Durant deux jours, ils n'ont rien lâché. À tel point que Gaëtan Fiard, premier chef de partie au restaurant Le Diane de l'Hôtel Fouquet's Barrière, n'a pas pu dormir dans la nuit qui séparait les vingt heures d'épreuve… Et quelques minutes après la victoire – encore un peu sonnée par les résultats - la plus grande fierté de Johanna Le Pape, pâtissière à l'hôtel Meurice, était « d'avoir réussi à sortir tout ce que l'on voulait ». La ténacité du duo tricolore a payé : d'après Claire Heitzler, leur coach, « les Français se sont classés premiers dans tous les domaines, sauf le buffet pour lequel ils étaient seconds, derrière le Japon. » Johanna et Gaëtan s'entraînaient depuis un an : « Ils ont commencé par les réalisations de dégustation et, quand elles ont été au point, sont passés aux pièces artistiques », raconte la chef pâtissière de Lasserre. « Nous nous sommes entraînés tous les jours, reprend Gaëtan. Même en dehors des heures de travail, nous avions le concours à l'esprit ». Ces douze mois de préparation ont également permis au duo de se connaître et de développer une belle complémentarité, essentielle pour le résultat final.
Des niveaux hétéroclites Ils n'ont pas été les seuls à s'envoler à deux, du 8 au 11 mars, dans Le Cube, l'espace concours d'Europain. Dans les boxes voisins, les quinze autres équipes mixtes se sont également surpassées, malgré des niveaux de départ très différents. « Il y a toujours des équipes très fortes, soutenues par de grosses associations, confie Pascal Niau, président du jury. Les Japonais, par exemple, sont arrivés avec quatre palettes de matériel. » D'autres pays sont surtout honorés de participer… Et ne manquent pas d'impressionner. Comme la candidate géorgienne (prix de l'état d'esprit !) qui a concouru pendant deux jours avec 39° de fièvre et réalisé deux fois sa pièce en chocolat après l'avoir cassée… Ou les équipes russes et ukrainiennes, parfaitement soudées malgré les relations tendues entre leurs deux pays. « Nous sommes toujours touchés par certains candidats, reconnaît Pascal Niau. Et nous ne sommes pas les seuls : le public, enthousiaste, regroupe des personnes de tous les âges. » À l'heure de la remise des prix, force est de constater que la performance attire les foules : les gradins sont pleins de supporters expressifs. « C'est super, conclut Claire Heitzler. Cela fait progresser le métier et rayonner la pâtisserie ! »
par Cécile Rudloff (publié le 10 avril 2014)