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Consommation Tout sur... les Français et le pain

Le premier volet d'une étude sur la relation qu'entretiennent les Français avec le pain vient de sortir. Conclusion : c'est un produit à part, qui se raconte, se vit, se ré-invente... Un aliment pour tous au fort potentiel affectif.

Sous l'égide de l'Observatoire du pain, le premier volet de la grande étude socioanthropologique sur « Les Français et le pain » vient de rendre ses conclusions, après que 700 personnes aient été interrogées. Les résultats sont à la fois surprenants et rassurants, car ils démontrent que notre population entretient un lien très fort avec ce produit, un lien teinté de dépendance, d'affection et de plaisir…

« Cette étude nous a permis de donner du sens aux rapports existant entre les Français et le pain, a souligné Richard Pottier, professeur d'anthropologie à la Sorbonne (Paris), qui a suivi les travaux. Tous deux sont comme un vieux couple : ils ont tissé au fil de l'Histoire une relation étroite, parfois conflictuelle, mais au bout du compte, ils ne peuvent se passer l'un de l'autre ! »

Le scientifique a montré comment un objet de consommation devenait un objet de désir… « et une stratégie de vente crée du sens quand elle s'appuie sur le désir ».

Toujours une histoire à raconter

Abdu Gnaba, docteur en anthropologie et sociologie comparative, chef d'orchestre de cette grande enquête avec son équipe, a insisté dans sa présentation sur le fait que les « muets du pain n'existent pas ». Explication : tous les interviewés ont eu une/leur histoire à raconter sur le pain. Et même des consommateurs plus qu'irréguliers se considèrent comme mangeurs de pain !

« A la différence de tous les autres produits, le pain est plus qu'un aliment, a-t-il précisé. Frais, chaud, vivant, nomade : les qualificatifs ne manquent pas pour le définir. Associé à la convivialité, il n'est jamais ringard, même auprès des jeunes. Lié à une consommation de tous les jours, il est adapté à tous. »

Le spécialiste a établi un comparatif avec notre ADN, en cela qu'il réunit trois fonctions : narrative, symbolique et identitaire.

- « La première découle de l'héritage que nous avons tous reçu au sujet du pain : souvenirs d'enfance, habitudes familiales…

- la seconde repose sur des représentations multiples – le pain = “C'est l'heure de manger”, il se mange seul ou en compagnie ; il est passé d'un besoin à un désir ; il est aujourd'hui associé à une bonne alimentation…

- et enfin, la troisième renvoie à l'attachement à un pays ou une région, à des traditions, au passé, au savoir-faire ancestral… tout en étant « ré-inventé » en permanence », a expliqué avec brio Abdu Gnaba.

Des profils complémentaires

Au bout du compte, l'enquête a permis de déterminer six profils de « mangeurs de pain », soit autant de repères pour comprendre les habitudes de consommation :

l'authentique n'aime pas le changement. Plutôt traditionnel, il mange du pain à tous les repas et habite plus souvent à la campagne ;

• le nomade sait s'adapter : plutôt urbain, il harmonise sa consommation de pain avec son rythme de vie ;

l'errant n'a pas de la culture du pain, « une pâte comme une autre ». Il est la proie de la malbouffe et a perdu le lien avec le passé ;

le déphasé pense comme un authentique mais agit en décalage, en se projetant sur « plus tard » et en consommant peu de pain au final ;

• l'hédoniste est jeune, urbain et se fie à son goût en privilégiant le plaisir, la santé, le goût, la diversité. Il a donc un rapport moderne au pain ;

• le bipolaire a un comportement plus en pointillé et n'a pas de ligne de conduite stricte quant au pain.

Précieuses, toutes ces données peuvent guider les artisans boulangers pour concevoir leurs assortiments de pains en magasin. En revanche, il serait appréciable de les doubler de données quantitatives pour avoir une image plus réelle du marché. D'après Abdu Gnaba, cela s'annonce difficile car en fait, les profils décrits évoluent sans cesse entre eux ; aucune frontière imperméable ne les sépare. Pour en savoir plus, rendez-vous pour la publication de l'ensemble des travaux dans un ouvrage qui sera publié dans quelques mois.

par Anne-Laure Chorand

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