Du blé La Faites de la bio ! à la Minoterie Suire

L’agriculture biologique traverse aujourd’hui une période d’incertitude. Les statistiques sont formelles : la production et la consommation bio connaissent en France un net ralentissement. Selon l’Observatoire société & consommation (OpSoCo), la part des personnes n’ayant pas consommé de produits alimentaires bio sur un an a quasiment doublé entre 2022 et 2021*.

Côté production, même constat : la bio est devenue moins attractive pour les agriculteurs. Entre 2021 et 2022, le secteur céréalier enregistre, par exemple, un recul à hauteur de 53 % du nombre de producteurs engagés en bio depuis moins de un an et une chute de 39,4 % des surfaces en conversion**. L’inflation sur les prix de l’énergie et de l’alimentation est évidemment invoquée, mais l’OpSoCo relève aussi un déficit de notoriété et de crédibilité des labels bio en France.

Le recul du passé

C’est dans ce contexte national fragile que Bertrand Girardeau, dirigeant de la Minoterie Suire, à Boussay (Loire-Atlantique), a convié ses clients et partenaires le 28 juin dernier autour de la Faites de la Bio ! L’objectif était bien de rassurer et de redynamiser le réseau, alors que le meunier (32 millions d’euros [M€] en 2022, 44 000 t de farines produites, 800 clients) enregistre aussi des turbulences à son échelle.

« Avec un recul de la bio en 2022, il était important de repartager le goût du beau et du bon et de redire notre fierté du travail effectué depuis quarante-quatre ans, a-t-il souligné. La Minoterie Suire fait partie des entreprises pionnières de la bio, puisque notre démarche remonte aux années 1980 alors que la bio était encore perçue comme une niche pour marginaux utopistes. Ce recul du passé nous amène à rester confiants en l’avenir car ce mode de production s’inscrit sur une tendance bien plus solide qu’il n’y paraît. Offrant le meilleur compromis entre producteurs et consommateurs, cette filière répond aux attentes du marché et de la société et dispose encore de bonnes marges de progression en France », a ensuite expliqué Bertrand Girardeau, qui revendique un positionnement de long terme ancré dans une histoire et dans un territoire, bien loin des stratégies financières opportunistes qui vont sur la bio quand le vent leur est favorable.

Une promesse d’avenir

Lors de cette journée festive et conviviale, le meunier a réuni près de 200 clients boulangers et plusieurs partenaires historiques, comme le Synabio (syndicat des entreprises de la bio), la coopérative agricole Vendée approvisionnement céréales (Cavac, groupe coopératif régional) et Biofournil (boulangerie bio industrielle).

Les conférences et animations organisées ont permis d’aborder une grande diversité de sujets : état du marché de la bio, atouts écologiques, bienfaits des farines de meules, histoire du moulin, engagements et certifications responsables, entretien des meules de silex, etc. Damien Gasnier, directeur du moulin, a relevé que la filière blé-farine-pain résiste mieux que les autres productions, du fait qu’elle est portée par la dynamique goût et santé des farines de meules, des céréales anciennes ou de la panification au levain. La filière est aussi plus résiliente, car elle bénéficie encore d’un potentiel de croissance (sur le total du blé tendre écrasé en France, la bio ne représente que 4 %, alors que ce taux avoisine les 6 % dans l’offre alimentaire générale).

Charles Pernin, délégué général du Synabio, est revenu pour sa part sur la dernière étude de la Cour des comptes, qui montre que la production bio a un impact positif sur l’environnement. La visite du moulin a permis, enfin, de découvrir l’originalité du procédé de mouture, qui repose sur une technique ancestrale (lire encadré). Rassurés et réconfortés, les invités sont repartis plus motivés et confiants que jamais. La boulangerie bio n’a pas dit son dernier mot !