À Saint-Pé-de-Léren, c'est la boulangerie qui fait tourner le moulin

L’équipe de la boulangerie Lo Molièr. À droite, Romain Rouvreau, également propriétaire du moulin éponyme.

Le Moulin Lo Molièr, à Saint-Pé-de-Léren, dans les Pyrénées-Atlantiques, vient de reprendre une boulangerie dans un village voisin. Objectif : aller chercher de la valeur ajoutée pour investir.

« Vous savez que la farine rapporte peu », résume Romain Rouvreau, président de la société Lo Molièr. Ce moulin 100 % bio, basé depuis 1895 à Saint-Pé-de-Léren (Pyrénées-­Atlantiques), a tenté un sacré pari en reprenant au début du mois de décembre dernier la boulangerie du village voisin de Carresse-Cassaber, fermée depuis un an. « Les murs appartiennent à la communauté de communes, mais il a fallu trouver cinquante mille euros pour remettre le matériel en état », témoigne Louise Grosset, la meunière. « Cet argent, ce sont des fonds propres parce que les banques ne nous ont pas suivis », regrette le patron. Et l’entreprise ne voulait pas relancer un nouveau financement participatif après celui conclu en juillet 2024 pour améliorer les conditions de travail au moulin.

Comme le détaille le patron, « le moulin est chaque année à l’équilibre. Avec environ cent cinquante tonnes de farines produites par an, il ne dégage pas de quoi financer les investis­sements pour rendre l’activité résiliente ». La meunière ajoute : « En réalité, on voudrait acheter des silos : soixante tonnes de s­tockage pour bien mélanger les blés et avoir une farine plus stable. Mais pour ça, il nous faut de l’argent. »

Alors, quand l’occasion s’est présentée, Romain Rouvreau y a vu une opportunité d’« amener un peu de valeur ajoutée, de moins dépendre des livraisons dans l’ensemble du département. Et de ‘remettre le moulin au centre du village’, de ré-ancrer la production, parce que tous les habitants connaissent untel qui produit le blé, untel qui le transforme, untel qui le vend… »

Une organisation originale

Pour lancer cette nouvelle activité, la société est passée de deux à six salariés (dont le président) et a dû « apprendre un nouveau métier », assure la meunière. « J’ai pris le logiciel Otami, indique pour sa part Romain Rouvreau. Et je travaille avec une boulangère et une boulangère-­pâtissière. Pour ma part, avant de reprendre le moulin, il y a sept ans, j’étais ingénieur dans l’industrie. Donc organiser la production d’une chose que je ne sais pas fabriquer moi-même, je sais faire. » L’équipe a grandi, certes, mais il faut aussi anticiper les absences. « J’essaie de faire en sorte que chacun explique ses process pour qu’il puisse être remplacé le moment venu. Tout cela en restant sur le volet artisanal », explicite-t-il. Par exemple, une demi-journée par semaine, chaque salarié occupe un autre poste que le sien, dans l’idée de pouvoir remplacer son collègue au pied levé.

Romain Rouvreau témoigne : « Pour moi, la partie la plus compliquée, c’est l’humain. J’essaie de mettre en place une organisation originale qui demande pas mal de pédagogie. En plus, je ne suis pas du métier. » Au final, conseillerait-il à d’autres meuniers d’ouvrir leur boulangerie ? « C’est intéressant, ça a du sens, répond-il. Mais il faut être vigilant au contexte. Notamment bancaire. »

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