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Un plaidoyer pour le miscanthus

Cette graminée géante, hautement productive en biomasse, constitue une très bonne alternative énergétique pour la cuisson en boulangerie. Malheureusement elle reste trop peu connue et les freins à son développement difficiles à lever.

Rares sont les artisans boulangers qui connaissent Miscanthus giganteus. Il se pourrait bien pourtant que le miscanthus compte parmi les énergies renouvelables du futur ! Cette graminée géante est en effet très productive en matières sèches, une « biomasse » utilisable comme combustible de choix pour la chauffe en boulangerie. Cette culture pérenne, comparable au bambou ou à la canne à sucre, présente de très hautes tiges dures et creuses (qui peuvent atteindre 4 mètres de haut !) riches en cellulose et lignine (composés du bois).

La culture idéale

Les cannes poussent en été à partir des rhizomes, sèchent en hiver et se récoltent au printemps à l’aide d’une ensileuse à maïs (qui effectue en même temps le broyage des tiges en copeaux). Cette plante est encore peu connue en France, même si ses débouchés suscitent un vif intérêt dans les secteurs de la construction (bétons allégés, isolants thermiques, panneaux de bois…), de l’horticulture et de la viticulture (paillage du sol), de l’élevage (rumination des bovins, litières pour chevaux) et de l’énergie (biocombustible, transformation en bioéthanol). Les organisations agricoles s’intéressent actuellement à cette culture qui présente de nombreux atouts pour les agriculteurs. La plantation des rhizomes se fait une fois pour 15 ou 20 ans de production. Les récoltes se font chaque année (sauf la première année). Le rendement moyen se situe autour de 13 tonnes de matières sèches à l’hectare (et peut atteindre 20 tonnes dans certaines régions). Le rendement maximal est atteint la 5ème année lorsque le rhizome est parvenu à sa taille adulte. L’investissement de départ, relativement élevé, est rapidement amorti car la production ne requiert quasiment pas d’intrants chimiques et d’interventions mécaniques (si ce n’est pour la récolte).

© DR

Bénéfices écologiques

Sa culture émet très peu de gaz à effet de serre et dépollue même les sols chargés de nitrates et de métaux lourds. Elle est donc particulièrement recommandée dans les bassins de captage en eau potable. Bonus pour la biodiversité : les hautes tiges servent aussi de refuge privilégié pour la faune sauvage. Après récolte, les résidus en place (feuilles séchées, déchets de coupe) constituent un paillis naturel qui bloque la pousse des adventices, favorise la vie biologique, enrichit la couche arable en matière organique et limite l’évaporation de l’eau. Cette capacité à retenir l’humidité est un avantage certain pour cette culture qui a besoin d’eau pour produire les tiges, en particulier les premières années. Après deux ou trois ans, elle tolère plus facilement les épisodes de sécheresse au fur et à mesure que le paillis naturel (ou « mulch ») s’épaissit. Une fois récoltée et découpée en copeaux, la biomasse se stocke sous hangar ouvert, sans précaution particulière. Contrairement à la bûche (qui a besoin de 2 ans de stockage au sec) ou au granulé de bois (qui a besoin d’une étape de séchage), le miscanthus est suffisamment sec pour être brûlé immédiatement après récolte. La livraison en vrac se fait généralement en circuits courts auprès de fabricants spécialisés ou de gros utilisateurs (collectivités, exploitations agricoles, jardineries…). Pour limiter les coûts de transport et de stockage, les copeaux peuvent aussi être compressés en ballots.

Valorisation énergétique

L’utilisation du miscanthus en tant que biomasse-énergie correspond à seulement 30 % des débouchés. Sa valorisation comme combustible de chauffage est pourtant extrêmement intéressante. La matière sèche possède un Pouvoir Calorifique Inférieur (PCI) très élevé, autour de 4,9 MWh/t (ou 4,9 kWh/kg), comparable à celui du granulé de bois de haute qualité (5 kWh/kg) et bien supérieur à celui de la bûche (4 kWh/kg). Le coût du MWh à l’achat (très variable) est surtout bien plus intéressant que l’électricité, le gaz, le bois (bûche ou pellet) et le fioul. Il a tous les atouts pour permettre aux entreprises énergivores de réussir leur transition énergétique. Les experts estiment qu’un hectare de miscanthus équivaut à 5 000 à 7 500 litres de fioul ! Le miscanthus a donc un énorme potentiel commercial. Aujourd’hui, ce combustible est essentiellement produit en circuits courts pour alimenter des chaudières à biomasse pour le chauffage de collectivités. Des applications existent pour les centrales de chauffage urbain et industriel, notamment grâce à des fours à biomasse spécifiquement adaptés (type Dall Energy).

© Fournil de Lavaux

Freins et défis en boulangerie

Les atouts du miscanthus sont peu connus en boulangerie artisanale. Il faut dire que son exploitation en tant que combustible de chauffe doit relever trois défis majeurs :

1. l'alimentation des brûleurs depuis les silos de stockage est source de pannes fréquentes (colmatage, blocage) ;
2. la combustion produit de grands volume de cendres (qu’il faut évacuer en continu) ;
3. la combustion forme (par sintérisation) des agglomérats durs qui encrassent les brûleurs.

Le premier frein est résolu avec les granulés de miscanthus, élaborés à partir de copeaux. Avec une densité plus élevée, ces « agropellets » circulent plus facilement dans les conduits et les vis sans fin. Mais le prix est plus élevé et la filière de production et de distribution est quasi-inexistante encore. En s’adossant à celle des pellets de bois, la filière pourrait rapidement progresser.

Eco-innovation

Les contraintes liées à la combustion pénalisent également le développement de cette biomasse énergie. Certaines solutions semblent néanmoins prometteuses, comme celle de Termocabi, un constructeur italien qui a développé une gamme spécifique de brûleurs pour agropellets (gamme SPL de 25 à 1000 kW). Ces équipements mobiles ont le gros avantage d’être adaptables sur les fours à bois (romain, à gueulard, à sole tournante…) et à gaz/fioul (à tubes annulaires). Des solutions fiables existent donc, mais demandent encore à se déployer sur des modèles de fours spécialement conçus pour la combustion de copeaux ou de granulés de miscanthus. Ces équipements pourraient trouver également preneurs dans les régions où certains déchets de production (noyaux de fruits, coques de noix/amandes, sarments de vigne…) ne demandent qu’à être valorisés. Les constructeurs ont devant eux un vaste champ d’innovation !

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