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Les coopératives équilibrent justement l’offre des agriculteurs et la demande des consommateurs.
Les coopératives équilibrent justement l’offre des agriculteurs et la demande des consommateurs. © A. TANDEAU

La coopérative agricole : un modèle d’avenir

Le modèle coopératif est certainement le plus pertinent pour répondre aux défis de la souveraineté agricole et alimentaire. En quoi et comment cette organisation, force de progrès sur la transition écologique, peut-elle devenir un modèle d’avenir ?

La crise agricole a été une fois encore l’occasion de mettre sur la table cette grande question : comment faire en sorte que les agriculteurs exercent leur métier dans de bonnes conditions et vivent dignement de leur travail tout en permettant aux consommateurs de manger sainement à un prix abordable ?

Un équilibre impossible

Résoudre l’équation du juste rapport qualité-prix n’a, au fond, jamais été simple. D’un côté les consommateurs demandent la meilleure qualité à un prix accessible, de l’autre, les producteurs cherchent à produire à un coût acceptable et à vendre au meilleur prix.

En vente directe, cette équation se résout de manière assez naturelle, par la logique de l’offre et de la demande. Mais en circuits longs, et lorsque la grande distribution entre dans le jeu, elle devient plus complexe à solutionner car les enseignes cherchent à faire des bénéfices et imposent leurs conditions, tant en termes de prix que de qualité.

En période de forte inflation et avec la concurrence effrénée à laquelle se livrent les grandes surfaces, la pression sur les producteurs se fait de plus en plus vive et les pratiques trompeuses vont bon train : prix non respectueux de la loi Egalim (loi “pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable” censée garantir une juste rémunération des agriculteurs), écolabels aux promesses fortes mais peu contraignants, ingrédients français remplacés par des alternatives moins chères originaires de l’Union Européenne (UE), ou même hors UE, dans certains produits de marques distributeurs, etc.

Les dernières Journées techniques des industries céréalières ont été l’occasion pour les coopératives invitées (ici Thomas Perrier d’Océalia) de valoriser leurs engagements vers la transition agroécologique. (© A. TANDEAU)

Des filières sous tension

Au prétexte de rendre du pouvoir d’achat aux Français, les pratiques de la grande distributionaffaiblissent les modèles agricoles vertueux. «La course au prix bas se paie par la destruction d’exploitations et de filières alimentaires. Cette tendance de fond fragilise la vitalité économique de nos territoires et met en danger la maîtrise des conditions de production de l’alimentation des Français », alerte Dominique Chargé, président de La Coopération Agricole, qui représente 2 100 coopératives, soit trois agriculteurs sur quatre.

Les conséquences sont surtout pénalisantes pour les exploitations engagées (ou qui veulent s’engager) sur la transition agroécologique, dont les coûts de production sont plus élevés. Le respect strict de la loi Egalim, la préférence pour les productions locales et l’interdiction du greenwashing constitueraient des moyens de limiter la casse.

Les coopératives connaissent bien les particularités de leurs terroirs et les enjeux du territoire. (© A. TANDEAU)

Les valeurs de la coopérative

Pour établir un équilibre plus juste entre la demande des consommateurs-citoyens et l’offre des agriculteurs (ou des transformateurs), on comprend aisément que les intermédiaires qui cherchent à faire du profit sans apporter de valeur ajoutée et en imposant leurs règles posent un problème de fond.

Au centre des rouages et au cœur de ces enjeux, la coopérative peut ouvrir de nouvelles perspectives. Non seulement elle permet de connecter l’offre et la demande et de rebâtir la confiance entre agriculteurs et consommateurs, mais en plus elle donne aux producteurs le pouvoir de décider de leur avenir et la liberté de s’adapter aux attentes du marché et de la société.

« Les coopératives se fondent sur les valeurs d’entraide, de responsabilité, de démocratie, d’égalité, d’équité et de solidarité. Là où habituellement la finalité d’une entreprise est de réaliser des bénéfices afin de rémunérer par le biais de dividendes les actionnaires porteurs du capital, celle d’une coopérative est la réalisation du service au meilleur coût pour ses membres, le capital n’étant qu’un moyen de financement », rappelle le groupe InVivo dans sa communication.

Revenir à sa mission première

Ces principes se perdent toutefois lorsque la coopérative sort de sa mission première — le service désintéressé aux agriculteurs — pour faire du profit, notamment à travers la revente de produits et de prestations. Les conseillers agricoles deviennent alors des commerciaux, et la confiance des sociétaires se délite, ce qui remet en cause la gouvernance et la pérennité du modèle.

En vue de retrouver sa raison d’être et de porter collectivement les grands défis d’avenir, le modèle de la “société à mission” pourrait tout changer. Instauré par la loi Pacte du 22 mai 2019, ce nouveau statut a été conçu pour les organisations qui veulent servir des objectifs sociaux ou environnementaux. Il est encouragé par La Coopération Agricole (congrès des 18 et 19 décembre 2019) et par une commission d’information parlementaire portant sur “le secteur coopératif dans le domaine agricole” (rapport du 16 février 2022).

« Cette possibilité offerte par le législateur paraît d’autant plus pertinente pour les groupes coopératifs comportant plusieurs filiales. Doter les filiales d’un groupe coopératif d’un statut de société à mission est un outil utile pour renforcer la transparence du fonctionnement des filiales et s’assurer que celles-ci agissent en cohérence avec les principes coopératifs portés par la coopérative mère », peut-on y lire.

Donner un cadre aux projets RSE

À l’instar du groupe InVivo (holding pivot de l’Union française de coopératives agricoles) et d’Agri-Éthique (label du commerce équitable français), qui ont récemment basculé sous le statut d’entreprises à mission, de nombreux groupes coopératifs — et leurs filiales — pourraient facilement évoluer afin de donner un cadre plus adapté à leur gouvernance et à leur vision pour l’avenir.

En effet, les nouvelles ambitions stratégiques portées par les groupes coopératifs (Océalia, Euralis, Dijon Céréales, Coopérative agricole Vendée approvisionnement céréales, Maïsadour, Arterris, Vivescia, InVivo, Axereal, notamment) et les actions mises en œuvre (lutte contre le réchauffement climatique, régénération des sols, souci du bien-être animal, préservation de la biodiversité et des ressources en eau, etc.) s’inscrivent pleinement dans les objectifs de la société à mission.

La coopérative est aussi la mieux placée pour sensibiliser, former et faire évoluer ses adhérents vers des pratiques durables, à la fois viables sur le plan économique, soutenables sur le plan environnemental et acceptables sur le plan sociétal. Le basculement vers le statut de société à mission serait un moyen d’envoyer un message positif en vue de consolider la confiance des adhérents et de fédérer le collectif agricole autour de valeurs qui ont du sens.

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