Fin du ticket de caisse : votre impression ?

La digitalisation en marche de l'encaissement n'est pas terminée. De nouvelles échéances sont prévues par les services de l'Etat jusqu'en 2027.

Depuis le 1er août, les commerçants n’ont plus le droit d’imprimer de façon systématique les tickets de caisse. La mesure est porteuse d’évolution dans les pratiques d’encaissement, une fois levées les réticences, des vendeurs comme des clients.

Économies de rouleaux de papier, poubelles à vider moins fréquemment, archivage des tickets facilité… Le clap de fin donné le premier août dernier à l’impression systématique des tickets de caisse a pu déjà produire des effets positifs chez de nombreux commerçants. La mesure, qui semble bien appliquée sur le terrain, continue cependant parfois d’interroger à la fois les artisans — qui doivent revoir une partie de leur process — et les clients. En effet, ces derniers peuvent se sentir démunis lorsqu’il s’agit effectuer leur comptabilité ou en cas de litige.

À plusieurs reprises, Alain Bazot, président de l’association de consommateurs UFC-Que choisir, a dénoncé une mesure aux fondements écologiques contestables, et réclamé que « les consommateurs soient systématiquement interrogés sur leur choix d’obtenir ou non ce précieux papier, outil indispensable de preuve d’achat ». Dans ce contexte, il semble important pour les commerces de rassurer les consommateurs et de gagner leur confiance. Cette attitude nécessaire peut avoir un coût pour les artisans, avec une charge mentale supplémentaire à la vente. Mais paradoxalement, le secteur de la boulangerie-pâtisserie est sans doute le moins exposé aux clients réfractaires à la mesure. Les boulangers-pâtissiers sont certes la profession qui réalise le plus d’encaissement par vendeur, cependant les paniers moyens dans ces commerces sont aussi les plus faibles et font rarement l’objet de litiges.

« Transformer le pépin en pépite »

« Globalement la suppression du ticket de caisse est sans doute mieux acceptée en boulangerie-pâtisserie que dans d’autres commerces », constate Géraldine Porcher, fondatrice de la structure de formation en vente, Mets Conseils. Selon elle, cette fin du ticket de caisse peut également être transformée en opportunité d’intégrer la puissance du digital dans la relation client, en proposant, par exemple l’envoi par e-mail de la preuve d'achat. « C’est une occasion de faire bouger sa relation client, et sa boutique, afin de vendre plus, de vendre mieux, dans la logique du plaisir de vendre et du plaisir d’acheter. L'e-mail est un puissant vecteur pour y parvenir. Il permet d’entretenir un lien de fidélité avec ses clients, de dynamiser la fréquentation du magasin, ainsi que les commandes à certaines périodes clés », insiste Géraldine Porcher.

S'intéresser à la problématique de la digitalisation de l'encaissement est potentiellement l'occasion de s'intéresser à son système de vente et d'encaissement pour développer son chiffre d'affaire. (© A. DUFUMIER)

Les données de mailing doivent cependant être collectées en conformité avec le règlement général sur la protection des données, c’est-à-dire avec le consentement explicite de la personne à la réception d’informations à caractère promotionnel. C’est la partie la plus délicate, sachant que les boulangeries accueillent pour certaines jusqu’à 400 clients par heure. « À mon sens, le temps pris avec un client pour collecter ses données est un investissement, estime la dirigeante de Mets Conseils. Il existe aujourd’hui par ailleurs des outils ludiques pour récupérer à la fois ces données et des avis dans Google sans solliciter de temps aux équipes de vente. Il y a plein de choses à mettre en œuvre et à inventer pour transformer le pépin en pépite ! »

Une digitalisation en marche

De nouvelles échéances réglementaires sont en outre annoncées, qui visent à encore plus de digitalisation au niveau de l’encaissement. « À horizon 2025, les facturations devront ainsi également passer obligatoirement par la voie électronique via une plateforme connectée et aux normes », insiste Axel Le Pezron, expert en solutions d’encaissement chez Menlog. Initialement prévu pour le 1er juillet 2024, ce basculement a été reporté à une date ultérieure, qui sera déterminée dans la prochaine loi de finances. « En outre, l’ensemble des données de caisse devra être connecté à des plateformes de e-reporting à horizon 2027, ajoute le conseiller commercial. Cela aboutira notamment à des déclarations de TVA préremplies pour les commerçants.»

La fin du ticket de caisse sous forme papier n’est qu’une étape de la digitalisation des échanges voulue par les services de l’État. Le contexte incite donc plus que jamais les artisans à s’intéresser plus en détail au processus d’encaissement ; du point de vue de la mise en conformité de leur commerce avec la législation, mais également de celui des opportunités indirectes qu'il peut représenter.

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