Rencontres
Kevin Pétry, entouré de deux apprentis. La boulangerie est très sollicitée pour prendre des jeunes en formation. Photos : D. Péronne
Kevin Pétry, entouré de deux apprentis. La boulangerie est très sollicitée pour prendre des jeunes en formation. Photos : D. Péronne

Rencontre Kevin Pétry, l’effet “vu à la télé”

Kevin Pétry, de Benfeld, en Alsace, a remporté la finale Grand Est de l’émission de M6 “La meilleure boulangerie de France”, en février 2022. Son chiffre d’affaires a été doublé dans les deux mois qui ont suivi la diffusion. Il estime avoir conservé 50 % de cette clientèle supplémentaire, grâce à des produits qui se démarquent de la concurrence.

Il n’y a pas que les joueurs de foot, les influenceuses ou les rappeurs pour attirer les foules ! Un boulanger-pâtissier, lorsqu’il est devenu une star de la télé, peut aussi accrocher ses étoiles d’or au “star system”. En février 2022, était diffusée la finale régionale, niveau Grand Est, de l’émission de M6 “La meilleure boulangerie de France”, dans laquelle Kevin Pétry s’est classé premier. « Ça a été de la folie, raconte-t-il en souriant, humble devant cette soudaine notoriété. Les retombées ont été incroyables. Pendant deux mois, la fréquentation du magasin a doublé. J’étais devenu l’attraction locale. Avec des enfants réclamant des seflies, des seniors venus de Moselle [le département voisin, NDLR] acheter une baguette chacun, des Français résidant en Allemagne, en Suisse, en Belgique, au Luxembourg, des touristes faisant un bon détour jusqu’ici pour me voir ! Les affaires marchaient déjà bien avant, alors mon équipe s’est retrouvée épuisée, au point que j’ai dû fermer le magasin une semaine en avril pour que tout le monde puisse souffler. »

Aujourd’hui, Kevin estime avoir conservé environ la moitié de cette clientèle apportée par sa notoriété télévisuelle. Une clientèle qu’il a su fidéliser grâce à son équipe jeune et soudée, des vendeuses dynamiques et, surtout, la qualité de sa production. « Tous les pains sont au levain, explique-t-il. Je voulais absolument me démarquer. » Benfeld, commune de 5 000 habitants à 20 km au sud de Strasbourg, possédait déjà quatre boulangeries “classiques” dans son centre-ville. Kevin a ouvert la sienne en janvier 2021.

Un emplacement idéal

Le jeune artisan a un parcours classique : lycée professionnel d’Obernai (67), apprentissage chez son père qui est à la tête de deux boulangeries dans la commune voisine, formation complémentaire en chocolaterie dans le Jura. Pendant dix ans, il travaille dans l’une des boulangeries paternelles, jusqu’à se décider à lancer sa propre affaire. « Cet ancien garage automobile a été une opportunité. L’emplacement, essentiel dans une activité comme la nôtre, est idéal. Nous sommes sur l’axe qui va vers Strasbourg. Environ 8 000 véhicules par jour passent par ici. En revanche, il a fallu tout refaire. Soit 800 000 € d’investissement. Le magasin fait 80 m2, le fournil 120. L’espace de stockage, au sous-sol, 200 m2. Une partie va être reconvertie pour l’atelier pâtisserie. » Aujourd’hui, l’équipe est composée de quatorze personnes, dix à la production, dont deux en pâtisserie, quatre à la vente. Le magasin est ouvert du mardi au vendredi de 5 h à 18 h 30, le samedi, de 6 h à 13 h, le dimanche, de 7 h à midi. Il comporte aussi une partie snacking avec une vingtaine de places assises. Pour le nom de sa petite entreprise, Kevin a choisi… “Kevin”, supprimant son nom de famille pour ne pas faire concurrence à son père.

De la bonne humeur en images

C’est Endemol, la société de production de l’émission “La meilleure boulangerie de France” qui, attentive aux réseaux sociaux, est venue chercher le jeune artisan. Celui-ci a tout de suite été intéressé par le challenge, heureux d’être repéré mais ne soupçonnant pas tout ce que cela impliquait : « Il fallait leur envoyer des photos, des vidéos avec des produits innovants. Ils voulaient de la bonne humeur en images ! » Pour la finale régionale, qui a eu lieu en juin 2021, Kevin doit fabriquer une viennoiserie. Il imagine son coco-mangue passion, une brioche feuilletée individuelle avec un insert mangue passion sur un croustillant grué (fèves écrasées) de cacao. Pour le pain, il opte pour un pumpernickel, un pain allemand à la farine de seigle complète. Le jury note la boutique, le produit dit fétiche, le pain. Kevin gagne ce challenge régional et se retrouve à Paris, au “national”, en février 2022. Là, les concurrents doivent réaliser une tarte emblématique de leur région. Notre Alsacien concocte un dessert avec quetsches marinées au vin chaud et mousse au fromage blanc. Il passe le premier tour mais pas le second, moins inspiré par le pain d’épices à revisiter. Kevin tire de cette aventure un bilan très positif. « C’est énormément d’investissement, en temps, en charge mentale, mais ça n’arrive qu’une fois dans une vie professionnelle. Le jury, les équipes techniques sont très sympas. Humainement, c’est riche. Au-delà des retombées économiques, cela restera une sacrée expérience. » n

Dominique Péronne

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