« Je voulais m’installer le plus vite possible », confie Marine Février,
21 ans et déjà patronne de sa pâtisserie, après un parcours sans faute : CAP, mention complémentaire et BTM, avec des expériences à Paris et à Marseille, en boutique et en restaurant étoilé. Elle aurait pu ainsi continuer à gravir, pas à pas, les marches du métier. Seulement, la jeune femme, passionnée et déterminée, rêve d’un lieu « à sa façon ». Et pas question pour elle de reprendre une boulangerie de bourg. Son but : « Créer une pâtisserie à Mareil-en-Champagne, commune sarthoise de 400 habitants située à 40 km du Mans, là où [j’ai] grandi. » Le tout sans apport. Un projet trop audacieux pour les banques, qui lui refusent tout crédit. Mais Marine s’accroche. Sa personnalité et son audace finissent par convaincre un conseiller. En tant que jeune femme entrepreneure, elle décroche aussi une garantie de l’État à hauteur de 60 % de son emprunt, avec le soutien du réseau France active.
Snacking créatif
Concernant l’emplacement, elle opte pour un terrain nu, dans une petite zone commerciale à l’entrée du village. Le temps des travaux, elle loue des modules pour fabriquer ses gâteaux et les vendre sur les marchés : une manière de tester ses recettes et de gagner en notoriété. En septembre 2021, la boutique La Délicieuse Marine ouvre ses portes dans un local de plain-pied de 85 m2 intégrant 40 m2 de laboratoire vitré, doté de stationnements et d’une terrasse couverte en extérieur. Côté produits, elle propose pâtisseries et viennoiseries maison au beurre AOP, avec des glaces au lait de chèvre en été, un peu de confiserie-biscuiterie (meringues, sablés, pâte à tartiner au praliné maison), ainsi qu’un dépôt de pain et une gamme de snacking créatif en semaine (sandwichs et plats cuisinés type risotto), pour « toucher une clientèle active ». Malgré sa motivation à toute épreuve et des ventes au rendez-vous, les débuts sont difficiles et l’accueil mitigé, avec des critiques relatives à sa jeunesse. En février, un reportage au journal télévisé de 13 heures sur TF1 change le regard de la population à son égard. La voilà enfin prise au sérieux. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à faire évoluer son affaire au regard du terrain : exemple avec ses prix, trop bas au départ, et qui avaient un impact négatif sur ses marges. Sur les conseils de son comptable, elle les a revus légèrement à la hausse mais en les laissant accessibles, campagne oblige.
Une deuxième affaire
Que pense-t-elle des préjugés associés à sa génération ? Marine préfère en sourire tout en évoquant certaines difficultés vécues dans la relation avec les aînés. « Les patrons ne sont pas toujours très respectueux avec leurs apprentis, ce qui génère du stress et de la démotivation », observe la jeune pâtissière, qui en a fait aussi les frais en tant que cheffe d’entreprise, ses salariés plus âgés abusant parfois de leur ascendant pour remettre en question son autorité. Endurcie par cette première expérience, elle vise désormais le littoral pour ouvrir sa deuxième affaire. À cet âge, pas de temps à perdre !