L'ambiance du magasin joue un rôle clef sur la qualité de l'accueil, la mise en valeur des produits, la dynamique du personnel de vente et sur l'image que vous renvoyez à la clientèle. Les artisans qui ont entrepris de tels travaux sont unanimes : le chiffre d'affaires repart à la hausse comme par enchantement (+10 % ou +20 % n'est pas rare). Alors pourquoi s'en priver ?
Le risque du fait maison L'idéal est évidemment de faire intervenir une société d'agencement. Cela dit, si votre expert-comptable vous déconseille d'investir parce que vos comptes ne le permettent pas (du moins pour le moment), ne vous résignez pas pour autant. Avec peu de moyens, quelques idées bien senties et un peu d'huile de coude, vous pouvez faire de très belles choses ! Sachez d'emblée que pour 1 000 euros, vous ne pourrez pas tout refaire (carrelage, reprise de maçonnerie, électricité…). Mais le style et l'atmosphère d'ensemble peuvent être radicalement transformés. Et c'est bien là l'essentiel quand on poursuit un objectif commercial ! Si vous n'avez aucun sens esthétique, inspirez-vous des réalisations professionnelles ou faites intervenir un architecte d'intérieur spécialisé. Il peut vous proposer à peu de frais un avant-projet sommaire (maquette) qui tient la route. Et si vous avez deux mains gauches, cantonnez-vous à la peinture et, pour le reste, sollicitez des artisans locaux. Les devis sont parfois plus accessibles qu'on ne le croit. Misez systématiquement sur la qualité (matériaux, finitions, peintures…) et la sobriété (harmonie, mobilier, décor…).
Marketing des couleurs Une rénovation réussie repose sur le bon choix des couleurs. Restez toujours focalisé sur la performance économique (et non sur vos goûts personnels). En effet, chaque couleur véhicule un ensemble d'émotions (voir encadré) qu'il faut savoir exploiter. Par exemple, le bleu (sombre) rassure et apporte de l'autorité, ce qui est intéressant si votre clientèle est exigeante et soucieuse du contenu de ce qu'elle mange. Au contraire, le rouge (vif) éveille l'attention et énergise ce qui peut favoriser l'achat d'impulsion ou l'intérêt pour vos innovations. Il vous faut donc d'abord choisir une teinte principale qui portera l'univers de votre boutique. Elle doit être cohérente avec l'identité que vous voulez renvoyer et être adaptée à votre zone de chalandise (catégories aisées/populaires, hommes/femmes, étudiants/ actifs/retraités…). Pour vous aider à faire votre choix, référez-vous au cercle chromatique (voir illustration) et retenez pour commencer une des six couleurs primaires/secondaires (au centre) en fonction de vos objectifs. Mélangez cette base avec la teinte qui se trouve à côté sur le cercle pour obtenir un ton plus expressif (par ex., un jaune qui vire au vert donne un jaune anis). Vous pouvez aussi l'éclaircir pour plus de peps (les jeunes apprécient les couleurs vives) ou la blanchir pour une ambiance poudrée (les femmes aiment les tons pastels). Vous pouvez au contraire l'assombrir pour un côté plus vintage (pour les quadra/quinqua et les hommes) voire la noircir pour une atmosphère mystérieuse ou plus « classe ».
Harmonie Vient ensuite le travail sur les harmonies, un cap également décisif. À la base, sachez que le blanc pur et le noir sont compatibles avec toutes les couleurs et peuvent accentuer une sensation de transparence/santé pour l'un, de mystère/ expertise pour l'autre. À exploiter donc sans modération sur un pan de mur, le mobilier, les luminaires, etc. Si vous n'avez aucune maîtrise du sujet, quatre solutions simples et hypertendance s'offrent à vous : 1) vous associez des matières naturelles plutôt claires (bois blanc, corde, lin, laiton, inox…) et vous obtenez un univers propice au repos et au bien-être ; 2) vous apportez des matériaux plutôt sombres (bois foncé, cuir, acier, fer forgé, cuivre ancien…) pour une ambiance plus intime et confidentielle ; 3) vous exploitez la couleur complémentaire (celle qui est en face sur le cercle chromatique et/ ou celle qui se trouve juste à côté) pour un rendu original parfaitement agréable à l'oeil ; 4) vous déclinez votre couleur sur un camaïeu de deux ou trois tons pour un résultat classique et raffiné.
