protéines. Les indices de chute de Hagberg (indice qui détermine l’aptitude d’un blé à être utilisé dans les industries de cuisson)sont corrects. Les teneurs en protéines — autour de 11,5 % en moyenne — sont également satisfaisantes (lire plus loin). Des inquiétudes subsistent toutefois dans le Nord-Ouest, où la récolte a été différée en raison de pluies importantes et répétées. Dans ces régions, les blés verront leur poids spécifique dégradé, et une attention particulière devra être portée à l’indice de chute de Hagberg.
Force boulangère et indice d’élasticité
Pour entrer plus finement dans les critères de qualité du blé tendre, récolte 2023, il faut se référer au bulletin qu’édite régulièrement FranceAgriMer en partenariat avec Arvalis-Institut du végétal. Ce document détaille les analyses effectuées par le laboratoire de l’établissement national. Cela jusqu’aux résultats définitifs, qui seront communiqués à l’occasion d’un prochain conseil spécialisé grandes cultures-marchés céréaliers de FranceAgriMer. À noter qu'ils sont partiels et que les échantillons sont prélevés à l’entrée des silos de collecte, avant le travail des organismes stockeurs - et, en particulier, avant le nettoyage du grain. De même, une large part des moissons de la bordure maritime du Nord-Ouest a été effectuée après les pluies de fin juillet et n’est pas intégrée dans ces premières observations.
Ces critères de qualité comprennent le taux de protéines, le poids spécifique, l’indice de chute de Hagberg, la force boulangère, l’indice d’élasticité, le rapport P/L (rapport ténacité/extensibilité de la pâte).
Pour les taux de protéines, 45 % des échantillons analysés se situent entre 11,5 et 12 % (32 % pour la moyenne quinquennale 2018-2022) ; 22 % entre 11 et 11,5 % ; 18 % entre 12 et 12,5. Sachant qu’il faut que ce taux soit supérieur à 11,5 pour que le blé soit classé premium, et supérieur ou égal à 11 pour qu’il soit classé supérieur (voir tableau).
Pour le poids spécifique, 46 % des échantillons se situent entre 76 et 78 kg/hl, 24 % entre 78 et 80. Pour l’indice de chute de Hagberg, 98 % des échantillons présentent des valeurs supérieures ou égales à 240 secondes (88 % pour la moyenne quinquennale). Pour la force boulangère, 39 %se classentdans le créneau 170-200, 21 % au dessus de 200. Concernant l’élasticité, 89 % de l'échantillonnage s'inscrit dans un indice supérieur ou égal à 55, contre 25 % pour la moyenne triennale.
En ce qui concerne le rapport P/L, les écarts sont plus variables : 16 % des échantillons analysés ont un résultat inférieur à 0,6 ; 30 % entre 0,6 et 0,8 ; 33 % entre 0,8 et 1 ; 15 % entre 1 et 1,2 ; 6 % à plus de 1,2. De la compilation de ces critères résulte une classification des blés, qui apparaît dans le graphique ci-contre.