Pour bannir le plastique des emballages alimentaires, la bonne volonté ne suffit pas. Il faut aussi des solutions, et qui ne soient pas pires que le problème initial. L’une d’elles est issue d’une matière première locale, naturelle et abondante : le lait.
A partir d’une protéine laitière - la caséine - l’entreprise Lactips, dans la Loire, fabrique des polymères à la fois des biosourcés et biodégradables. Autrement dit, ils sont fabriqués à partir d’une matière première naturelle et renouvelable ET capables de se désintégrer rapidement et proprement dans la nature. Deux caractéristiques qui ne vont pas toujours de pair : certains « bioplastiques » issus de végétaux ne sont pas biodégradables (si ce n’est au bout de plusieurs années).
Soluble dans l’eau
Avec de la caséine, des extraits végétaux et de l’eau, Lactips fabrique et commercialise le Caretips®, un granulé thermoplastique qui pourra être transformé industriellement (fondu, gonflé, extrudé, injecté…) pour fabriquer de petits objets plastiques, des films, des étiquettes adhésives, ou encore être enduit sur du papier d’emballage. Son atout propreté ? « Il est soluble dans l’eau, même froide, explique Flavie Bancel, business développer chez Lactips. Notre produit est désintégré à 100 % en 15 jours et bioassimilé à 98 % en 28 jours. S’il est mélangé à d’autres bioplastiques, il va accélérer leur temps de dégradation, qui pourra passer de deux ou trois ans à quelques mois. Et s’il est enduit sur des emballages papier, il ne polluera pas les eaux de recyclage car il sera bioassimilé par les microorganismes. »
Produits secs
Enduit sur des papiers d’emballage, il les rend scellables et fait barrière à l’oxygène, aux graisses et aux huiles minérales, pour une solution 100 % sans plastique. Ces emballages seront réservés aux produits secs et gras comme le thé, les confiseries, les gâteaux apéritifs, le chocolat… Les utilisations possibles sont encore plus vastes : des étiquettes adhésives pour les bouteilles en verre sont en cours de développement avec des partenaires. Le matériau Lactips est en effet imprimable, et sa solubilité dans l’eau favorise le réemploi des bouteilles, souvent freiné par la question des étiquettes.
Zéro déchet
Si la solution Lactips est commercialisée depuis 2014, l’aventure a pris un virage industriel à la fin 2021 et les perspectives de croissance sont importantes. La production actuelle est de 1 500 t de granulés par an, mais le nouveau site industriel a la place de produire 10 000 tonnes. Avec 33 kg de lait nécessaires pour produire 1 kg de Caretips®, un certain nombre de vaches seront mises à contribution… Mais la caséine ne devrait pas être disputée au marché de l’alimentation humaine, au contraire. « L’industrie laitière consomme plus de matières grasses que de matières protéiques, ce qui fait de la caséine un coproduit assez disponible », souligne Flavie Bancel. Le process de transformation de Lactips ne fabrique quant à lui aucun coproduit ni déchet.
