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Alternatives aux pesticides : le desherbage mecanique.
Alternatives aux pesticides : le desherbage mecanique. ©DR

Que signifie blé “sans résidu de pesticides” ?

Les dénominations commerciales revendiquant des produits alimentaires “sans résidu de pesticides” se développent en France, notamment en filière blé-farine-pain. Que recouvre exactement cette appellation ?

De nombreux industriels du secteur de l’agroalimentaire ont lancé ces dernières années des produits présentant la mention “Sans résidu de pesticides” (Bonduelle, Picard, Tipiak, Tramier, Prince de Bretagne, Savéol, etc.). Les labels privés gérés par un collectif de producteurs, tel “Zéro résidu de pesticides” (Nouveaux Champs) ; associé à des transformateurs, comme “Sans résidu de pesticide détecté” (Demain la Terre), sont également en plein développement.

En filière blé-farine-pain, certaines coopératives ou groupements meuniers se position­nent aussi sur ce modèle de production. Ainsi de la certification “Sans résidu de pesticides” de la filière Culture Raisonnées Contrôlée, qui est plus exigeante que ce dernier label seul ; ou des démarches de progrès « vers le zéro résidu » des filières Excellence Semons du Sens (Moulins Soufflet) ou de la Graine au Pain (groupement auvergnat d’agriculteurs, de meuniers et d’artisans boulangers indépendants). S’inscrivant dans la suite logique des blés “sans insecticide de stockage” ou “sans traitement après récolte”, ces productions sont censées être plus strictes concernant le recours aux produit­s phytosanitaires en champs.

Cette troisième voie, entre le bio et le convention­nel raisonné semble offrir un bon équilibre, à la croisée des attentes des agri­culteurs et de celles des consommateurs. Mais de quoi s’agit-il exactement ?

Des seuils comparables à ceux de l’alimentation infantile

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Avec la farine Baguépi Terre de Sens, Moulins Soufflet s'engage vers le zéro résidu. © DR

D’abord, il ne faut pas confondre pesticides et résidus de pesticides. Les pesticides sont des produits phytosanitaires utilisés pour détruire les adventices (herbicides), les champi­gnons (fongicides) et les insectes nuisibles (insecticides), qui occasionnent des pertes économique­s en champs ou après récolte (lors du stockage ou du transport).

Composées d’une matière active biocide et d’excipients divers, ces formulations sont utilisées à un dosage réglementaire (bien inférieur au seuil de toxicité) et dans des situations précises (météorologiques, de dévelop­pement du végétal, en cas de pression de nuisibles, etc.). Les substances biocides présenteraient toutefois une certaine toxicité sur le long terme, à la fois pour l’homme et pour les écosystèmes. C’est pour cette raison que l’agriculture biologique proscrit totalement les pesticides de synthèse (ce qui ne garantit pas l’absence de résidus, voir encadré).

Dérivés des pesticides, les résidus de pesticides recouvrent un cocktail de composés qui comprennent les substances biocides natives, et diverses molécules modifiées sous l’action chimique ou biologique de la lumière, de l’oxygène, de l’eau, de la chaleu­r, des micro-organismes, des plantes cultivées elles-mêmes, etc. Comme ces résidus de pesticides présentent une certaine toxicité et peuvent se retrouver dans nos assiettes, la réglementation européenne a établi des limites réglementaires à ne pas dépasser (limites maximales de résidus [LMR]) ainsi que des procédures normalisées en vue de détecter et de quantifier ces composés en laboratoire. Une liste de molécules a ainsi été définie pour chaque production agricole. Par exemple, pour les salades feuilles, quelque 300 résidus qui sont recherchés ; pour le blé tendre meunier : autour de 550 !

Dans le cas général, pour qu’un produit alimentaire soit déclaré sans résidu de pesticides (SRP), il faut que la quantité de chaque molécule recherchée soit inférieure à 0,01 mg/kg (dit seuil de quantification), ce qui est extrêmement faible et équivalent à ce que l’on trouve dans le domaine de l’alimentation infantile. Ce seuil de 0,01 mg/kg est d’ailleurs 10 et 1 500 fois inférieur à la LMR européenne (selon les substances). Il s’agit donc d’une garantie solide pour les consommateurs, qui justifie l’emploi des termes “sans résidu” ou “zéro résidu”.

Le filet des analyses

Pour que la mention SRP soit crédible, il est impératif que la mise en œuvre des analyses soit solide (échantillonnage, molécules recherchées, procédure d’analyse, performance des équipements, etc.) et confiée à des laboratoires indépendants et accrédités par le Comité françai­s d’accréditation (Cofrac).

Sachant qu’il est impossible de surveiller tous les produits avant commercialisation (au vu du coût et de la complexité des analyses), il paraît assez probable que des lots contaminés (pour diverses raisons) passent entre les mailles du filet.

C’est le constat ef­fectué par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes dans une étude menée en 2018 (et révélée en 2020 par UFC-Que choisir sur une centain­e de produits SRP commercialisés : le seuil de 0,01 mg/kg avait été dépassé pour près d’un tiers des échantillons étudiés !

Sachant que sur l’ensemble des denrées produites sans label ni certification, le dépassement de ce seuil varie autour de 50 %, la filière SRP s’en sortirait moins bien que l’agriculture conventionnelle. L’étude avait fait grand bruit à l’époque. Espérons que des progrè­s ont été réalisés depuis, malgré les turbulences éco­nomiques de ces dernières années.

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