Les murs Sachez que vous pouvez faire réaliser votre couleur à moindre coût (et en 5 min) dans la plupart des magasins de bricolage. Pour les murs et boiseries décoratives, préférez une peinture acrylique (sans odeur, nettoyage à l'eau, séchage rapide) lessivable, résistante aux chocs et/ou à l'encrassement. Veillez aussi à bien acheter les pinceaux (fins et larges) et les rouleaux adaptés à ce type de peinture. Privilégiez l'aspect satin pour une ambiance classique et fonctionnelle et mat/velours pour une atmosphère plus confortable. Pour évaluer le budget peinture, comptez au moins deux couches (même si la peinture est dite « monocouche »), soit 2 litres pour 10 m2 (le rendement moyen est de 10 m2/L). Avec une marque de bon rapport qualité/prix, vous pouvez vous en sortir pour 40 € pour 10 m2, sachant qu'un unique pan de mur coloré suffit à donner un esprit contemporain. Protégez ce qui doit l'être (angles, huisseries, plinthes), enlevez les caches des prises et interrupteurs et soignez les finitions (la qualité des détails donne un résultat plus pro).
Peintures techniques N'utilisez surtout pas une peinture murale pour peindre tout et n'importe quoi ! Pour relooker les matériaux spécifiques (bois brut ou peint, mélaminé et stratifié, métaux, carrelage, faïence, PVC…), il existe des solutions étudiées pour adhérer parfaitement au support. Certains produits offrent aussi une résistance particulière à l'ensoleillement (UV), la chaleur et l'humidité ambiante, les projections d'eau, les taches de graisse, la corrosion, l'abrasion… Prenez donc le produit le plus adapté à votre situation quitte à payer un peu plus cher, sinon vous le regretterez plus tard (un revêtement inadapté s'écaille très rapidement). Si vous avez du mobilier (linéaire, étagère) ou des portes à repeindre, optez pour des résines spécifiques résistantes aux chocs et/ou aux taches qui s'appliquent directement sur le support, sans sous couche ni décapage. Pour les surfaces en contact avec les produits alimentaires, utilisez des matériaux inaltérables, lessivables, antitache et non poreux.
Dernière ligne droite L'habillage du linéaire peut aussi être totalement revu et corrigé sans utiliser de peinture. Certains constructeurs peuvent vous le faire, renseignez-vous. En vissant ou en collant diverses plaques (tôles, crédences composites, lames en bois massif, panneaux de bois recouverts de faïence…), il y a moyen d'obtenir un résultat tout à fait convaincant, à condition d'être en mesure de maîtriser parfaitement la résistance de l'ensemble (chocs, rayures) et la qualité des finitions (jointures, angles, vis invisibles…). Sur le linéaire ou un pan de mur, si la faïence vous inspire, il existe des solutions sans colle, étanche et à pose réversible compatibles avec tous les carreaux (par ex. : Cristalgrip chez Leroy Merlin). Pour parachever votre projet et lui donner davantage de cachet, le gros du budget peut être consacré à l'achat des luminaires (au-dessus du linéaire surtout) et du mobilier. Veillez surtout à la cohérence de l'ensemble, sans oublier le public à qui il s'adresse. Les suspensions offrent l'avantage d'apporter un plus immédiatement perceptible sans trop de dépenses (il existe de nombreux produits de bon rapport qualité/ prix). Vous trouverez forcément ce petit truc qui fera toute la différence. Alors, on relève les manches ?
L'univers émotionnel des couleurspar Armand Tandeau (publié le 24 avril 2018)