L'idée vient d'Italie : à Naples, il est courant de commander (et payer) deux cafés, mais de n'en consommer qu'un pour offrir le second à une personne qui n'en aurait pas les moyens. Grâce aux réseaux sociaux, le concept a passé les Alpes et fait des émules. Des restaurateurs français se sont mis à proposer le principe du café suspendu… Et des boulangers ont renchéri en l'appliquant à la baguette.
Une mécanique basique La mise en place est simple : il suffit de poser une ardoise près de la caisse pour comptabiliser les baguettes payées d'avance. L'expliquer aux clients exige un peu de pédagogie au début, mais l'initiative trouve la plupart du temps un écho favorable. « Les citoyens sont contents de pouvoir agir au niveau local, sans pour autant faire partie d'une association », affirme Jean-Manuel Prime, qui a créé la page facebook « Une baguette en attente » afin de promouvoir l'initiative. Les clients commandent donc deux baguettes : l'une pour eux, l'autre pour un inconnu. Les produits suspendus sont signalés par des barres sur l'ardoise qui permettent aux personnes dans le besoin de demander leur pain sans honte puisqu'il a déjà été payé. « Les profils des bénéficiaires sont variés, reprend Jean- Manuel Prime. On pense immédiatement aux SDF, mais les personnes âgées qui vivent avec une maigre retraite, les étudiants aux petits budgets et les parents célibataires, sont également en situation de précarité. »
Un geste basé sur l'honnêtetéY a-t-il des « profiteurs » ? Comment savoir à qui donner ? Les boulangers qui ont mis en place la baguette suspendue ne s'en soucient pas. « Je ne peux pas juger qui a le droit ou pas de profiter de l'initiative, estime Noël Capron (voir encadré). C'est une question de confiance. » Une valeur en hausse, comme la générosité, en contexte de crise.
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par Cécile Rudloff (publié le 6 janvier 2014)