À Rimini, le Sigep se concentre sur le marché de la glace artisanale
En janvier à Rimini, sur la côte Adriatique italienne, glaciers, pâtissiers et chocolatiers, ainsi que tous leurs fournisseurs, se donnent rendez-vous. Cette 45e édition du Salone Internazionale Gelateria, Pasticceria e Panificazione Artigianali a fait la part belle au marché croissant des glaces artisanales.
À Rimini, le Sigep – Salone Internazionale Gelateria, Pasticceria e Panificazione Artigianali, immense exposition annuelle des douceurs sucrées créée à la fin des années 1970 — attire une foule de professionnels. Du 20 au 24 janvier derniers, se tenait durant cinq jours la 45e édition de ce salon international de la glace artisanale (gelato), de la pâtisserie, de la boulangerie et du café organisée par Italian Exhibition Group.
Au centre de l’acronyme Sigep, le G de gelato (glace en français) n’est pas là par hasard. Le centre des expositions de Rimini (189 000 m2) est divisé en deux immenses halls,situés de part et d’autre d’une agora centrale. La moitié des 1 200 exposants travaille en totalité ou partiellement pour le secteur de la glace, en particulièrement forte croissance.
« Malgré la hausse du coût des matières premières, le chiffre d’affaires en Italie du gelato a augmenté de 11 % en 2023 par rapport à 2022, représentant trois milliards d’euros entre les glaceries, les pâtisseries et les bars à gelato. L’augmentation des achats de produits artisanaux est réelle », indique l’organisation du salon. Le monde de la glace emploie ainsi plus de 100 000 personnes dans le pays.
Artisans venus en famille
Une foule dense de milliers de visiteurs (chiffre non communiqué) arrive toute la journée en bus, en voiture et en train. La station Rimini Fiera (foire en français) se situe à 100 m de l’entrée sud du complexe. Le public qui arpente les allées et le hall d’accueil est à 80 % italien. Souvent des parents accompagnés de leurs enfants de tous âges, et même équipés de poussettes.
« Le Sigep est bien un salon professionnel, précise Flavia Morelli – responsable des expositions chez Italian Exhibition Group. Comme en France, glaceries et pâtisseries sont très souvent des entreprises familiales. Ce qui explique que vous croisiez, à ce salon BtoB, des professionnels italiens venus en famille. Le mercredi, nous accueillons les écoles professionnelles, avec plus de trois mille jeunes et leurs formateurs qui viennent chercher l’inspiration pour leur futur métier. »
En Europe, la glace est un produit phare de la restauration hors domicile, qui pèse plus de 10 milliards d’euros… Le Français Christophe Lambert (CS concept) vient au Sigep depuis plus de vingt ans. Il représente en France la marque des machines à glaces italiennes Gel Matic, et Valmar, le constructeur d’appareils pour artisans glaciers.
« Le Sigep est un salon énorme, un incontournable pour ceux qui veulent être sûrs de voir toutes les marques, de pouvoir rencontrer plusieurs fournisseurs au même endroit, au même moment. » Accompagné d’Alexandre Lefebvre, pâtissier et glacier, il renseigne la clientèle française qui se déplace à Rimini. « Les glaciers purs sont moins nombreux cette année à faire le déplacement. Je remarque que les distributeurs de glaces italiennes séduisent de plus en plus les restaurateurs, qui veulent proposer comme dessert une coupe base vanille avec des fruits et un topping, ou encore garnir des profiteroles », complète Christophe Lambert.
Se saisir des innovations
Certains produits innovants se sont faits remarquer cette année. « Les glaces véganes à la stevia font partie des choses intéressantes de cette 45e édition. Les consommateurs sont sensibles à des productions qui impactent moins l’environnement et ils sont attentifs à leur bien-être. Des entreprises se mettent sur le marché des glaces salées, à proposer pour l’apéritif ou en accompagnement des entrées, des fruits de mer... Ce positionnement intéressant peut encore augmenter le volume de glaces vendu », indique Matteo Figura, directeur des services alimentaires au Circana, analyste des marchés et des comportements des consommateurs.
Se sentir bien reçu sur les stands
Flavia Morelli a testé une glace végétale au houmous, mais rappelle que les parfums traditionnels — chocolat, noisette, pistache — demeurent les plus demandés. Des producteurs de noisettes du Piémont et de pistaches de Sicile se sont déplacés pour rencontrer des clients artisans et les grandes maisons italiennes.
« Le Sigep est pour moi la plus belle des foires professionnelles du secteur, livre le chocolatier belge Frédéric Blondeel. En Italie, on trouve du style, de l’élégance, et sur les stands, les gens se parlent, on se sent bien reçu partout. » Sous la lumière crue qui inonde le vaste stand, Frédéric Blondeel surveille la ligne de drops tout en préparant sa pâte à tartiner. Il vient depuis une dizaine d’années au Sigep Rimini et retrouve avec bonheur l’équipe d'Ideo Tecnica, un équipementier turinois. Paolo de Carolis lui a vendu son premier broyeur quand il démarrait le bean to bar à Bruxelles.
« Au moins la moitié de la consommation hors domicile est composée de produits sucrés. Dans cette période de crise économique, si on peut se le permettre, on n’y renonce pas. Cela donne du plaisir à la vie », conclut Matteo Figura pour expliquer la croissance du Dolce, tous secteurs confondus.