Entre le sud des Alpes et la côte ligure méditerranéenne, la région piémontaise est l’une des plus vastes d’Italie. En zoomant sur les provinces de Coni et d’Asti, les collines des Langhes bénéficient d’un climat particulièrement favorable aux vignes, aux truffes et aux noisettes. Depuis sept décennies, la famille Di Canaparo cultive des noisetiers à 45 minutes de route de la ville d’Alba. « Notre village, Cravanzana, a la particularité de produire uniquement des noisettes certifiées Indication Géographique Protégée Piémont delle Langhe », précise Emanuele Di Canaparo. Cette noisette est l’une des meilleures. Sucrée et croustillante, contenant 60 à 70 % d’huile, sa haute qualité se révèle très intéressante en chocolaterie, en pâtisserie et en glacerie.
Emanuele, 45 ans, a pris la suite d’une lignée familiale de nuciculteurs qui ont longtemps vendu le produit de leurs récoltes aux transformateurs. Pour mieux valoriser les noisettes, au début des années 2000, son père Emiliano et sa mère Angela ont commencé à les transformer et à les commercialiser eux-mêmes. Leur entreprise, Nocciole d’Elite, emploie une dizaine de personnes et a développé le marché à l’export en participant avec le ministère de l’Agriculture italien à des expositions internationales.
Une récolte mécanisée
Septembre à Cravanzana est le mois de la récolte des noisettes dans toutes les fermes agricoles. Le bruit et les nuages de poussière des machines qui collectent emplissent les vallons. Au petit matin, Emanuele grimpe à bord de l’un de ces engins, direction sa plantation. Il s’engouffre sous les ramures des bouquets de noisetiers encore feuillus. Les arbustes taillés sont plantés en allées rectilignes, où il fait sombre même en plein jour. Quand les noisettes mûres tombent au sol, la machine les balaie et les aspire. « La récolte est plus efficace par temps sec, et dure entre vingt et trente jours avec deux machines », explique le producteur, qui dispose de 52 ha de parcelles. Nocciole d’Elite produit entre 100 et 120 tonnes de noisettes par an. « Après deux années sèches, cette année 2024 est très pluvieuse, et nous avons à peine vingt pour cent des volumes habituels », précise-t-il encore.
Dans le hangar de stockage de la ferme, de hauts silos contiennent la récolte 2023. Les noisettes ont été débarrassées des déchets végétaux, triées et séchées. Elles sont prêtes pour la transformation. « La variété tonda gentile trilobata a beaucoup de qualités. Entière, elle est sphéroïdale. Une fois grillée, le goût est fantastique. Les arômes se conservent longtemps », relève Emanuele Di Canaparo. Un second bâtiment abrite l’atelier où, toute l’année, 500 kg/jour de noisettes sont toastées à 160 °C, triées et mises sous vide en poches de 100 g à 2,5 kg. Les autres sont broyées en grains, en poudre et en pâte de noisette.