Rencontres
Solène Roelandts.
Solène Roelandts. © A. VALOIS

Solène Roelandts : rayonnante à la tête de la Chocolaterie de Puyricard

Beaucoup de femmes de sa génération reprennent l’entreprise familiale. Solène Roelandts n’a pas quarante ans et dirige habilement la chocolaterie fondée par ses grands-parents et développée par ses parents. Déterminée, elle apporte une touche de modernité à l’indétrônable Chocolaterie de Puyricard.

À la tête de la chocolaterie familiale Puyricard, Solène Roelandts a pris naturellement la suite de ses parents Tanguy et Florence, et de ses grands-parents Jan-Guy et Marie-Anne. À 37 ans, elle préside l’entreprise présente en Provence et à Paris, labellisée en 2010 Entreprise du Patrimoine Vivant. Transgénérationnelle, la chocolaterie voit ses clients, “élevés” aux chocolats Puyricard, en acheter pour leurs propres enfants. Tout en se développant, les chocolatiers-­confiseurs ont maintenu une fabrication artisanale manuelle savoureuse et de grande fraîcheur. Salariée de la choco­laterie depuis une dizaine d’années, Solène Roelandts a appris en faisant.

La Toque magazine : Racontez-nous votre première expérience à la chocolaterie ?

Solène Roelandts : Pour préparer Noël 2012, j’ai fait le saut dans le grand bain. J’avais passé un an en Australie, et terminé mes études en management et en marketing en institut d’administration des entreprises. Mon père avait besoin d’une personne mais pas en boutique, comme j’avais pu travailler en tant qu’étudiante. Là, je m’occupais du réseau des magasins et je devais encadrer quarante saisonniers du haut de mes vingt-cinq ans ! Dans l’équipe, il y avait trois saisonnières expérimentées en préparation des commandes de nos clients professionnels et Web. Je leur ai dit : “Vous venez depuis plusieurs années, j’ai besoin de vous. Vous serez mes cheffes d’équipe”. Je me suis appuyée sur les “sachants”. À Puyricard, les salariés permanents les plus anciens ont trente-quatre ans de maison, ils ont été embauchés par mes grands-parents.

Solène Roelandts, PDG de la chocolaterie Puyricard. (© A. VALOIS)

LTM : Étiez-vous légitime à leurs yeux ?

SR : Étant “la fille de”, on m’aidait un peu moins… Certains se demandaient si j’avais les compétences et, pour le bien de l’entreprise, ne souhaitaient pas que je manage une équipe. Finalement, avec le temps, je leur ai montré que je savais faire. Et je n’ai pas eu de statut avant d’avoir fait mes preuves. J’ai souvent changé de poste au sein des différents services. L’accident de moto de mon père en 2016 m’a amenée à tester la direction en réel. Et quand la directrice commerciale et marketing est partie, tout le monde s’adressait à moi. J’ai appris pas à pas, auprès des autres, et j’ai grandi avec l’entreprise. Mon père m’a formée au labo et j’ai suivi des séminaires pour chocolatiers. Je ne suis pas derrière le fouet mais il est pour moi important de savoir poser les bonnes questions sur le calage d’une recette pour trouver ce qui ne va pas, si la qualité des matières premières a évolué, par exemple.

LTM : En devenant présidente en 2022, quels ingrédients du succès conservez-vous ?

SR : Je garde les fondamentaux qui font notre force : le goût des produits, la fabrication artisanale, du personnel qualifié. J’aime savoir avec qui je travaille et partager cette aventure. Avec une centaine de collaborateurs, nous restons une entreprise à taille humaine. En entrepreneuriat, on prend des risques, mais le sentiment d’esprit d’équipe est très puissant. L’intelligence collective, j’y crois fortement.

Puyricard : œuf de Pâques géant. (© PAULINE DANIEL)

LTM : Avez-vous aussi mené une petite révolution ?

SR : Ma grand-mère est très contente que ce soit une de ses petites-filles à la tête de Puyricard. Je n’ai pas attendu que mon père prenne sa retraite pour faire évoluer les choses. J’ai apporté des améliorations à l’organisation. En 2017, pour les cinquante ans de l’entreprise, j’ai revu la charte graphique, le logo, les emballages, l’offre produits. J’ai mis en place notre présence sur les réseaux sociaux. En interne, notre community manager réalise des vidéos, des photos et des publications sur Instagram, Facebook et Linkedin. J’ai ralenti sur mes velléités de développer un réseau de franchisés car ceux-ci pourraient avoir leurs propres réseaux sociaux : cela tuerait notre communication sur un positionnement haut de gamme.

LTM : Votre site internet est l’un des pionniers du e-commerce…

SR : Oui, et nous l’avons remodelé plusieurs fois depuis le début des années 2000. Il est à la fois une vitrine et un site e-commerce. La dernière version représente un investis­sement de quarante mille euros, amorti sur trois ans. Avant la période du covid, le site occupait le dix-huitième rang de nos boutiques en termes de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, il est cinquième. La crise sanitaire, qui a eu lieu peu avant Pâques 2020, a aidé. Nous avons expédié sans casse moulages et bonbons de chocolat. La consommation est désormais multicanale : pour offrir, le client passe par Internet et il vient en boutique pour lui-même.

Moulages de Pâques 2025. (© PAULINE DANIEL)

LTM : Votre offre comprend des compositions personnalisées et des abonnements ?

SR : La nouvelle version du site internet intègre la possibilité de créer un coffret sur mesure, chocolat par chocolat. Sauf pendant les Fêtes, car nous ne pourrions pas suivre. Désormais, les habitudes alimentaires ont changé. Nous avons tous besoin de petits plaisirs plus réguliers, sans attendre Noël ou Pâques. Rentrer dans le quotidien des gens avec des box mensuelles nous permet de leur faire découvrir nos différents produits et de désaisonnaliser l’activité.

Chez Puyricard : Marie-Anne, Solene et Tanguy Roelandts, trois générations. (© Puyricard)

LTM : Pour Pâques 2025, quel thème avez-vous choisi ?

SR : La magie, car je trouve Pâques très magique ! Nos moulages d’animaux sont stylisés et nous nous distinguons par l’épaisseur de chocolat. J’ai voulu créer des ateliers pour les enfants. Les chocolats sont très bons pour la santé : il faut bien les choisir et bien les consommer. Les 12 et 13 avril, nous aurons un atelier au cours duquel les participants fabriqueront leurs propres moulages et des jeux en extérieur seront organisés.

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