Les prix de vente des matières grasses ont beaucoup augmenté alors que la quantité de crème produite en France est en diminution. Un contexte « favorable » au développement de pratiques frauduleuses. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a donc effectué une enquête afin de vérifier si la loyauté de l’information était respectée chez les différents opérateurs.
Les contrôles concernaient les procédés de fabrication, la composition, l’étiquetage — donc les allégations portées sur les produits. Au total, 129 établissements ont été inspectés : exploitations agricoles, artisans, industriels, fromagers, crémiers, boulangers-pâtissiers, négociants, importateurs.
Teneurs en eau, en sel, en matières grasses...
Les analyses révèlent un taux de non-conformité de 18 %, tandis que 29,5 % des établissements contrôlés étaient en anomalie. Principaux problèmes : une utilisation de matières grasses laitières autres que la crème et non autorisées pour certains types de beurre de qualité, un déficit en sel pour des beurres salés ou demi-sel, une teneur en eau trop élevée par rapport aux seuils réglementaires, une utilisation de mélanges de beurres ou de beurres recyclés pour des produits bénéficiant d’un qualificatif indiquant leur supériorité.
Concernant l’étiquetage, des anomalies ont été découvertes, induisant des pratiques commerciales trompeuses :
- une teneur en eau trop élevée : le règlement de l’Union européenne fixe à 16 % la teneur en eau maximale que peut contenir un beurre. Celle-ci, si elle est trop élevée, altère la qualité des produits ;
- un déficit en sel : la quantité de sel dans les beurres n’est pas réglementée mais les professionnels ont élaboré un code d’usage pour les dénominations “beurre salé” (teneur en sel supérieure à 3 g/100 g) et “beurre demi-sel” (entre 0,8 et 3 g de sel/100 g) ;
- des allégations fausses sur les étiquettes des produits, telles que les signes de qualité. Un exploitant agricole utilisait ainsi la mention “fermier” alors que seule 26 % de la crème utilisée venait de l’exploitation. Le complément était acheté auprès d’un grossiste. Il a dû retirer la mention abusive.
- le recyclage et le retour de rebuts. Une laiterie a été épinglée pour avoir réutilisé des beurres mal emballés en les réincorporant dans les fabrications de beurres de qualité supérieure ;
- l’utilisation de la matière grasse issue du lactosérum à la place de la crème. Certains fabricants indiquaient dans la liste d’ingrédients, qui figure sur l’étiquetage, de la crème alors qu’ils utilisaient de la matière grasse de lactosérum (petit-lait) ;
Cette enquête a permis de relever que les non-conformités se retrouvent aussi bien chez les producteurs agricoles que chez les industriels. Elle a donné lieu à trente avertissements, principalement pour des teneurs en eau trop élevées et des étiquetages non conformes. Sept injonctions de remise en conformité ont été notifiées et un procès-verbal d’infraction pénale a été rédigé pour destruction de scellés.