La dixième saison de La Meilleure boulangerie de France, l'émission de M6, est diffusée depuis deux semaines maintenant. Au programme des nouveautés de l'émission gourmande : l'arrivée en tant que présentatrice de la cheffe pâtissière Noëmie Honiat (qui a rejoint Bruno Cormerais et Norbert Tarayre), le défi de Norbert, et une nouvelle région : l'île de La Réunion. La Toque Magazine est allée à la rencontre de Noëmie Honiat et de Bruno Cormerais lors de la 17e semaine de tournage, afin d'en apprendre plus sur les coulisses de l'émission.
La Toque Magazine :Le tournage de ce matin était étonnamment rapide, est-ce que cela se déroule toujours comme ça ?
Bruno Cormerais, MOF boulanger : Nous sommes sur la fin et forcément au bout de ces quelques semaines de tournage (17e semaine sur 18, NDLR), il y a des automatismes qui s’installent. Nous posons les bonnes questions, simplement. Ce qu’il faut, c’est apporter un peu d’humour pour décoincer un peu les gens, parce que nous, nous ne sommes pas stressés, mais le boulanger qui nous reçoit n’a pas l’habitude, et puis ça va lui changer la vie. Il y a les caméras et du monde partout alors on essaye de le mettre à l’aise.
LTM : L’augmentation de la demande est systématique chez les boulangers qui passent dans l’émission ?
BC : Oui, même pour les gens qui se trouvaient dans la saison 1. Un boulanger du côté de La Rochelle [Charente-Maritime] qui avait participé à la première saison me l’a dit quand je l’ai recroisé : « Je ne suis plus le boulanger anonyme du quartier, je suis devenu une star ». Certains ont multiplié leur chiffre d’affaires par deux. L’impact est énorme pour l’artisan. Un autre vendait cinquante paris-brest par semaine : après son passage dans l’émission, il est passé à deux mille cinq cents.
LTM : Ce sont les boulangers qui choisissent ce qu’ils vous présentent ?
Noëmie Honiat, cheffe pâtissière : Le produit fétiche n’est pas forcément une pâtisserie ; c’est le produit emblématique de leur entreprise. Nous avons goûté des tourtes, des pains garnis... Hier, nous avons même dégusté des burgers. Ce sont vraiment les artisans qui choisissent ce qui leur ressemble, selon leur histoire et leur pratique. Quelquefois ils se concertent tous dans l’équipe pour le choisir ou pour le créer. Nous ne sommes pas au courant et nous le découvrons en arrivant sur place.
LTM : Si chaque boulangerie propose un produit différent, comment faites-vous pour les choisir ?
BC : C’est le produit qui parle. Nous le savons car nous sommes très techniques tous les deux et nous faisons toujours très attention à ce que nous goûtons. Nous essayons aussi d’aller chercher des choses réalisables en grande quantité.
NH : ... En grande quantité et tout au long de l’année. Nous ne choisissons pas une tarte aux figues, par exemple, car nous savons que la saison va être plutôt limitée à septembre, début octobre. Nous n’allons pas choisir ce type de produit pour ne pas mettre le boulanger en difficulté car, en boutique, nous prenons ce que nous voulons. Bruno et moi avons des goûts différents : lui, c’est plutôt le pain, moi la pâtisserie. Nous sommes complémentaires. Dans une boutique, il arrive que le pain soit magnifique et la pâtisserie en dessous, parfois c’est le contraire. Nous trouvons un équilibre et certains produits nous touchent plus que d’autres. Le but est surtout d’avancer des arguments, de justifier nos choix.
BC : Et puis il n’y a pas que le produit qui compte. L’accueil, la boutique en général… c’est aussi très important.
NH : Ce qui est bien, c’est que nous aidons le consommateur à choisir un bon produit. Aujourd’hui, il va au plus près de chez lui, et c’est souvent dans des grandes enseignes. Avec l’émission, nous mettons en lumière des artisans qui continuent à faire de bons produits. Selon les régions et les boulangeries, nous retrouvons des clients qui soutiennent les boutiques comme des supporters. Le pain et les pâtisseries sont des produits à petits prix qui parlent à tout le monde et à toutes les bourses. Les gens regardent l’émission et se disent “Il faut que j’aille goûter ce produit dès demain”.
LTM : Avez-vous des anecdotes de tournage à raconter ?
BC : Avec celles de cette année, on a dû dépasser les 750-800 boulangeries… Parfois, nous retrouvons des apprentis ou des commis qui sont maintenant des boulangers installés, et c’est vraiment chouette. J’en ai une très sympa. Il y a deux ou trois ans, avec Norbert (Norbert Tarayre, l'un des présentateurs vedette de l’émission depuis 2016, NDLR) nous sommes tombés chez un boulanger de la région Grand Est qui nous a fait un pain à l’eau-de-vie. Mais rien qu’à l’odeur, nous avions déjà la tête qui tourne. Le fou rire nous a pris… nous ne pouvions plus nous arrêter. Devant la télé, les gens devaient penser que nous étions bourrés, alors que ce n’était pas le cas. Nous sommes là pour passer un bon moment, pour nous marrer. C’est d’ailleurs ce qui ressort de l’émission quand on écoute les gens : on se marre bien et ça donne faim.
NH : Nous jugeons le produit de façon bienveillante. Le but global, c’est que l’artisan présente son produit dans de bonnes conditions, qu’il nous raconte son histoire et la raison pour laquelle il a choisi ce métier. Et notre objectif, c’est de nous régaler. Forcément, ça crée des bons moments.
LTM : N’est-ce pas trop difficile de déguster au quotidien autant de pains et de pâtisseries ?
BC : C’est vrai qu’il faut faire attention car nous mangeons quand même beaucoup. Là il est 14 heures, je n’ai pas déjeuné et pourtant je n’ai déjà plus faim.
NH : Nous goûtons les choses mais nous ne les finissons pas… sauf si c’est vraiment un coup de cœur. C’est vrai que nous faisons attention. Sur deux boulangeries dans la journée, ça fait six produits à déguster. À la fin de l’année, ça donne une bonne moyenne… sur la balance aussi.
LTM : Est-ce que vous rencontrez des difficultés particulières lors des tournages ?
BC : Souvent, les difficultés se présentent avant le début du tournage. L’équipe arrive tôt le matin et il y a une appréhension chez les artisans lorsqu’ils voient des gens un peu partout. C’est vrai que ce n’est pas facile. Se dire “Je suis observé, je suis jugé”, ça créé du stress et cela n’est pas simple à gérer. Mais dès qu’ils mettent la main à la pâte, dès qu’ils font leur métier, ils se libèrent.
LTM : Noëmie, vous regardiez l'émission avant ? Vous vous connaissiez, avec Bruno ?
NH : Je regardais les émissions parce que c’est intéressant, et puis qu'il y a de la bonne humeur. Je ne connaissais pas Bruno ; c'est le hasard qui a fait que nous nous entendons super bien. Par contre, j’ai passé le casting de Top Chef avec Norbert, donc on se connaît un petit peu.
