« Et si l’on pouvait offrir un pain en cadeau aux amis, comme on offre un bon vin ou un bouquet de fleurs ? », s’est un jour interrogé Roland Icard, un passionné de pains et un spécialiste des produits de niche. Ce retraité vauclusien, habitant de Grillon, a regroupé différents talents dans son association Deltalab. Benjamin a créé des flyers publicitaires, l’ingénieur DAO* Jean-Paul était à la conception des outils et Stéphane expert en protection industrielle. L’objectif de leur initiative bénévole : mettre au point une miche de pain à l’ancienne, à l’allure évoquant la tradition templière de leur territoire. Près de chez eux Richerenches est l’une des plus anciennes commanderies des Templiers de Provence. Elle fait partie de l’actuelle Enclave des Papes, comme Grillon, Valréas et Visan. Pour mémoire, après la Révolution française, les habitants de ces quatre communes ont décidé de rester rattachés au Vaucluse alors que leurs villages se trouvaient géographiquement dans la Drôme.
Vous suivez ?
Le quatuor d’inventeurs s’est tourné vers Joshua Bonnel, artisan boulanger à Visan. « Au printemps 2022, Roland Icard me présente leur projet du créer Le Pain des Templiers, qui soit un emblème de l’Enclave des Papes, un produit de niche à offrir. J’avoue que j’étais sceptique, au départ. Mais, je n’avais pas non plus envie de rater une occasion », raconte Joshua, 26 ans. Le boulanger élabore donc sa recette d’une pâte au levain fermentée 24 heures dans des tourtières, durant la nuit, à 10°C. Il a déjà l’habitude de travailler ses baguettes au levain.

Suciter la curiosité des clients
« Avant de cuire, je place les croix qu’ils ont créé au Deltalab avec leur imprimante 3D. Je protège le pâton avec un polymère pour que la forme ne colle pas. A mi-cuisson, je retire la croix et quand les pains ont refroidi, dans le creux j’applique au pinceau un colorant alimentaire rouge ». Les miches sont ensuite mises en valeur dans le magasin, sur un présentoir spécifique lui aussi créé par le fab-lab de Grillon. Joshua Bonnel prépare ainsi tous les jours 2 à 3 commandes de Pains des Templiers. Ils sont vendus 6 euros pièce dans leur emballage papier spécial, décoré de la croix de l’ordre des Templiers. Le week-end, s’il en fabrique hors commande, il est certain de vendre ces grosses miches qui se conservent trois jours, bien emballées. Sa clientèle a été curieuse, puis a adhéré.
« La marque et le modèle sont déposés, précise Roland Icard qui imagine aider Joshua à créer des licences de son pain. Il existe en France une centaine de villes liées à l’ordre des Templiers. Le secteur de la boulangerie étant très concurrentiel, le Pain des Templiers peut permettre à des artisans de se démarquer et mieux gagner leur vie », milite le retraité.

*DAO : dessin assisté par ordinateur