Il est 17 heures tapantes. Christian, le premier client toque à la porte du Fournil des Sources, à Lorry-Mardigny, en Moselle. « Je viens d’une commune proche où il n’y a plus de commerces, plus de boulanger. Cette ouverture, c’est du pain bénit, se réjouit-il. Les produits sont très bons. » Nous sommes jeudi et le fournil est ouvert pour la vente de 17 heures à 19 heures. Il l’est également le mardi, de 14 heures à 16 heures et de 18 heures à 19 heures, et le vendredi de 17 heures à 19 heures.
« Je voulais mettre en place une production limitée pour rendre service aux habitants du secteur car, ici, il n’y avait plus de boulangerie depuis trente ans. Moi, je dois tenir dans le temps, ne pas m’épuiser à la tâche, explique la jeune femme de 31 ans. Mais surtout, je souhaitais développer une activité en accord avec mes valeurs, des produits de bonne valeur nutritionnelle, un travail qui a du sens. »

Manon fabrique des pains au format miche, qui se déclinent en campagne, aux graines, méteil, petit épeautre. En fonction des mois, elle propose aussi des brioches, des tartes au sucre, du pain de mie, des galettes bretonnes, des escargots, des roulés à la cannelle.
Tous les pains sont élaborés avec du levain naturel et des farines produites par deux agriculteurs de Lorraine. Manon fabrique le plus possible sur commande afin de limiter les invendus.
Le four est à bois, un impératif pour la jeune boulangère, soucieuse du respect de l’environnement. « Ce n’est pas toujours facile, son fonctionnement est tributaire de l’humidité de l’air, de la pression atmosphérique, précise-t-elle. Mais maintenant, on s’est apprivoisés lui et moi ! Et surtout, c’est très économique. »

Une cagnotte participative pour le four
Ancienne ergothérapeute, Manon a quitté ce métier, lassée par l’empilement des tâches administratives. Elle avait pris goût à la pâtisserie lorsque, étudiante, elle travaillait quelques heures par semaine chez un artisan.
Elle passe son CAP de boulanger en juin 2022, en candidat libre, après s’être formée pendant deux ans au centre de formation d’apprentis de Metz. Elle ouvre son fonds en septembre 2002. Avec son mari Benjamin, elle avait acheté quelques années auparavant cette maison ancienne à Lorry-Mardigny, au lieu-dit Les Sources. Une partie a été transformée pour accueillir le fournil.

« Cela a représenté cinquante-deux mille euros de travaux et de matériel, précise Manon. J’ai perçu des aides de la communauté de communes, de la Région, du Fonds européen de développement régional. J’ai également lancé une souscription sur KissKissBankBank pour le four. La cagnotte a très bien fonctionné, des proches ont participé mais aussi beaucoup d’habitants du village qui ont fait confiance à mon projet. J’ai pu récolter douze mille euros. »
Aujourd’hui maman de deux petites filles de 3 et 6 ans, Manon Petit ne voit pas plus grand. Elle travaille toutefois à l’élaboration d’une baguette, un format toujours prisé par les consommateurs.