EN DÉPIT DE LEUR JEUNESSE, AURÉLIE ET FRANK BUCHBERGER ONT SUFFISAMMENT D'EXPÉRIENCE pour assumer leur identité. Alors, quand l'occasion s'est présentée, il y a deux ans, d'ouvrir leur seconde boulangerie à Obernai (67), ils se sont fait confiance. Leur goût pour les décors bruts collait parfaitement aux murs de cette ancienne usine de chaudières. Avec l'agence Moma, ils ont exploité le filon et l'ont complété d'aménagements intelligents.
Un îlot central
On dit souvent que
les produits doivent être les stars du magasin. Ici, ils le sont vraiment, car tout tourne autour d'eux grâce à une vitrine circulaire (Jeka). Il
n'y paraît pas, mais il y a là 20 mètres linéaires
de créations maison
généreuses. En passant la porte automatique, le client tombe sur l'offre snacking (plus de 30 références en tout). Et plus la file d'attente s'allonge (comme tous
les midis), plus il glisse vers
la pâtisserie - soit autant de propositions, dans lesquelles il peut piocher pour constituer un menu (un plat et un dessert, la boisson offerte).
Ensuite seulement vient le pain : les spéciaux (de la gamme Banette) s'alignent sous les yeux, dans un présentoir en escalier ; les
baguettes, amenées par chariot à roulettes, sont glissées dans des encoches aménagées dans le comptoir ; et il y en a encore derrière les vendeuses, dans des niches en bois sur-mesure, qui épousent l'arrondi de l'îlot. Enfin,
la viennoiserie a été placée en zone calme (« Les gens viennent pour cela », explique Aurélie Buchberger) et un bar achève le cercle. C'est là que sont réchauffés les plats le midi, grâce à trois Merrychef. La boucle est bouclée.
De l'accueil
Le piège d'une déco industrielle, c'est qu'elle peut paraître froide. Pas ici. A l'image d'Aurélie et Frank, aussi solaires l'un que l'autre, l'aménagement se révèle chaleureux. Sur les murs de briques rouges sont taggués des messages sympathiques (« Le meilleur moyen de réaliser ses rêves, c'est de se réveiller » ou « 4 h, debout les boulangers ! »). Les fauteuils sont confortables, les tables basses, en forme de lune, s'emboîtent pour s'agrandir à loisir quand arrive un groupe.
Deuxième point fort, la mezzanine ! Grâce à une structure ultra-légère, l'agenceur a réussi à aménager un étage dans la hauteur pourtant limite du magasin (4,30 mètres). Il est habillé de bois brut, ce qui l'abrite des regards, desservi par un double escalier (qui évite
la sensation d'enfermement) et accueille une vingtaine
de places assises. C'est le coin cocon, à l'écart de l'agitation du magasin. Mais pour ceux qui préfèrent être au coeur de l'action, il est également possible de s'installer en bas, soit face à la pâtisserie, avec vue sur le fournil, soit près du pain où les tables hautes sont équipées de tablettes numériques en libre-service. Idéal pour les gens seuls !
Trucs et astuces
En plus de ces aménagements, L' Atelier
des Buchberger compte quelques pépites. Par exemple, la vitrine pâtissière se termine par un présentoir réfrigéré rond, qui tourne
en permanence, attirant l'attention des clients. Sous les escaliers, des étagères exposent les produits
de revente, tout en évitant les chocs dans les marches. Enfin, le plancher de
la mezzanine a été mis à profit dans l'alignement
du comptoir : des encoches en métal permettent d'y suspendre des plateaux afin de présenter, quand la place manque, les produits
secs de saison. Autant d'options qui permettent aux artisans d'afficher tous leurs talents. Car, comme l'affirme Aurélie : « Il faut proposer
du choix. Si les gens ne trouvent pas ce qu'ils veulent, ils vont au supermarché ». Une idée pleine de bon sens... Comme tout le reste !
Cécile Rudloff