La valeur du blé peutelle être dissociée de son prix ? C'est l'hypothèse formulée par la coopérative agricole Cavac, en Vendée (85). « Depuis quelques années, les financiers se sont approprié le cours du blé, explique Ludovic Brindejonc, directeur général d'Agriéthique, l'une des filiales de la Cavac. Or, cette spéculation ne profite ni à l'agriculteur, ni au meunier, ni à l'industriel ou au boulanger. » Au contraire, la volatilité des cours entraîne, d'après lui, une insécurité stressante pour les professionnels de l'agro-alimentaire.
Des engagements durablesPour pallier ce problème, la coopérative propose une alternative : le blé « Agri-éthique ». Son prix est fixé pour trois ans, en fonction des coûts de production des agriculteurs adhérents. Ainsi, les professionnels concernés par le prix de cette matière première peuvent envisager l'avenir avec plus de sérénité. Une visibilité qui devrait leur permettre – c'est le pari de la Cavac – de mieux planifier leurs investissements et de créer des emplois. Au-delà de l'engagement tarifaire et humain, le blé « Agri-éthique » est également porteur de valeurs « vertes ». Les agriculteurs qui le produisent s'engagent à mettre en place des actions « permettant un gain environnemental sur l'eau, l'air ou les sols ». Des arguments importants pour séduire des clients de plus en plus sensibles à l'origine locale des produits et au développement durable.
Une communication originale Le succès d'une telle initiative dépend évidemment de la pertinence de sa communication. Pour accompagner son lancement, le 20 juin dernier, par une conférence de presse parisienne, la Cavac a officialisé les affiches humoristiques qui la feront connaître du grand public. En complément, un site internet (www.agriethique.fr) permet aux clients d'en savoir plus et d'encourager leur boulanger à adhérer. Enfin, une plaquette en trois volets et des PLV sont proposées aux boulangers, ainsi que des logos à apposer sur les produits commercialisés en GMS, pour les industriels. La Cavac ne compte pas s'arrêter là. Elle espère donner, par son initiative, des idées à d'autres coopératives pour que le blé « Agriéthique » s'étende géographiquement. Elle souhaite même, rapidement, appliquer son concept à d'autres matières premières, comme le lait ou la viande. Une idée séduisante, qui pourrait plaire aussi bien aux professionnels qu'à leurs clients !
? Où en est la démarche « Agri-éthique » ? Nous en sommes au début : mi-juillet, 116 agriculteurs et cinq meuniers ont signé leur contrat d'engagement. Les boulangers sont en cours de recrutement, alors que les premiers blés sont récoltés. Les réactions sont très positives, c'est encourageant. |
par Cécile Rudloff (publié le 27 septembre 2013)