Implantée depuis 1843 à Binic-Étables-sur-Mer, dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), la Minoterie du Bocage jouit d’une position centrale en Bretagne. Rachetée en 2012 par Bertrand Girardeau (alors que le moulin était à l’arrêt depuis un an), l’entreprise a été relancée grâce à l’appui des Moulins Associés. Aujourd’hui, avec cinquante tonnes de farines par jour et dix références, sa production n’a jamais été aussi élevée et diversifiée.
L’origine, vecteur de croissance
De lourds investissements ont été régulièrement injectés pour moderniser l’outil de production, augmenter sa capacité d’écrasement et renforcer l’accompagnement des clients. Citons par exemple un centre de formation en 2019 (qui accueille près de 850 artisans boulangers par an), un vaste bâtiment logistique en 2021 ou encore une ligne d’ensachage automatisée cette année.
Avec un chiffre d’affaires en forte croissance et un portefeuille de clients relativement équilibré (entre artisanat, industrie et grandes et moyennes surfaces), la Minoterie du Bocage compte bien progresser encore, notamment sur les marchés de la boulangerie artisanale et de la petite industrie régionale (riche des ses biscuiteries, crêperies, pâtisseries de spécialités, etc.).
Pour se démarquer face à la concurrence des grands groupes meuniers, Nicolas Raguenet, responsable du moulin, sait que l’origine et la qualité des blés est une force, en particulier en Bretagne. Il a aussi conscience que ses best-sellers (comme l’Hermine, la Florenn ou la Bigoud’Ic) fleurent certes bon le terroir breton mais ont un sérieux handicap : le blé vient principalement des Pays de la Loire (il est toutefois garanti 100 % français).

Un défi agroalimentaire

Nicolas Raguenet et Bertrand Girardeau se sont donc lancé un nouveau défi : relancer et structurer une filière céréalière bretonne pour alimenter le moulin en blé tendre, en épeautre et en seigle. « La Bretagne n’est pas une terre de culture céréalière [environ 5 % de la production nationale pour le blé tendre, NDLR], reconnaît le directeur général des Moulins Associés, Bertrand Girardeau. Mais un marché existe, en particulier pour des filières durables, qui intéressent la petite industrie régionale et la boulangerie artisanale. La faible part de blé breton dont nous disposons actuellement — cinq pour cent du volume total — part pour la biscuiterie, qui revendique cette origine. Conscients du potentiel régional des céréales bretonnes, poursuit-il, nous avons défini de nouvelles ambitions pour les cinq ans à venir : atteindre cent tonnes d’écrasement par jour — soit quatre-vingts pour cent de la capacité du moulin —, écraser une part significative — vingt ou trente pour cent — de blés cultivés en Bretagne et travailler à cent pour cent en filières vertueuses — Culture Raisonnée Contrôlée, Label Rouge, Agriculture Biologique, etc. — dont soixante pour cent en contrats triennaux Agri-Éthique », souligne Bertrand Girardeau. La Minoterie du Bocage poursuit donc son envol avec les ailes des Moulins Associés et ses racines bretonnes.