Actualités
Hectar est un établissement privé, à la différence de beaucoup de lycées agricoles, qui sont publics.
Hectar est un établissement privé, à la différence de beaucoup de lycées agricoles, qui sont publics. © Hectar

Campus agricole Hectar : une passerelle vers l’entrepreneuriat

Créé par l’homme d’affaires Xavier Niel et par Audrey Bourolleau — sa directrice actuelle — Hectar a ouvert ses portes en septembre 2021. Cette structure d’enseignement agricole privée ne délivre aucun diplôme. Son objectif est d’accompagner le projet d’installation de futurs agriculteurs sur le plan économique, principalement des adultes en reconversion professionnelle.

Former les agriculteurs de demain. Voilà l’objectif ambitieux du campus Hectar, ouvert depuis deux ans à Lévis-Saint-Nom, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Paris. Pour Audrey Bourolleau, créatrice du site avec Xavier Niel, et directrice, le constat est sans appel. « Nous sommes confrontés à un important défi : en France, 160 000 exploitations sont à reprendre d’ici à trois ans. Il faut former la prochaine génération, expliquait-elle lors de la présentation du projet. Pour les nouveaux entrants qui ne seront pas dans un schéma de transmission familiale, la marche va être très haute. Il est nécessaire de leur fournir des modèles qui tournent économiquement, soient socialement justes et durables. Ce que nous voulons leur donner, c’est vraiment une posture de chef d’entreprise agricole. »

( © Sylvain Leurent)

Le programme phare de la structure est donc la formation d’adultes souhaitant se reconvertir dans l’agriculture.

Autre constat : la France doit redévelopper sa souveraineté alimentaire. D’où l’intérêt de limiter les exportations, de valoriser les productions agricoles dans l’Hexagone, de favoriser le local et les circuits courts, ce que promeut aussi le lieu via ses formations.

Le modèle du campus est inspiré par l’École 42, créée en 2013 à Paris par Xavier Niel, qui forme gratuitement de jeunes développeurs informatiques. Diplômée d’une école de commerce, Audrey Bourolleau a, quant à elle, d’abord travaillé dans le secteur viticole. Puis elle a rejoint en 2016 l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron. Après l’élection présidentielle, elle a été chargée des questions agricoles à l’Élysée jusqu’en juillet 2019.

Audrey Bourolleau et Xavier Niel se sont associés via une société, S4H, détenue à 51 % par Audrey Bourolleau et à 49 % par NJJ Exclusive, la holding personnelle du fondateur et principal actionnaire d’Iliad (Free). C’est cette société qui détient le site de 600 ha, dont 350 ha de forêts, 250 ha de cultures et une centaine d’hectares de prairies.

Si le projet a créé quelques remous dans le milieu de l’enseignement agricole classique, certains établissements y voyant une concurrence directe, sa ligne directrice est pourtant différente : « Il ne s’agit pas d’une formation technico-économique classique, précise Valérie Fuchs, en charge de la communication. Mais nous accompagnons les futurs agriculteurs, qu’ils soient fille ou fils d’agriculteurs, apporteurs de foncier, ou non issus du milieu agricole, ceux que dans notre jargon nous appelons les Nima, une grande part des personnes qui passent chez nous. L’objectif, via ce cursus baptisé Tremplin, est de les aider à valider leur projet professionnel au regard de critères économiques, environnementaux, sociétaux. Tel porteur de projet souhaite mettre en place une activité de volailles à la ferme, par exemple. Nos accompagnants vont l’amener à se poser les bonnes questions, à établir un cadre : est-ce que je vends en circuits courts, à une coopérative ? Est-ce que je travaille à plein temps ou est-ce que je prends un salarié ? Notre approche est vraiment entrepreneuriale », insiste Valérie Fuchs, qui précise que certains cursus sont adaptés à de futurs salariés agricoles.

Une formation spécifique pour les femmes

Hectar est un établissement privé, là encore à la différence de beaucoup de lycées agricoles, publics. La sélection des apprenants se fait sur dossier. Les formations durent entre quatre mois et un an en fonction de leur disponibilité. Il y a une part d’enseignement en présentiel mais la majorité est en distanciel. Le coût est de 2 500 € en moyenne, en général financé par Pôle emploi ou par un fonds professionnel, à défaut par une bourse d’étude.

