Vous ne verrez pas beaucoup de cuisiniers, de boulangers ou de pâtissiers à Foodorama, salon dédié aux entrepreneurs de la Food, qui se tiendra les 16 et 17 mars prochains au Bastille Design Center à Paris (11e arr.). Ou alors ils auront un projet de business à défendre. « On va parler de tout, sauf de l’assiette », prévient ainsi Romain Amblard, cofondateur de Service Compris, incubateur d’entreprises spécialiste du secteur, qui organise la deuxième édition de l’événement.
Deux jours pour échanger autour des grandes problématiques de l’entrepreneuriat, discuter avec des experts, rencontrer ses pairs ou de futurs partenaires, contre une demi-journée seulement en 2024 (voir les replays des tables rondes). Un indicateur du succès que rencontre ce salon, où quelque 1 000 visiteurs sont attendus cette année.

« Jalonner les étapes d’un entrepreneur dans la restauration »
“Vous pourriez le faire seul, vous avez de meilleures chances de réussir entouré des bonnes personnes”. Ce slogan de Service Compris résume bien la philosophie de l’événement, comme de l’entreprise organisatrice, fondée en 2018 par trois restaurateurs eux-mêmes reconvertis : Romain Amblard, Julien Fouin et Ludovic Dardenay.
Accompagner la réflexion autour d’une éventuelle reconversion dans le secteur, aider à la construction d’un business plan, “accélérer” un projet jusqu’à l’ouverture d’une adresse ; mais aussi : aider à obtenir le label Écotable, identifier et travailler sur les faiblesses d’un restaurant ou d’un commerce de bouche déjà installé façon “Cauchemar en cuisine”, ou lui trouver des financements pour qu’il puisse se développer : les six programmes de formation et d’accompagnement de Service Compris « jalonnent tous les moments d’un entrepreneur dans la restauration », souligne Romain Amblard.
Et ça marche. Arnaud Ryckebush, le fondateur de Tartelettes (Paris) ou Nicolas Rozier-Chabert et Sandra Mielenhausende de Plaq (Paris) sont, par exemple, passés par le programme d’accélération de Service Compris. Première offre de formation proposée par l’entreprise en 2018, elle est aussi la plus rentable — Service Compris perçoit autour de 3 % du chiffre d’affaires prévisionnel de la première année au moment de l’ouverture du commerce, montant déterminé par le business plan — et la seule à être accessible sur dossier (une cinquantaine de projets retenus sur quelque 250 candidatures reçues en 2024).
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Ses contenus et son déroulé s’inspirent largement de ce qui est proposé aux entreprises de la tech dans les incubateurs dédiés — Romain Amblard, qui les a en partie conceptualisés, en a d’ailleurs dirigé un, Numa, pendant trois ans. Accès à un large réseau de professionnels ciblé, speed dating avec des experts, concours de pitchs, tables rondes ou partage d’expérience lors d’interviews Success Food en direct : on en retrouve un condensé dans la programmation, encore en partie en cours d’élaboration, de Foodorama.
“Réussir sa reconversion”, “se financer comme une start-up” : des problématiques dans l'air du temps
“Est-ce qu’un restaurant doit se financer comme une start-up ?” interrogera opportunément l’une des tables rondes animée par le CEO de We Do Good Yannis Baala — opportunément parce que Service Compris a lancé en 2024 un Club Invest dédié à la recherche de financements pour des projets nécessitant un apport intermédiaire de 150 000 à 400 000 €. “Comment réussir sa reconversion dans la Food ?” ou “A-t-on besoin d’être chef pour ouvrir un restaurant ?” — Ce à quoi la réponse est « non », selon Romain Amblard. Les thématiques reflètent les questionnements de ces futurs entrepreneurs, le plus souvent en reconversion. Tandis que les “speakers”, experts invités à s’exprimer — la directrice de l’Observatoire de la société et de la consommation, Guénaëlle Gault et la pâtissière fondatrice de Maison Aleph, Myriam Sabet, pour “De quoi la reconversion dans l’entrepreneuriat Food est-elle le nom ?” ; l’influenceuse culinaire Clémence Lasserre et le cofondateur de l’enseigne Gruppomimo, Édouard Hausseguy, pour “Peut-on faire marcher son resto sans les réseaux sociaux ?” — incarnent une réponse dans l’air du temps.
« Aujourd’hui dans la restauration, une bonne adresse, un bon service, ne suffit plus forcément, estime Romain Amblard. Il faut réinventer un peu les conditions de travail, proposer des choses plus flexibles, avec éventuellement de nouvelles expériences. Parfois la compétence culinaire est indispensable dans le profil de l’entrepreneur, parfois non. »

De manière plus pragmatique, une cinquantaine d'“exposants” — « des gens qui ont un rôle à jouer dans le parcours d’un entrepreneur de la restauration », comme les décrit Romain Amblard — : un architecte, des cabinets comptables, un avocat spécialisé dans les baux commerciaux, un distributeur partenaire principal Transgourmet, un cuisiniste, etc. « présenteront leurs services. Avec certains, des rendez-vous commerciaux — appelés speed dating — seront organisés pendant le salon ». Parce que « nous sommes persuadés qu’une très grosse partie du succès d’un commerce de bouche ou d'un restaurant se construit avant l’ouverture », conclut Romain Amblard, en une phrase qui pourrait constituer un dernier slogan pour le salon.
Les candidatures aux concours de pitchs sont ouvertes jusqu’au 16 février. Les créneaux de speed-dating sont à réserver en ligne. L'entrée du salon est payante (pass 2 jours : 18 €). Ouverture de 10h30 à 18h45. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.foodorama.fr