Reprendre un fonds de commerce en boulangerie-pâtisserie, c’est comme devenir chef d’orchestre alors que l’on était musicien. Il s’agit de mettre en musique un ensemble d’éléments qui vont demander des compétences multiples. Tout en ayant en tête qu’il n’est pas possible de toutes les posséder mais que de nombreuses organisations, outils, peuvent aider à les acquérir, qu’il ne faut pas hésiter à solliciter.

« La première étape de ce parcours est de se poser la question essentielle : pourquoi je veux devenir patron ? explique Martine Bihr, formatrice en entreprise*. Pour faire perdurer une maison familiale ? être indépendant ? être libre de créer ? Une fois que la réponse est claire, il faut définir les différentes étapes du projet, poursuit-elle. Celui-ci se prépare entre un et deux ans à l’avance car il nécessite la prise en compte tous les éléments de l’installation : recherche du fonds éventuellement, démarches administratives, financement, plan de gestion… Différentes structures peuvent vous accompagner en amont, comme le BGE Appui aux entrepreneurs, des pépinières d’entreprises, des incubateurs, des coopératives, etc. Dans le Grand Est, nous avons, par exemple, un outil très intéressant : Alexis [une association d’aide à la création, au développement et à la reprise d’entreprise, NDLR], ajoute la formatrice. Même France Travail propose depuis peu un service d’aide à la création d’entreprise. Vous pouvez aussi solliciter les chambres de commerce, des métiers et de l’artisanat. Certaines banques, comme la Banque Publique d’Investissement, le Crédit Coopératif, sont à même d’offrir un accompagnement précieux, en plus des offres de financement. Pour le volet comptabilité, si l’on n’est pas féru de chiffres, mieux vaut faire appel aux services d’un expert-comptable, certes onéreux, mais qui éviteront des erreurs. Surtout, pour se lancer, il est important d’avoir confiance en son projet sans pécher par optimisme. Devant le banquier, le responsable d’une pépinière d’entreprises, je suggère de rester humble, juste et honnête. Être trop présomptueux vous desservira, de même qu’être insuffisamment sûr de soi. Tout est question d’équilibre », conclut-elle.
La bonne distance
Concernant la gestion de potentiels salariés, Martin Bihr conseille de réfléchir avant l’installation au relationnel à instaurer, à la bonne distance à trouver : « Évaluez l’expérience que vous avez acquise en tant qu’employé. Discutez-en avec d’autres patrons. Expliquez à la personne que vous recrutez votre façon de voir les choses : “Je préfère vous vouvoyer car j’en ai besoin pour me faire respecter” ; “Je préfère tutoyer car nous allons travailler ensemble au quotidien et ce sera plus simple et convivial”. Veillez ensuite à la période d’intégration : prenez du temps pour montrer l’ensemble des outils de production, répondre aux questions. Mettez en place une période de rodage pendant laquelle vous serez disponible. Un bon patron** doit savoir déterminer ce dont son salarié est capable, quelles tâches il peut lui déléguer. »
* MB Évolution, Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle).
** En savoir plus sur www.alexis.fr
** Lire notre dossier “Le bon patron, la bonne équipe” dans le n° 357 de mai 2024.