Des cadres du secteur agricole ou para-agricole suivent également certains cursus. Dans ce cas, le coût de la formation est pris en charge par leur entreprise. Le campus a même développé une formation dédiée spécialement aux femmes. Baptisée Farm’Her, de l’anglais farm pour ferme, her comme elle, farmer pour agriculteur. Son objectif est de les aider à développer leurs compétences entrepreneuriales, relationnelles, sociales ; à affirmer leur place et leur statut, alors que la féminisation de la profession va croissant.

Une centaine de personnes ont suivi l’un des cursus proposé par Hectar sur la période 2021-2022, le même nombre en 2022-2023. Avec les start-up, les groupes de visite, environ 2 000 personnes passent sur le campus chaque année.

L’équipe sur place — administrative, encadrants, salariés de l’exploitation agricole — compte 25 personnes. Hectar explique pouvoir faire appel à 150 spécialistes pour intervenir sur des sujets précis dans le cadre du cursus. Le campus ne délivre aucun diplôme. Si l’apprenant souhaite continuer dans la voie agricole, il est en général amené à passer un brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BP REA), après une formation dans un établissement agricole traditionnel.

Proposer un nouveau modèle de production

Comme tout établissement agricole classique, Hectar possède sa propre ferme d’application, gérée suivant des pratiques précises. La partie cultures de 250 ha est en transition vers le bio* et applique les principes de l’agriculture régénérative : limitation au maximum du travail du sol pour le préserver, recours à des couverts végétaux, rotation des cultures et mise en place d’engrais verts, agroforesterie avec plantation d’arbres pour améliorer la capacité du sol à absorber l’eau. Les cultures sont classiques, blé, orge, colza, etc. Les récoltes sont vendues, comme sur une exploitation agricole « normale » à des coopératives du secteur.

Le campus a été créé sur une exploitation agricole existante, qui a été rachetée par S4H, société détenue à 51 % par Audrey Bourolleau et à 49 % par NJJ Exclusive, la holding personnelle de Xavier Niel. ( © Sylvain Leurent)

Alors que sur l’exploitation préexistante sur le site, il n’y avait pas d’élevage, celui-ci a été introduit afin de coller à un modèle d’agriculture résiliente. L’atelier lait est constitué de 60 vaches laitières en agriculture biologique sur 60 ha de prairies, en pâturage tournant dynamique. La conduite du troupeau fait appel aux techniques les plus récentes, les bêtes sont équipées de colliers connectés pour détecter notamment les chaleurs et les modifications de comportement. Les travaux sur les prairies sont externalisés.

Quelque 200 000 litres de lait sont transformés par an en yaourts (120 t/an) et en fromages (8 t/an). Les yaourts sont vendus à des cafés, hôtels et restaurants via une structure commerciale. L’idée est de voir si ce modèle peut répondre aux aspirations des jeunes en termes de temps de travail, et s’il est viable pour un éleveur avec deux salariés.

Pour mettre en place ce modèle économique, là encore, les responsables d’Hectar sont partis d’un constat : afin d’assurer le renouvellement des générations dans les élevages, il faut ramener de la valeur par la transformation. Avec un objectif : proposer un nouveau modèle de production, reproductible, qui assure une viabilité économique, préserve l’équilibre de vie de l’éleveur, le bien-être animal et l’environnement.

* La période de conversion de l’agriculture conventionnelle à celle en bio, est de trois ans.

À lire également
Les sélections de la quatrième édition du concours Un des Meilleurs apprentis de France chocolaterie-confiserie s’ouvrent à Metz, ce mardi 16 septembre 2025.

Concours

MAF chocolaterie-confiserie 2025 : les sélections régionales débutent

Après Metz, qui accueillera les sept candidats en compétition pour représenter la région Est ce mardi 16 septembre, la sélection pour le concours du Meilleur apprenti de France chocolatier-confiseur se...

Innovation

Nouveauté de la rentrée : Banette lance le suisse cookie !

En cette rentrée, la marque Banette a choisi de marier deux incontournables : « la rencontre parfaite entre le moelleux d’un suisse pépites et le croquant d’un cookie pépites de chocolat ».

Agenda

Carrot cake

Le carrot cake, pâtisserie moelleuse et épicée, est parfait pour les goûters d’automne. Jonathan Chauve, chef pâtissier Weiss, propose sa version de ce mets emblématique anglo-saxon.