Dans la continuité de plusieurs travaux sur la question alimentaire, les rapporteurs ont souhaité mettre en lumière la complexité de la problématique alimentaire, l’évolution de l’offre et de la demande alimentaire dans le contexte de la crise sanitaire, la façon dont sont conduites et suivies les politiques publiques de l’alimentation, le développement foisonnant de l’information alimentaire, les inégalités qui marquent cette problématique centrale et l’impact du marketing sur les consommateurs mais aussi la question fondamentale de l’éducation à l’alimentation dans le cadre scolaire.
Une alimentation marquée par des déséquilibres
Si le régime alimentaire des français est considéré comme varié et plutôt équilibré, il reste trop riche en sucre, en sel, en produits alcoolisés et masque de nombreux déséquilibres ;
• La consommation de sel est supérieure aux quantités quotidiennes recommandées de 8 g pour les hommes et 6,5 g pour les femmes ;
• La part de produits transformés qui atteint 30% des produits consommés ;
• Des apports en fibres (20 g/j en moyenne chez les adultes) trop faibles par rapport aux recommandations de l’Anses (30 g/j) ;
• 54 % des hommes et 44 % des femmes de 18 à 74 ans étaient en surpoids ou obèses ; chez les enfants de 6 à 17 ans, la prévalence du surpoids est estimée à 17 % dont 4 % d’enfants obèses.
Evolution des facteurs de problèmes de santé
Répartition en moyenne nationale de la prévalence de l’obésité par régions
Diversifier et végétaliser l’alimentation quotidienne
Comparaison de paniers alimentaires pour une famille de 4 personnes
Parmi les propositions :
• Dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, entreprendre la révision du réglement sur l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires de 2011 afin de rendre obligatoires les informations relatives à l’origine géographique des produits alimentaires.
• Assortir les Projets alimentaires territoriaux d’un référentiel d’évaluation mesurant l’atteinte des objectifs formulés lors de la création du PAT, au moyen d’indicateurs de réalisation d’impact.
• Établir un calendrier de négociation et une méthode permettant de mettre en œuvre rapidement les engagements volontaires sur des seuils limite de nutriments, en prévoir les indicateurs d’évaluation et, en cas d’échec, introduire une reglementation des seuils de sucre, de sel et de gras dans les produits agro-alimentaires.
Accompagner et donner un avenir à nos agriculteurs
• Un tiers des agriculteurs a plus de 55 ans ;
• Un revenu mensuel moyen de 1160 € qui masque de fortes disparités ;
• La France importe 20 % de son alimentation, un fruit et légume consommé sur deux et les deux tiers des poissons consommés ;
• Il faudrait rémunérer les services environnementaux rendus par les agriculteurs et promouvoir des financements complémentaires valorisant les pratiques vertueuses ;
• Il faut mobiliser l’effort de recherche pour mettre à disposition des agriculteurs des variétés végétales plus résilientes, moins sensibles aux aléas climatiques et aux insectes ravageurs, afin de pouvoir réduire les traitements par les produits phytopharmaceutiques.
Redonner un ancrage territorial ausystème alimentaire
• La demande de produits locaux et durables est croissante depuis 5 à 6 ans et s’est renforcée pendant la crise sanitaire ;
Réduire la consommation d’aliments àprofil nutritionnel défavorable
• La France a récemment renforcé les obligations d’étiquetage sur la provenance de certains ali-
ments ;
• La démarche des projets alimentaires territoriaux est un succès mais le fonctionnement doiten être amélioré.
Source : WWF 2017 Redonner un ancrage territorial au système alimentaire
Réduire la consommation d’aliments àprofil nutritionnel défavorable
• L’industrie agroalimentaire doit modifier ses recettes pour limiter les teneurs en sel, en sucre et en
graisses saturées ;
• La consommation de produits ultra-transformés se situe entre 31 et 36 % voire 46 % pour les
enfants.
Diversifier et végétaliser l’alimentation quotidienne
• Une quantité de protéines, en moyenne 40 % trop importante ;
• Une nécessaire augmentation des fruits et légumes, de légumineuses, de graines et de fruits à coques ;
• Trop de protéines animales et pas assez de protéines végétales.
Pour donner une meilleure visibilité et un suivi des politiques publiques à améliorer, la proposition :
• Fusionner les Plan national nutrition santé et Programme national pour l’alimentation et les intégrer dans la Stratégie nationale de santé en établissant des priorités, des objectifs chiffrés et des indicateurs de suivi et d’évaluation.
Parmi les autres propositions :
• Réaliser une véritable évaluation du Nutri-Score intégrant des indicateurs et en particulier les catégories de consommateurs qui s’y réfèrent, leur répartition territoriale, sa diffusion par produits.
• Évaluer la qualité alimentaire des produits passés de la notation D/E à A/B, dans le cadre d’une sélection aléatoire annuelle.
• Prévoir l’affichage du Nutri Score dans les distributeurs automatiques de produits alimentaires.
• Renforcer les campagnes de prévention de l’alcoolémie par une communication sur la dimension alimentaire de l’alcool, en y soulignant notamment la proportion de sucre et le risque lié au diabète et d’autres maladies.
• Mettre en œuvre l’action « Janvier sobre » en 2023 avec le soutien des pouvoirs publics et de Santé publique France.
L’ ensemble du rapport et des propositions sur le site de l’Assemblée nationale :