Rencontres
Dométhilde.
Dométhilde. © B. Lafeuille

Dométhilde : pour la beauté du geste

Après des études de pâtissière-chocolatière, Dométhilde a bifurqué. Photographe, elle immortalise désormais l’attention portée par les artisans à toutes les étapes de la fabrication de leurs produits.

Après des études en pâtisserie-­chocolaterie et quelques mois de salariat dans une grande maison bien connue des Lyonnais, Dométhilde a troqué son tablier contre un appareil photo. Elle combine désormais ses deux passions, mettant souvent son talent au service des artisans boulangers, pâtissiers et chocolatiers. Cachée derrière son objectif, elle capte la noblesse d’un geste artisanal répété à l’infini.

© B. Lafeuille - Dométhilde.

LTM : Une chocolatière qui devient photographe, ce n’est pas banal… Quel est ton parcours ?

Dométhilde : J’aimais beaucoup la pâtisserie et le chocolat, alors j’ai fait la totale ! CAP pâtisserie mention complémentaire chocolaterie, puis CAP chocolaterie, et enfin un BTM chocolateri­e en alternance. Entre-temps, j’ai fait une césure en partant au Canada avec mon appareil photo. À mon retour, en août 2020, j’ai créé mon entreprise photo tout en continuant à travailler en chocolaterie. Mais je m’ennuyais dans une grande maison où les tâches étaient assez répétitives : j’ai démissionné. Depuis deux ans, je ne vis que de la photo… et je ne m’ennuie plus jamais !

LTM : Quelle est ton approche de la photographie ?

D. : Je ne veux pas reproduire ce que je voyais quand je travaillais en chocolaterie. Quand un photographe venait, c’était à nous de nous adapter à lui et nous perdions une demi-journée de travail. Quand je viens faire un reportage photo, c’est moi qui m’adapte à l’artisan : lui ne change pas sa façon de travailler. Je shoote en me faisant oublier ; comme ça, je ne le dérange pas et je photographie la réalité de son travail, tout est naturel. Bon, je lui demande parfois de décaler un objet qui est au milieu du plan de travail ou de répéter un geste un peu plus lentement… Mais globalement, je le laisse dans sa bulle jusqu’à la fin de la séance, qui se termine avec quelques portraits.

LTM : Tu fais aussi du shooting de produits : comment cela se passe ?

D. : Comme pour le reportage photo, la prise de contact se fait via un questionnaire détaillé. Puis on s’appelle pour discuter. Pour un shooting produits, j’envoie ensuite un projet détaillé avec des croquis présentant la mise en scène que j’imagine, les achats éventuels à effectue­r… Je fais tout valider par l’artisan, mais je prends en charge la partie photo de A à Z. Le jour prévu j’arrive avec tout, j’installe tout : lui n’a qu’à apporter ses produits — il a suffisamment d’autres choses à gérer au quotidien avec son entreprise…

LTM : Qui fait appel à toi ?

D. : Beaucoup de boulangers, pâtissiers, chocolatiers, restaurateurs en vente à emporter, mais aussi des céramistes et des fleuristes… Ils ont souvent besoin de photos pour faire vivre leur site web et alimenter les réseaux sociaux, d’autant que certains n’ont pas de boutique physique. D’autres sortent des catalogues deux ou trois fois dans l’année. Ils peuvent également afficher des photos dans leur boutique ou créer des cartes de visite, voire des petits stickers à apposer sur certains produits. Le reportage photo peut être fait une fois par an, les shootings produits plus régulièrement, en fonction de leur renouvel­lement : 70 % de mes clients sont récurrents. Et comme j’ai gardé plein de contacts dans le milieu et que je me rends encore sur les salons pour voir les nouveautés, j’en discute avec eux, je leur ouvre mon carnet d’adresses… J’aime créer du lien et de l’entraide !

LTM : Quand ils te contactent, savent-ils précisément ce qu’ils veulent mettre en image ?

D. : Rarement ! Mais ils me contactent après avoir vu mes photos, donc adhèrent à leur style, très épuré et lumineux. Ensuite, le questionnaire et l’échange téléphonique en amont me permettent de cerner leurs attentes. Je pose beaucoup de questions : quel est leur produit phare, qui sont leurs clients, ce qu’ils aiment, ce qu’ils veulent mettre en avant… Je regarde aussi les photos qu’eux-mêmes ont déjà faites : même peu artistiques, elles me donnent une idée de leur univers. Toutes ces informations m’aideront à orienter le choix de la mise en scène et des couleurs, pour que les photos révèlent leur identité propre. Parfois, ils me demandent ensuite mon avis sur la maquette de leur page web et je leur donne des idées. Mon objectif est qu’ils soient contents !

© DOMETHILDEPHOTOGRAPHIE - Un geste d'artisan immortalisé par Dométhilde.

LTM : Au-delà des produits, tes photos mettent en valeur l’humain…

D. :Oui, il est hyper important de recentrer le regard sur celui qui crée le produit. Le reportage photo sert à cela. Derrière la porte où nous allons chercher notre pain ou notre gâteau, il y a un artisan et son équipe qui y ont mis tout leur cœur et leur savoir-faire. Avant d’arriver au produit, il y a des centaines d’heures d’apprentis­sage, et un soin particulier apporté à chaque étape de fabrication. Il faut le montrer ! Parfois, en voyant les photos, les artisans eux-mêmes prennent davantage conscience de la beauté des gestes qu’ils accomplissent tous les jours. Et pour les nombreux artisans en reconversion profes­sionnelle, le reportage photo est aussi un moyen de raconter leur histoir­e.

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