Qu’est-ce qui empêche trop souvent un producteur de vendre ses fruits et légumes dans les circuits classiques ? Des défauts de calibre (trop gros, trop petits…), des défauts esthétiques (tâches, forme…) ou simplement une production excédentaire par rapport à ses débouchés. La plupart du temps, leur qualité reste intacte. Faute d’entrer dans les standards, ces produits sont parfois vendus à bas prix à l’industrie agroalimentaire où ils seront transformés en conserves, jus… Mais quand les prix de vente ne couvrent pas les coûts de récolte et de transport, on laisse parfois pourrir ces fruits et légumes au champ ou sur les arbres. A moins de leur trouver un débouché rémunérateur. C’est le pari gagné par les fondateurs d’Atypique, grossiste B to B spécialisé dans les produits déclassés.
Simon Charmette, un fils d’agriculteur scandalisé par le gaspillage, a lancé le concept avec Thibault Kibler en 2021. Leur start-up propose des produits frais 100 % français, dont la majorité répondent à des labels qualité (bio, HVE). « Nous travaillons avec une soixantaine de fournisseurs, de l’exploitation agricole individuelle à la grosse coopérative, présente Thibault Kibler. Ils nous proposent la marchandise qu’ils ne peuvent pas valoriser ailleurs, souvent pour des défauts de calibre. A l’autre bout, nos acheteurs sont des restaurateurs, cuisiniers, traiteurs, petits transformateurs… » Environ 50 références de fruits et légumes sont proposées simultanément chaque semaine. En toute transparence, les producteurs précisent le motif de déclassement des produits, précisent leur calibre et leur poids, envoient des photos. Ces données sont entrées dans un tableur en ligne, auquel les clients ont accès en temps réel. Ils n’ont donc pas de mauvaise surprise à la livraison. « Nous ne rentrons que des produits sains et stockables par l’acheteur, souligne Thibault. Pas de fruits qui ont pris la grêle et vont pourrir en deux jours. »
L’objectif étant à la fois d’éviter le gaspillage et d’offrir une rémunération correcte aux producteurs, ces derniers fixent leur prix de vente, qui est rarement négocié. « Nous payons entre 0,55 et 0,8 € le kilo de pommes déclassées, quand l’industrie paierait 0,19 €, illustre Thibault Kibler. Nous offrons donc des prix plus rémunérateurs, tout en restant plus compétitifs qu’un grossiste classique. L’idée est que nos clients puissent acheter des produits de qualité, pas chers, en sachant d’avance quels sont leurs défauts. Et nous fournissons des visuels pour qu’ils puissent expliquer la démarche à leurs propres clients. »
Poussée de croissance
« En janvier, nous étions deux à vendre deux tonnes par semaine, aujourd’hui nous sommes onze et vendons 20 tonnes par semaine », sourit Thibault. Après Lyon où l’aventure a démarré, un second entrepôt a ouvert en Île de France. Mais en s’appuyant sur les flux logistiques existant, Atypique travaille avec des fournisseurs et des acheteurs de toute la France (à partir d’un minimum d’achat de 100 € dans les régions dotées d’un entrepôt, 200 € ailleurs).
Thibault Kibler cofondateur d'Atypique start up lyonnaise pour la valorisation des fruits et légumes hors norme à la coopérative Les Balcons du Pilat, avec son directeur Olivier Lecoq @ B.Lafeuille
Thibault Kibler cofondateur d'Atypique start up lyonnaise pour la valorisation des fruits et légumes hors norme à la coopérative Les Balcons du Pilat, avec son directeur Olivier Lecoq @B.Lafeuille