Organisée à La Rochelle les 6 et 7 novembre derniers par l’Association des anciens élèves des écoles des métiers des industries céréalières (AEMIC), la 74e édition des Journées techniques des industries céréalières (JTIC) a fait le plein, avec mille visiteurs et quatre-vingts exposants. Cette année, les organisateurs ont toutefois voulu donner une nouvelle dynamique à ce salon annuel en invitant la profession à partager ses défis, dans une perspective élargie à la fois sur l’amont et sur l’aval. À suivre les conférences (une dizaine), nul doute que les enjeux transversaux : décarbonation de la filière, traçabilité des blés, végétalisation de l’alimentation, tolérance des pâtes, ingrédients de panification, etc. étaient bien au cœur du programme.
Décloisonnement des métiers
Cette volonté d’ouverture était portée par la voix de son président, Olivier Duvernoy. « Sur le terrain, les meuniers sont en contact étroit avec leurs fournisseurs de blés et leurs clients boulangers, a-t-il expliqué. Mais les instances de la meunerie sont longtemps restées éloignées du monde agricole et de la boulangerie-pâtisserie. Chacun restait dans son métier, avec ses défis propres. Auparavant, on ne se posait pas non plus de questions sur l’avenir, a-t-il poursuivi. Aujourd’hui, la meunerie est confrontée à des défis vitaux qui impliquent des réponses transversales. Il faut donc inventer des passerelles entre les métiers et des occasions de se rencontrer pour avancer ensemble. »
L’enjeu du végétal
« Par exemple, a-t-il illustré, la filière blé-farine-pain a longtemps été concentrée sur le blé tendre. Aujourd’hui il y a des opportunités sur bien d’autres céréales, pauvres en gluten ou non panifiables, et même sur d’autres graines apparentées, comme les légumineuses. Le boulanger, le meunier et l’agriculteur doivent y répondre collectivement. Il se trouve que leurs cultures jouent en faveur de la transition agroécologique et que leurs farines sont intéressantes sur le plan nutritionnel et digestif. On peut ainsi très bien imaginer des produits de boulangerie de plus haute valeur pour la santé, le bien-être, la planète et l’économie de la filière ! »
Vitrine de l’innovation
Au cœur du salon, les projets de R&D ont été particulièrement mis en lumière, avec la toute première Vitrine de l’innovation. Les produits et services primés illustrent bien cette stratégie d’ouverture, avec Clara Godard (jeune ingénieure agronome), 1er prix du jury pour la baguette Trilogie, qui couvre les besoins nutritionnels de la journée ; et Jean-Philippe Fasquel (société Originall), 1er prix du public pour le process Détente instantanée contrôlée qui permet de déshydrater de nombreux végétaux pour les transformer en farines à la saveur préservée. L’édition 2025 à Auxerre (du 15 au 16 octobre) devrait transformer l’essai !