Certaines entreprises ont vu ou voient leur chiffre d’affaires fluctuer de façon importante. L’évaluation d’entreprises comporte toujours une part d’incertitude. Cette crise sanitaire et économique ne fait que l’accentuer. Certaines sociétés vont réussir à rattraper les pertes occasionnées par cette crise, mais pas toutes.
L’un des principaux enjeux des prochains mois va être de mesurer l’impact de l’épidémie de Covid-19 sur la valeur des entreprises, puisqu’à ce jour nous n’avons pas assez de recul et encore aucune référence nous permettant d’en estimer les impacts.
Les effets de la crise sanitaire
Chaque société réagit différemment en fonction des caractéristiques qui sont propres à son modèle économique.
Nous retrouvons trois types d’entreprises :
> Les entreprises qui ont particulièrement bien résisté à la période du premier confinement et qui résistent toujours au second. Pour ces entreprises-là, leur modèle économique est confirmé. Il sera donc fort probable de constater une augmentation non négligeable de leur valorisation.
> Les entreprises qui ont enregistré une forte baisse de chiffre d’affaires à chaque confinement, mais dont le redémarrage se fait à chaque fois sans trop de difficultés. Pour celles-ci, la crise est gérée correctement et les financements de restructurations ont été mis en place. Il est donc fort probable que leur valeur demeurera stable, ou baissera dans des proportions raisonnables.
> Et enfin, les entreprises qui ont subi une très forte chute de leur activité et dont le redémarrage est lent, compliqué et coûteux. Pour celles-ci, le modèle économique doit être repensé afin d’assurer leur pérennité. Il est donc fort probable que leur valorisation va se trouver dégradée, et ce, pour une assez longue période.
Comment valoriser l’entreprise dans cet environnement ?
En tout premier lieu, il va falloir effectuer un auditapprofondi de l’entreprise : ses risques et ses opportunités, ses forces et ses faiblesses, son environnement interne et externe, son modèle économique et ses perspectives de rentabilité... mais pas seulement.
Il faudra aussi analyser ses orientations stratégiques futures et son modèle de développement. Tout doit être mis à plat et analysé avec rigueur. Avant la crise, la méthode patrimoniale (c’est-à-dire liée au passé de l’entreprise) et celle par comparaison étaient les plus fréquemment utilisées. Désormais, celle de l’actualisation des flux futurs de trésorerie devrait être privilégiée afin de tenir compte de la récession et de la reprise. Cette méthode d’évaluation repose sur le principe que l’entreprise vaut davantage par son futur que par son passé ou son présent !
Les entreprises devraient même disposer de deux scénarios de prévisions financières: l’un favorable et l’autre défavorable. Ces analyses seront également très utiles dans les dossiers de financement, car les banques vont avoir besoin de visibilité et de sécurité, ayant elles-mêmes leurs propres contraintes et ratios à respecter. n
Stéphanie Pizzutti