Transport fluvial des céréales : un accord trouvé pour les JO
Intercéréales, la préfecture d’Île-de-France et le ministère de l’Agriculture s’organisent pour pallier un possible ralentissement du trafic sur la Seine pendant les Jeux olympiques de Paris 2024.
Environ un million de tonnes de céréales transitent sur la Seine chaque année entre le secteur sud-est de la région parisienne — à partir de Nogent-sur-Seine — et Rouen, qui est le plus gros port exportateur de grains de France. « Concernant le trafic sur la Seine pendant les Jeux olympiques, période qui correspond effectivement au pic estival de transport par bateaux, l’alerte a été donnée par les céréaliers eux-mêmes, explique Julien Reyne, responsable d’agence à Sens (Yonne) et affréteur pour Rhenus Logistics* France. Ce ne sont pas les bateliers, qui sont habitués à des arrêts momentanés de leur activité dus aux niveaux des eaux, aux crues, aux travaux sur les voies navigables qui se sont alarmés. Ce qu’ils doivent transporter le jour J, s’il y a une contrainte, ils le font à J + 5 sans problème. Mais les agriculteurs, qui moissonnent à partir de la mi-juillet, sont inquiets car en général ils dégagent très vite leurs récoltes. Ils ne stockent pas sur l’exploitation afin de faire de la place en continu pour la production qui suit. »
Les grains sont amenés au silo, contrôlés, calibrés, puis ils partent rapidement par bateaux. Interrompre le trafic signifierait ne pas pouvoir écouler la marchandise au maximum. D’où l’inquiétude, légitime, des céréaliers. « Les bateaux qui naviguent sur la zone concernée peuvent charger entre mille et mille cinq cents tonnes, précise Julien Reyne. Ils ont des longueurs qui varient entre 80 et 110 mètres, et des largeurs entre 9,5 et 11,4 mètres. Donc de gros gabarits, bloqués sur le bassin de la Seine en raison de leurs dimensions, ce qui ne permet pas de les dévier momentanément vers un port situé dans le nord de la France — comme Dunkerque —, en Belgique ou aux Pays-Bas. Ce sera tout l’intérêt du futur canal Seine-Nord Europe. »
Majoration limitée du temps de transport
La profession agricole ayant interpellé le gouvernement à ce sujet, une réunion a eu lieu mi-février, permettant à Intercéréales, la préfecture d’Île de France et le ministère de l’Agriculture d’échanger sur des modalités pratiques permettant de faire face au problème. Pour Julien Reyne, le compromis trouvé est correct, il ménage les intérêts des différentes parties et rassure les céréaliers.
Les deux principales mesures arrêtées stipulent que la réduction du nombre de jours de fermeture de la Seine passe de 10 à 6,5 du 21 au 26 juillet, et que les horaires d’ouverture des écluses sont élargis, avec une fermeture repoussée à minuit au lieu de 20 heures. « D’une durée de deux à trois jours habituellement pour aller du lieu de chargement à Rouen, on va passer à quatre-cinq jours, ce qui reste tout à fait correct durant le déroulement d’un évènement exceptionnel comme les JO », estime l’affréteur.
Les autres mesures du protocole d’accord précisent que des zones de stationnement prioritaires pour les barges céréalières vont être mises en place afin de permettre leur amarrage entre les périodes d’ouverture de la circulation sur la Seine. Un centre unique pour traiter les difficultés rencontrées durant les JO va être instauré. Enfin, des mécanismes de compensation en cas d’éventuels préjudices subis par les céréaliers sont à l’étude.
* Le groupe Rhenus, allemand, est spécialisé dans la logistique, le transport fluvial et routier. Il est présent sur plus de 1 000 ports fluviaux et maritimes à l’échelle européenne.