Depuis le diagnostic de son cancer du sein, en mai 2023, Aurélie Carballo partage son quotidien sur la page Facebook de sa boulangerie. La boulangère de Malause (Tarn-et-Garonne), qui a terminé son traitement en août dernier et repris le travail en septembre, y donne aussi des conseils pour combattre la maladie, toujours avec humour et détermination.
La Toque magazine : Pourquoi avoir opté pour la transparence ?
Aurélie Carballo : Ça fait longtemps qu’on a créé une connexion avec nos clients sur la page Facebook de notre boulangerie, Les Douceurs de Malause. Ils aiment bien suivre nos offres mais aussi nos délires ! Je me suis dit que j’allais partager avec eux le quotidien de ma maladie parce que ça peut arriver à n’importe quelle femme. Si mon exemple amène à prendre conscience qu’il faut se faire diagnostiquer rapidement, tant mieux. Moi, j’ai consulté dès que j’ai senti une boule sous le sein. Si je ne l’avais pas fait tout de suite, les traitements auraient sans doute été plus longs et plus lourds. On est la seule boulangerie de la commune donc on touche beaucoup de monde. Certaines de mes clientes, d’ailleurs, ont pris conscience de la nécessité de se faire dépister, et l’ont fait. Si ça a au moins servi à ça, c’est génial. Ce n’est pas agréable mais il faut y aller !

LTM : Avez-vous dû changer votre organisation face aux traitements, à la fatigue ?
AC : Le fonctionnement de la boulangerie a été ma plus grosse angoisse. Sur le côté médical, j’étais très bien entourée. À la boulangerie, j’ai une vendeuse extraordinaire, Mareva, qui a travaillé beaucoup plus. Et mon mari Sébastien, qui faisait déjà beaucoup, a fait encore plus. Et puis, on a eu des gestes de solidarité incroyables : des clients ont proposé de venir nous aider, la famille… Les collègues boulangers aussi, du Tarn-et-Garonne mais également du collectif La Boulangerie à poil, que nous avions monté contre la hausse des prix de l’énergie. Nous n’en avons pas eu besoin parce que nous avons aussi diminué les plages d’ouverture. C’est une chance, les clients ont compris que nous ne pourrions plus ouvrir l’après-midi temporairement : nous n’avons pas eu de baisse de chiffre d’affaires. Et l’assurance a couvert à peu près la moitié du salaire de Mareva. Être honnête évite aussi les ragots.
LTM : Recommanderiez-vous ces choix aux artisans ?
AC : Ça dépend si les gens vous connaissent bien. Mais c’est difficile de le cacher et il ne faut pas se sentir honteux. Je pense qu’il vaut mieux être transparente parce que les clients vous voient disparaître pendant quelque temps. Ça peut aussi être libérateur et touchant de recevoir des témoignages de soutien. J’ai eu un peu plus de mal lors du dernier jour de travail avant ma première chimio, à voir de la pitié dans le regard des gens. Mais j’ai été flattée, aussi, quand des femmes sont venues vers moi parce qu’elles venaient d’apprendre qu’elles avaient un cancer et qu’elles m’ont demandé des conseils.