Rencontres
Chef pâtissier et boulanger, Yvan Masset a bâti son entreprise sur la mise en valeur des qualités nutritionnelles et du savoir-faire boulanger.
Chef pâtissier et boulanger, Yvan Masset a bâti son entreprise sur la mise en valeur des qualités nutritionnelles et du savoir-faire boulanger. ©Alexie VALOIS

Au Comptoir du Pain, le credo est la nutrition

Chef pâtissier originaire d’Annecy en Haute-Savoie, Yvan Masset a créé avec son frère Ulrich Le Comptoir du Pain. Passionné de qualité nutritionnelle, il s’applique à y concocter des recettes délicieuses et saines.

À Seynod en Haute-Savoie, à l’heure de l’après ski, le parking du Comptoir du Pain ne désemplit pas. Au Treige, une ancienne ferme convertie en commerces de bouche, les clients viennent se restaurer après une journée sportive en montagne. Ils s’arrêtent chez le « boulanger, pâtissier, viennoisier et snackeur » Yvan Masset pour grignoter un gâteau de voyage, un sandwich cuisiné et acheter des pains au levain. Idem dans sa seconde boulangerie, située rue Georges-Martin à Annecy, où tout est fait maison ! Et il y tient ! Le chef pâtissier est devenu un boulanger soucieux de la santé et du bien-être de sa clientèle. Il prône l’importance de fabriquer un pain à Haute Valeur Nutritionnelle.

Yvan et son frère Ulrich Masset sont originaires d’Annecy. « J’y ai fait mon apprentissage. Il ne s’y passait pas grand-chose et, mon maître d’apprentissage revenant de Paris, il m’a encouragé à quitter la région. » Yvan l’écoute, si bien qu’après l’armée et quelques expériences, il postule pour un poste de chef pâtissier à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique Sud. Il a 23 ans et la mission de fabriquer, sous les tropiques, de la pâtisserie métropolitaine…

© Alexie VALOIS - Gourmand, le pain Ma. Da. composé de blé, de seigle et de céréales est l'un des best-sellers du Comptoir du Pain.

Moins de sucre, moins de sel

© Alexie VALOIS - Cinq sandwichs sont proposés et mis en vitrine. Ils changent chaque semaine.

« J’ai réappris mon métier et peaufiné mon savoir-faire. Il n’y avait là-bas personne pour me sauver de mes erreurs ! J’ai rouvert des bouquins. En travaillant beaucoup les glaces, j’ai réappris la composition des matières premières et à décomposer toutes les recettes. La glacerie est très formatrice puisqu’on doit stabiliser l’eau en permanence. Aujourd’hui encore, je continue à décomposer toutes mes recettes au kilo de masse, cela me donne des pour mille et me permet de baisser le sucre. »

La réinstallation dans leur ville natale des frères Masset remonte à 2005. Yvan veut monter son propre commerce avec son frère Ulrich, formé en école de commerce et ancien de chez Pierre Hermé. Le chef pâtissier d’Annecy se forme auprès du boulanger qui lui a vendu le fournil de la rue Georges-Martin. Puis le Meilleur ouvrier de France et ambassadeur du pain François Pozzoli le coache, à Lyon. « Il m’a expliqué les plages de température et les acidités des différents levains, et il corrigeait les défauts des pains cuits que je lui apportais. » Le Comptoir du Pain s’est rapidement taillé la réputation de commercialiser des produits de qualité.

Des farines grasses de préférence

© Alexie VALOIS - Gourmand, le pain Ma. Da. composé de blé, de seigle et de céréales est l'un des best-sellers du Comptoir du Pain.

Yvan Masset est attentif à tous les ingrédients. Il a tout d’abord utilisé les farines de la Minoterie Dupuy Couturier de Saint-Étienne (Loire). « Depuis deux ans, nous travaillons avec Sébastien Mignot qui a repris la minoterie Brivot à Saint-Yan[Saône-et-Loire]. Le moulin à eau sur l’Arconce – une rivière qui se jette dans la Loire – fait tourner les meules. Il propose des assemblages de farines pur blé, bien grasses avec les germes de blé. Comme nous sommes livrés toutes les semaines, la conservation ne pose pas problème ». Les boulangeries d’Annecy et de Seynod cuisent environ 400 kilos de pains par jour.

« N’étant pas boulanger de métier, j’ai été interpelé par la quantité de sel dans le pain. » Il lit à ce sujet un rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments indiquant que le pain est l’aliment qui apporte le plus de sel au quotidien. « Nous avons choisi de baisser d’un coup de vingt pour cent le taux de sel. Pour conserver la saveur, j’ai rencontré un saunier de Batz-sur-Mer [Loire-Atlantique] qui nous livre son sel gris à la riche palette aromatique. J’ai fait installer un purificateur d’eau qui enlève le chlore injecté sur le réseau, ce qui évite de faire dégénérer le levain », précise-t-il.

Des sandwichs-repas

Côté salé, Yvan Masset voulait aussi se distinguer et « mettre du savoir faire dans [ses] fabrications». Il y a dix ans, il embauche Morgan, un cuisinier qui souhaite tenter une nouvelle expérience. « Avec la diététicienne Amandine Maître, nous avons élaboré une gamme de sandwichs équilibrés, à la viande, au poisson ou végétariens. » Les quantités y sont dosées : 80 g de légumes de saison crus, cuits ou mélangés ; 50 g de produits protéinés et 20 g de fromage maximum. La mayonnaise est remplacée par des purées de légumes et des vinaigrettes. Ces sandwichs-repas sont montés dès 4 heures chaque matin, entre 100 et 150 portions pour les deux boutiques. L’offre de cinq sandwichs cuisinés change chaque semaine.

« L’alimentation est le carburant qui nous fait avancer, elle participe au bien-être », assène celui qui regrette la malbouffe « omniprésente » et l’obésité qui touche même les enfants. Yvan Masset a un projet ultralocal avec Michel, un ami paysan. « Nous aimerions faire pousser nos propres légumes sur l’une de ses parcelles, en maraîchage sur sol vivant. J’ai remonté tous mes achats de légumes sur une année, et nous travaillons dans ce sens », explique le pâtissier-boulanger qui, depuis longtemps, cultive une passion pour le jardinage. 

© Alexie VALOIS - Chef pâtissier et boulanger, Yvan Masset a bâti son entreprise sur la mise en valeur des qualités nutritionnelles et du savoir-faire boulanger.
© Alexie VALOIS - Le magasin de Seynod comprend à l’étage un très vaste labo, boulangerie et pâtisserie.
À lire également

Rencontres

Des Amaretti de Haute-Savoie : Amaretti Lafon

Deux amis bretons, implantés depuis dix ans en Haute-Savoie, ont lancé une recette légère d’Amaretti colorés. Ces entrepreneurs misent sur l’originalité de leur gâteau qui a déjà séduit le chef lyonnais...

L’équipe de la boulangerie.

Rencontres

Sara et Michaël : « Des bons produits, faits maison, à des prix justes »

Sara et Michaël Weyland ont repris il y a dix-huit mois une boulangerie dans une commune rurale de Moselle. Aujourd’hui la réputation de la petite affaire est telle que ce sont des citadins qui se déplacent...

Antoine Caillon dans son fournil.

Rencontres

Antoine Caillon cuit son pain au feu de bois

Dans son fournil Du Levain et des Mains à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, dans le Var, Antoine Caillon a choisi d’utiliser un four à bois. Il en explique les avantages et les contraintes.