pARLONS TECHNIQUE Solutions pour récupérer la chaleur fatale

Serpentin en tube de cuivre pour récupérer la chaleur dans un four maçonné à bois. P. Rouxel

Que ce soit pour la cuisson ou la production de froid, la boulangerie consomme beaucoup d’énergie. Selon les organisations, la chaleur fatale peut représenter un gisement d’énergie intéressant à valoriser. Les meilleures pistes.

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Il existe de multiples technologies éprouvées en industrie qui permettent de capter et de recycler la chaleur fatale. L’Ademe soutient d’ailleurs activement ces investissements (voir Actualités). Il existe aussi des équipements adaptés à la boulangerie-pâtisserie semi-industrielle (fournil central avec plusieurs points de vente) et même artisanale qui se concentrent sur la cuisson et la production de froid (les postes les plus énergivores et ceux qui émettent le plus de chaleur fatale). Les fours boulangers à combustibles (gaz, bois, fuel) focalisent l’attention car leur rendement thermique est bien inférieur aux fours électriques actuels.

Les fours éco

La plupart des fours hauts de gamme récents intègrent de nombreuses améliorations et innovations pour augmenter le rendement énergétique de cuisson (isolation et inertie renforcées, gestion électronique de la puissance et de la consommation, optimisation du rendement du foyer et du brûleur…). Sur les modèles à combustion (gaz, fioul, bois), certains fabricants favorisent la récupération interne de chaleur fatale en optimisant la circulation des fumées au sein du four ou en orientant le flux d’air chaud vers les appareils à buées. C’est le cas des fours (à soles ou à chariots) Optima Evolution de Fringand (version Eco-Tec), Ecostone de Hein, Matador de Werner & Pfleiderer (brevet Zyclotherm), Roll-in e+ de Miwe (notamment la version 2022), Cervap de Bongard (versions RS, XT et XL), etc. Notez que la performance de récupération de chaleur fatale peut être évaluée en mesurant la température des gaz brûlés en sortie.

Les échangeurs intégrés

L’idée de capter la chaleur d’un four pour produire de l’eau chaude est ancienne. À la construction d’un four maçonné (à bois), vous pouvez challenger votre plombier-chauffagiste. Avec un échangeur maison logé dans la voûte ou la sole (voir photo), un circulateur, des vases d’expansion et quelques vannes, il est assez simple d’exploiter la chaleur de cuisson peut alimenter un ballon d’eau chaude sanitaire (ECS) ou un réseau de radiateurs à eau (chauffage circulant hydraulique, CCH). Attention toutefois à la sécurité du système (l’eau ne doit jamais dépasser 99°C !). Cette stratégie est aussi envisageable avec les fours métalliques actuels (à recyclage, tubes annulaires, huile thermique…). Aussi n’hésitez pas à solliciter le constructeur. Certains répondent aux commandes particulières.

Les échangeurs annexes

Il existe divers dispositifs de récupération de chaleur fatale qui se fixent sur le circuit d’évacuation des fumées de combustion (250-300°C) et même sur les conduits des buées de cuisson. Quelques exemples : eco:box et eco:nova de Miwe, Ecobox d’Ibis, échangeurs Raab Gruppe (distrib. MBF-Boulangerie Solution), Transeco de Lacaze Energies… Ces équipements assurent une production d’eau chaude (95°C) qui est stockée et utilisée en interne (ECS, CCH). Leur efficacité de récupération est généralement élevée (au moins 50% de la chaleur fatale émise). Les plus performants incluent un système d’extraction et de filtration des particules fines car les fumées refroidies (50°C) n’assurent plus un tirage convenable et encrassent les conduits. La taille de ces modules est fonction de la puissance des brûleurs. Les plus légers se connectent sur les conduits existants et sont adaptables à tous les fours à soles de boulangerie (puissance autour de 100 kW). Les plus imposants se posent au sol et impliquent une adaptation de la fumisterie. Ils sont conseillés pour les plus gros fours et ceux qui sont disposés en série (puissance supérieure à 200 kW).

Les récupérateurs sur groupe frigorifique

Plusieurs fabricants (comme Boostherm, Ridel Energy, Dalkia froid solutions…) proposent des systèmes de récupération de chaleur fatale émise par les condenseurs des groupes frigorifiques. Certaines sont utilisables en boulangerie et les modèles varient en fonction de la quantité d’énergie récupérable et la performance de récupération (totale ou partielle). Avec une puissance frigorifique de 1 kW (soit une chambre froide positive de 6 m3), on peut espérer chauffer 400 litres d’eau à 55°C par jour, soit une économie de 6000 kWh par an. La solution demeure encore plus avantageuse dans les organisations qui produisent beaucoup de froid (surgélation, conservation, climatisation…) et qui ont de gros besoins en eau chaude (chauffage, nettoyage, lavage…). Elle est d’autant plus pertinente lorsque les équipements frigorifiques sont alimentés par des centrales de froid. Notez que ces travaux de récupération sont référencés dans les opérations standardisées (fiche IND-UT-117) permettant d’obtenir des primes CEE (voir encadré).

Armand Tandeau

QUESTION DU MOIS

Comment fonctionnent les CEE ?

Comment fonctionnent les CEE ?

Les Certificats d’Economies d’Energie (CEE) sont un dispositif de financement mis en place par l’Etat pour soutenir la transition énergétique et la croissance verte. Le système fonctionne sur le principe du « pollueur payeur » : l’État impose aux fournisseurs d’énergie d’inciter les consommateurs (qu’ils soient clients ou non) à faire des travaux d’optimisation énergétique en finançant une partie de l’opération (main d’œuvre et équipements). En échange, ils obtiennent des CEE qui leur permettent de comptabiliser les économies d’énergie réalisées et d’en apporter la preuve à l’administration (ils ont obligation d’atteindre un certain volume de CEE). Plus les économies d’énergie attendues sont élevées, plus les aides fournies aux bénéficiaires sont élevées. Mais chaque fournisseur est libre de son financement (montant, prime ou réduction, mode de versement). Aussi est-il recommandé de comparer les offres auprès de plusieurs fournisseurs d’énergie pour les pro. Le cadre administratif est très réglementé : la procédure administrative doit être respectée à la lettre et les travaux éligibles sont définis avec précision dans les fiches d’opérations standardisées.

Les gros fournils ont tout intérêt à récupérer la chaleur fatale émise dans les fumées et les buées (photo : récupérateur Miwe eco :nova) Miwe

La récupération de chaleur sur les groupes frigorifiques peut être financée (photo récupérateur Boostherm). Bostherm

Les petits modules échangeurs qui se fixent sur les conduits de cheminée constituent une solution simple et efficace (photo : échangeur Raab Gruppe – distrib. MBF-Boulangerie Solution) Ibis MBF

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