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Une grosse partie de l’impact carbone de la farine et du pain provient du champ.
Une grosse partie de l’impact carbone de la farine et du pain provient du champ. © C. ZOIA

La meunerie sur la piste du bas carbone

Diminuer son empreinte carbone, un enjeu pour les meuniers, des plus gros aux plus petits. Mais en vue d’atteindre cet objectif, plusieurs chemins sont possibles. Tour d’horizon.

Les ambitions affichées par la France sont claires : atteindre la neutralité carbone en 2050 et diminuer de 55 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 en 2030. Si ce défi est loin d’être relevé pour le moment, tous les acteurs sont appelés à apporter leur pierre à l’édifice. Y compris les entreprises spécialisées dans la meunerie. Ainsi Vivescia, maison mère des Grands Moulins de Paris, s’est-elle engagée à diminuer d’ici à 2030 de 42 % les émissions dont elle a la responsabilité directe et de 29 % celles de son “périmètre indirect”.

Il faut dire que, du blé au pain, les moyens de passer en mode bas carbone sont nombreux. Les meuniers peuvent d’ailleurs commencer à se tourner vers… d’autres professionnels. À savoir, les agriculteurs. Comme l’explique Richard Schultz, directeur commercial de Moulin Calvet, basé à Rignac dans l’Aveyron, « quatre-vingt-huit pour cent de notre impact carbone provient de la production du blé en amont de notre activité de meunier » ! Au cœur de la problématique : la fertilisation azotée, qui serait « responsable de quatre vingt pour cent de l’empreinte carbone du blé », selon Moulins Soufflet.

Des filières plus durables

On comprend alors pourquoi, dans l’objectif de réduire l’impact environnemental de leur farine, les meuniers incitent “leurs” agriculteurs à s’améliorer en la matière. De nombreuses filières ont d’ailleurs été lancées avec des obligations en matière environ­nementale, notamment sur l’empreinte carbone. Elles assurent à l’agriculteur une rémunération plus importante, souvent garantie pour plusieurs années. On peut citer Moulins Soufflet (et leur maison mère, la coopérative InVivo) et son initiative Semons du sens : 440 000 tonnes de blé (pas seulement pour la farine) sont concernées. Vivescia a amorcé son projet Transitions avec un soutien financier notable aux agriculteurs qui s’engagent : 100 à 150 euros par hectare et par an. Toutes cultures confondues, deux cents exploitants sont concernés pour la récolte 2024, mais Vivescia espère quintupler leur nombre d’ici à 2026.

Les Moulins pyrénéens promettent 150 km maximum du champ au moulin. Mais attention, local ne rime pas toujours avec durable. (© Photo d’archives C. ZOIA)

Pour sa part, Axiane (groupe Axéréal) a d’abord visé le grand public avec sa farine Cœur de blé, présentée dans les grandes et moyennes surfaces l’an dernier. L’entreprise va plus loin cette année, notamment dans son accord avec Vandemoortele en ajoutant parmi ses critères l’agriculture régénérative — autrement dit les pratiques qui permettent de régénérer naturellement les sols et leur fertilité. La Coopérative agricole Vendée approvisionnement céréales, maison mère de la minoterie Girardeau (Loire-­Atlantique), a de son côté rejoint l’association Pour une Agriculture du vivant, qui pousse vers l’agro­écologie. « Si le blé est produit en bio ou en agroécologie, vous aurez de la farine plus efficace en termes environnementaux », nous confiait en novembre 2023 Jérémie Wainstain, cofondateur de Carbon Maps, entreprise spécialisée dans la mesure de l’empreinte environnementale des produits.

Le panorama ne serait pas complet si l’on n’évoquait pas les meuniers qui ont rejoint Agri-Éthique, un label de commerce équitable français qui prend en compte des critères environnementaux. Parmi les moulins labellisés, les minoteries Planchot (Vendée) et Suire (Loire-Atlantique) ou encore le Moulin Calvet (Aveyron)…

Un nécessaire investissement industriel

Cela dit, la mise en place de filières tracées nécessite des outils industriels adaptés, ayant la capacité notamment d’isoler le grain et la farine dans les lieux de stockage. Ainsi, met en avant son directeur commercial Richard Schultz, Moulin Calvet a investi l’an dernier « dans un silo de vingt-huit cellules de blés ». Il ajoute : « Tous nos silos sont ventilés à froid, ce qui permet de supprimer les insecticides de stockage. » Les blés panifiables “sans insecticides de stockage” sont en effet indispensables pour l’obtention de nombreux labels : Culture Raisonnée Contrôlée, Agriculture Biologique, Label Rouge… Mais grand nombre de meuniers l’ajoutent également à leur cahier des charges. Sans être exhaustifs, on peut mentionner Axiane, les Grands Moulins de Paris ou Etche moulins de Soule (Pyrénées-Atlantiques).

De son côté, il y a tout juste un an, Moulins Soufflet a ouvert à Corbeil-Essonnes (Essonne) un site “ultramoderne” et “plus écologique”. Ses arguments sont ainsi multiples, parmi lesquels “une importante capacité de stockage de blé et de farine”, permettant de garantir la traçabilité des produits, et une “éco­nomie d’énergie électrique de 30 %”.

On le sait, la consommation d’énergie se trouve au cœur des enjeux environnementaux, d’où la mise en place de panneaux photovoltaïques. C’est déjà le cas au Moulin de Sauret (Hérault), où le solaire produit 30 % de la consommation d’électricité. Et ce sera le cas au Moulin Calvet dans deux ans, avec la perspective “d’être autosuffisant à hauteur de 20 %”.

Une logistique optimisée

L’un des derniers points sur lesquels les professionnels peuvent agir est la logistique. Ainsi, beaucoup mettent en avant le fait qu’ils utilisent des farines “locales” : les Moulins Pyrénéens (Arterris [Aude]) promettent, par exemple, “150 km maximum du champ au moulin”. C’est la même distance certifiée par Moulin Batigne (Tarn) pour “la majorité” de son blé. Au Moulin de Rivières (Tarn), il provient à 100 % d’Occitanie.

Attention toutefois, prévient Jérémie Wainstain, certaines régions ont besoin de moins d’intrants pour produire un kilo de blé. Ainsi, pour la même quantité de blé, l’empreinte carbone sera 30 % plus importante en Occitanie que dans les Hauts-de-France. Local ne rime donc pas toujours avec durable ! Les meuniers ajoutent alors d’autres éléments à leur panel, notamment des moyens de livraison moins polluants : trois camions à gaz chez Calvet, deux camions électriques pour Paris intra-­muros chez Grands Moulins de Paris, ou encore des péniches qui apportent 15 % du blé utilisé sur le nouveau site de Moulins Soufflet à Corbeil-Essonnes…

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