L’économie circulaire prône un modèle de production et de consommation consistant à partager, réutiliser, recycler des produits et des matériaux existants pour allonger leur cycle de vie et réduire ainsi l’utilisation de matières premières et la production de déchets. À Rennes (Ille-et-Vilaine), DurabL a mis en place un système de livraison BtoB en vrac dans ce but.
Grossiste engagé, la société naît en 2021, au lendemain de la crise sanitaire. Au départ sous forme d’un drive piéton de produits en vrac consignés pour les particuliers, mais le modèle se réoriente vite vers une cible professionnelle. Aujourd’hui, DurabL compte 70 clients réguliers dans l’agglomération rennaise, des restaurants, des coffee shops, des artisans, boulangers et pâtissiers.
Riche de 430 références, son catalogue s’est constitué au fil des opportunités et des échanges avec ses clients en quête de produits particuliers, locaux et/ou biologiques ; à l’image du Choco Malt Replacer, un substitut à la poudre de cacao 100 % français à base de farine d’orge maltée torréfiée et de drêches de brasserie, signé Vallée Torréfaction.
Le grossiste s’est spécialisé dans les ingrédients d’épicerie sèche (farines, sucres, graines, céréales, fruits secs, épices, etc.), plus faciles à reconditionner en contenants réutilisables. « Aujourd’hui, soixante pour cent de nos produits sont disponibles en vrac », indique l’actuel président, Nicolas Perrin, qui s’est associé au restaurateur Matthieu Horeau pour reprendre DurabL courant 2024.
Des livraisons bas carbone
Le principe : les clients commandent leurs matières premières en ligne sur la plateforme durabl.fr en choisissant leurs conditionnements, de 50 g (pour des algues en paillettes) à 25 kg (pour de la farine), mais aussi 1, 2, 5 ou 10 kg suivant les références, pour coller au plus près à leurs besoins sans générer de gaspillage ni de surstockage en magasin.

Après validation et émission d’un bon de commande, les produits sont soigneusement pesés et reconditionnés dans des boîtes en plastique alimentaire réutilisables, sur lesquelles est apposé un QR code pour la traçabilité et une étiquette mentionnant : la date de durabilité minimale, le poids, la provenance et la désignation des produits. « Cela peut permettre à nos clients de gagner du temps sur les pesées pour certaines recettes, en commandant le juste poids d’ingrédients », remarque la commerciale Marie Boudehen. Les boîtes sont réunies dans des caisses au nom de chaque client.
Elles sont ensuite prises en charge par deux agents de La Poste qui assurent la livraison bas carbone à vélo ou en véhicule électrique dans l’agglomération rennaise, à J+1 pour toute commande passée avant 15 heures. « Un service bientôt étendu à l’ensemble du département d’Ille-et-Vilaine et ailleurs, à Nantes pour commencer courant 2025, grâce à notre partenariat avec Log’issimo, la solution d’externalisation logistique du groupe La Poste », annonce Nicolas Perrin. Une collaboration historique pour DurabL, hébergé depuis 2021 dans un entrepôt postal, voisin de celui du tri du courrier.
Les contenants sont récupérés, lavés et remis en circulation
Situé dans l’hypercentre de Rennes, le local est équipé de monte-charges et d’un accès véhicules pour faciliter les retraits et transports de marchandises.
Une fois leurs contenus utilisés, les boîtes sont récupérées par les livreurs, puis lavées et séchées chez DurabL avant d’être remises en circulation. « Chacune est consignée pour huit euros, le prix coûtant d’un contenant en moyenne, ce qui peut paraître conséquent à la commande mais ne constitue qu’une avance, restituée ensuite au client. Et cela lui évite éventuellement d’avoir à investir dans un parc de boîtes », rappelle Marie Boudehen.

Ce service sur mesure a un coût, mais parfois moins élevé que celui d’autres grossistes sur certaines références, comme les algues ou les épices. En 2024, l’équipe de DurabL a été renforcée et le catalogue étoffé, avec des prix négociés, sur le sel Indication Géographique Protégée de Guérande entre autres. « Autant que possible, on essaie de proposer plusieurs références d’un même produit pour laisser le choix au client, pointe la commerciale. Illustration avec les épices, disponibles sous différentes marques, dont une bretonne. »
Dans un esprit facilitateur, DurabL a diversifié son catalogue en y ajoutant quelques produits frais (beurres, laits, œufs), des matières premières non consignées, comme les huiles ; ainsi que des produits d’entretien, également reconditionnables au volume de son choix. Chaque mois, une newsletter répertorie les actualités de l’entreprise, ses offres et ses nouveautés. Sur le site, une rubrique centralise les promotions en cours. « Dans la même démarche antigaspi, nous proposons des plateaux de quatre-vingt-dix œufs de plein air, bio ou non, présentant des défauts — hors calibre, salissure ou coloration — à 18,90 euros », signale Nicolas Perrin.
L’entrepreneur ne manque pas d’idées et de projets pour continuer à améliorer la durabilité de son activité, « par exemple en incitant [ses] fournisseurs à utiliser des contenants recyclables ou a minima compostables ». Dans une perspective de développement, il prévoit déjà la possibilité de mutualiser le lavage de ses boîtes avec d’autres contenants consignés auprès de La Station, un centre de nettoyage dédié à la filière du réemploi à Rennes. Enfin, « on aimerait travailler sur les déchets de production, comme les biscuits cassés, valorisables en topping ou en inclusions de desserts ». Les clients artisans pourraient ainsi devenir fournisseurs, dans une logique circulaire.
Lire le reste du dossier :
Actualités et rencontres
Emballer mieux, gaspiller moins, valoriser plus
Emma Duvéré : du goût à moindre impact
Recette