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De nombreux moulins et coopératives s’intéressent aux énergies renouvelables, notamment au solaire, encouragés en cela par une technologie mature, le photovoltaïque.
De nombreux moulins et coopératives s’intéressent aux énergies renouvelables, notamment au solaire, encouragés en cela par une technologie mature, le photovoltaïque. © Samuel Faber

La meunerie face au défi climatique

Les meuniers s’impliquent toujours plus dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les solutions mises en œuvre sont variées et plus ou moins impactantes selon les cas. Panorama des meilleures stratégies “du champ au moulin”.

Les démarches industrielles visant à réduire l’empreinte environnementale en filière blé-farine-pain s’inscrivent dans la stratégie nationale bas-carbone (SNBC), feuille de route de la France pour atténuer l’impact des activités humaines sur le réchauffement climatique.

La SNBC fixe notamment l’objectif d'une neutralité carbone en 2050. À cette date, les émissions et absorptions anthropiques d’origine humaine devront se compenser. À l’échelle nationale, il s’agit donc de mettre en œuvre les meilleures solutions pour réduire la production de gaz à effet de serre (GES) et intensifier leur récupération et leur stockage dans le sol, que ce soit par des méthodes naturelles (gestion des forêts, des prairies et des terres cultivées) ou industrielles (capture et stockage du carbone).

Évolution sectorielle des émissions de gaz à effet de serre en France depuis 1990. (© DR)

La particularité agricole

En France, l’agriculture tient la deuxième place en matière d'émissions de GES (19 % du total), derrière le transport (31 %), l’industrie manufacturière (18 %), le secteur résidentiel et tertiaire (18 %) et celui de l’énergie (10 %). L’originalité du secteur agricole tient au fait que les GES sont variées et regroupent à la fois le dioxyde de carbone (CO2) pour 13 % — produit essentiellement par combustion (carburants, gaz) ; le méthane (CH4) pour 45 % — produit surtout par l’élevage (fermentation intestinale, déjections) ; et le protoxyde d’azote (N2O), pour 42 %, provenant en majorité de la fertilisation des sols (engrais chimiques ou organiques).

L’agriculture et la sylviculture ont aussi la particularité de pouvoir stocker le carbone, notamment via un enrichissement de la matière organique du sol. Alors que la plupart des secteurs sont incités à réduire leurs émissions de carbone (en baissant leur consommation d’énergie et en sortant des énergies fossiles), l’agriculture dispose d’une feuille de route particulière, avec trois axes prioritaires : l’agroécologie, l’agriculture de précision et la transition énergétique. Dans tous les secteurs, et a fortiori en agriculture, il est important d’évaluer le bilan carbone sur l’ensemble de la chaîne de valeur, sans omettre les émissions indirectes liées au périmètre des producteurs et fournisseurs (le scope 3 dans le jargon des normes techniques).

L’agriculture de conservation pousse le machinisme agricole à innover (ici herse étrille Treffler avec semoir automatique). (© A. TANDEAU)

Agriculture bas-carbone

S’agissant de la filière blé-farine, la start-up Carbon Maps propose une approche novatrice pour modéliser les émissions de GES depuis le champ jusqu’au moulin. Elle parvient à la conclusion que la production d’un kilo de farine de blé génère 700 g d’équivalent CO2 et que 80 % de ces émissions sont directement imputables à la culture en champ. La fertilisation (notamment chimique… mais aussi organique) en constitue la source majeure, sans compter que la fabrication d’engrais chimiques nécessite de grandes quantités d’énergie (gaz surtout).

Pour sortir de la dépendance aux intrants chimiques et aux énergies fossiles, elle recommande d’aller vers les techniques agroécologiques de régénération (ou de conservation) qui visent à entretenir un sol vivant et fertile à l'aide de diverses approches (couverts végétaux, travail mécanique limité, rotations, haies, agroforesterie…).

Les rapprochements récents de Vivescia (Grands Moulins de Paris) avec Sols Vivants (fondation Earthworm) ; mais aussi d’InVivo (Moulins Soufflet), d’Agri-Éthique ou de la Coopérative agricole Vendée approvisionnement céréales ([Cavac] Minoterie Girardeau) avec l’association “Pour une agriculture du vivant” soulignent une volonté des meuniers de progresser sur le sujet.

Le modèle coopératif renforcé

De manière contre-intuitive, les modélisations de Carbon Maps montrent aussi que l’approvisionnement des moulins en circuit court n’est pas forcément décisif car le transport du blé (par camion, le plus souvent) a un impact climatique bien moindre que sa culture. Autrement dit, il vaut mieux faire venir du blé demandant moins d’intrants depuis des terres fertiles un peu plus éloignées du moulin que de se fournir juste à côté auprès d’exploitations gros consommatrices d’azote !

Si la provenance locale apporte une contribution minime sur le volume des GES émis, il n’en reste pas moins que la structuration de filières à dimension régionale est à encourager, en renforçant notamment le rôle des coopératives, garantes des référentiels techniques et de la dynamique agroécologique sur le territoire.

De nombreuses coopératives se sont d’ailleurs mises en route pour diminuer leur empreinte environnementale (Arterris, Océalia, Cavac, Scara, notamment). À l’aide d’un outil de diagnostic carbone simplifié permettant aux agriculteurs d’évaluer les émissions de GES et le potentiel de stockage de carbone dans le sol, Vivescia a lancé en septembre une campagne de réduction de 20 % des GES d’ici 2030 (en mobilisant 1000 agriculteurs sur ses 7000 adhérents sur les trois prochaines années).

Transition énergétique au moulin

À l’échelle du moulin ou de l’organisme stockeur, il est aussi possible d’agir sur plusieurs leviers, notamment en ciblant les carburants et l’énergie (mécanisation, refroidissement des silos, etc.). Pour décarboner le transport par camion, la Minoterie Forest a remplacé le gazole routier par de l’huile de colza français grâce à un partenariat avec Oleo100.

D’après l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), ce biocarburant assure une baisse de 60 % de l’empreinte carbone par rapport au gazole sur l’ensemble du cycle de vie. Concernant l’énergie, l’électricité française (relativement décarbonée) a de sérieux atouts… si ce n’est son prix.

Ce n’est pas un hasard si actuellement de nombreux moulins et coopératives (comme Euralis, Girardeau, Minoterie Vallée du Céor) s’intéressent aussi aux énergies renouvelables, notamment au solaire, encouragés en cela par une technologie mature — le photovoltaïque — et une nouvelle législation cadre (loi n° 2023-175 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables).

D’autres actions à l’impact mineur peuvent aussi être instaurées : le tri des déchets, le compactage et le recyclage des cartons-plastiques, la valorisation des issues du blé, le tri des blés à réception, ainsi que la réorientation des grains cassés et des pailles vers la biométhanisation…

Et au fait, votre meunier, que fait-il pour la planète ?

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