Apprentissage : ajustement annoncé de l’aide à l’embauche

Quel impact aura l’ajustement annoncé de l’aide à l’embauche, alors que la boulangerie-­pâtisserie accuse un recul de 3 % des effectifs d’apprentis en 2022-2023 ?

Instaurée en 2020, cette aide exceptionnelle visait à inciter les entreprises à recruter des apprentis. Ses conditions pourraient évoluer dès 2025.

« Si le gouvernement baisse le montant de ses aides à l’embauche d’apprentis, cela risque d’avoir une incidence négative sur mon entreprise », s’inquiète Christophe Hellegouarch, fondateur des boulangeries-­pâtisseries L’Attrape Douceurs à Rennes. À la tête de quatre magasins, il gère une équipe de 90 personnes (60 équivalents temps plein), dont environ un quart d’apprentis.

Un engagement en faveur de la transmission du savoir-faire qui participe au fonctionnement de l’entreprise. « En moyenne, le salaire d’un ouvrier qualifié équivaut au coût de trois apprentis. Les compétences ne sont pas équivalentes, mais ces derniers apportent une souplesse en termes de ressources humaines appréciable dans un contexte de tension sur l’emploi et de turn over important », observe le gérant.

Baisses forfaitaires ou selon le niveau de qualification de l'apprenti

Lancée en 2020, cette aide à l’embauche s’élève actuellement à 6 000 € maximum, tous profils confondus. En quête d’économies, le gouvernement envisage de la raboter, ou du moins de l’ajuster. Plusieurs scénarios ont été évoqués : baisses forfaitaire ou conditionnée au niveau de qualification de l’apprenti, voire à la taille de l’entreprise.

Pour Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française (CNBPF), il est important de « conserver les aides à destination des petites entreprises de moins de cinquante employés, certaines ayant, par exemple, du travail en pâtisserie pour seulement un poste et demi », une configuration adaptée à une combinaison encadrant-­apprenti (selon la CNBPF, la boulangerie compte en moyenne 1,49 apprenti par entreprise). Autre suggestion : l’instauration d’une prime à la fidélisation prenant en compte « l’engagement sur la durée ». Une manière de responsabiliser les patrons et de fidéliser les jeunes, dans une perspective d’insertion professionnelle voire de reprise d’activité, gage de pérennité de l’artisanat.

Investir « sur le long terme »

« L’apprentissage est un investissement sur le long terme », confirme Franck Debieu, fondateur de L’Étoile du berger, fédérant sept boutiques (qui compte 40 apprentis sur un effectif de 130 personnes) et un centre de formation d’apprentis en Île-de-France.

Davantage que les jeunes en CAP (70 % des apprentis en boulangerie-­pâtisserie-glacerie, selon la CNBPF), « les réductions annoncées impacteraient les profils d’apprentis plus âgés, plus qualifiés et/ou plus matures, mieux rémunérés et donc plus coûteux pour les entreprises [salaire de 477 € bruts par mois pour les moins de 18 ans, à 1 767 € pour les plus de 26 ans, NDLR] ». Et Franck Debieu de déplorer : « Cela pourrait refroidir des candidats à la reconversion, déjà échaudés par la médiatisation des crises successives de l’énergie ou des matières premières. Dommage, car ils apportent une vraie valeur ajoutée au métier. »

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