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Les vélos-cargos sont adaptés à la massification de l’offre vers des points de revente.
Les vélos-cargos sont adaptés à la massification de l’offre vers des points de revente. © NARVÉLOS

Livrer à vélo des points de vente et des restaurants : une option pour les artisans

Solution de développement, le déploiement de l’offre de son fournil auprès des restaurants ou de points de revente peut s’effectuer efficacement via le transport à vélo. Exemple avec Narvélos, qui collecte les produits de trois boulangeries de l’est de l’agglomération parisienne.

Identifier ses besoins

TROUVER LA SOLUTION ADAPTÉE

Lors de la mise en place d’un système de livraisons à vélo par une boulangerie, l’une des premières questions qui se pose est celle de la nature des besoins à couvrir. La livraison de produits de petite restauration auprès des particuliers est un savoir-faire bien maîtrisé par les grandes plateformes en ligne qu’il semble assez difficile de concurrencer. Cependant, d’autres modalités de livraisons à vélo existent en vue de développer son chiffre d’affaires. Il s’agit, par exemple, d'approvisionner des points de revente ou de consommation, comme les épiceries, les restaurants voire des automates. Le vélo n’est alors pas utilisé pour déplacer la production auprès des consommateurs directement mais pour répondre à des commandes en un point de massification.

Optimiser l'organisation

ENGAGER DES VOLUMES RÉCURRENTS

Ces dispositifs de livraisons à vélo alternatifs ont souvent recours à de la main-d’œuvre salariée, généralement en contrat à durée indéterminé. L’engagement sociétal est fréquemment mis en avant. Ils ont donc besoin de sécuriser leur modèle économique, en s’appuyant sur des circuits de distribution répétés, voire quotidiens. « C’est aussi grâce à cela que nous sommes en mesure de mutualiser les tournées de plusieurs clients. Cela nous permet de réduire les coûts et de proposer des tarifs plus avantageux », met en avant Damien Hoffmann, salarié associé de la coopérative de transport Narvélos (à l’est de Paris), au sein de laquelle il occupe à la fois la fonction de coursier, de dispatcheur et de commercial. En parallèle, la société a construit une grille de prix pour des livraisons ponctuelles, en fonction du délai de livraison souhaité et de la distance à parcourir — pouvant aller jusqu’à l’autre bout de Paris et sa proche couronne. La structure s’adapte au business model de ses clients. Ainsi, parfois, le point de revente du pain achète le service, tandis que dans d’autres cas, ce sont les artisans boulangers directement. En outre, Narvélos propose ses courses pour d’autres types de produits. L’avantage du pain étant qu'il s'agit d'un produit de consommation du quotidien, susceptible de susciter des tournées récurrentes.

Choisir son équipement

PENSER VOLUME UTILE ADAPTÉ

Pour transporter essentiellement du pain à des points de massification, il semble que le vélo à assistance électrique de type cargo est bien adapté. La coopérative Narvélos s’est ainsi équipée de vélos-cargos Bili fabriqués en France, avec une roue déportée à l’avant permettant d’installer une caisse de 450 l, d'une capacité de 100 kg. Du fait que le pain est un produit peu dense, « nous arrivons à en transporter de trente à quarante kilos par tournée, constate Damien Hoffmann. Afin de protéger la marchandise de la pluie, nous sommes équipés d’une bâche à scratchs très efficace, qui nous assure de pouvoir livrer même par temps d’orage ». La coopérative de transport s’est adaptée en vue d'organiser la rotation des caisses réutilisables afin de transporter des produits plus fragiles, comme des brioches.

Pour protéger la marchandise de la pluie, la bâche à scratch déployée par Narvélos est très efficace. (© NARVÉLOS)

Muscler sa démarche RSE

UN MODE DE TRANSPORT DOUX

« Ce mode de transport est très doux, il génère très peu de nuisances », se félicite Sophie Viot Coster, fondatrice de la boulangerie Farine, au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis). Cliente de Narvélos pour livrer deux épiceries, un point de restauration, une Association pour le maintien de l'agriculture paysanne (avec des paniers hebdomadaires) ainsi que pour d’autres missions plus ponctuelles, elle estime écouler par ce biais environ 70 à 80 kg de pain par semaine. « Des petits volumes qui créent beaucoup de lien social, apprécie-t-elle. Par ailleurs, les employés sont rémunérés à l’heure et non à la tâche. Cela constitue la garantie d’un plus grand respect de la marchandise ainsi que des règles de sécurité sur la route. C’est satisfaisant pour nous et il s'agit aussi d'un aspect exigé, ou au moins très apprécié, par les points de vente que nous livrons. »

Se tourner vers le digital

OUTIL DE MUTUALISATION

La complexité logistique liée à la mutualisation des tournées rend très bénéfique la mise en œuvre d’applications digitales dédiées. Les coursiers de Narvélos sont ainsi équipés de Cyke (créé par la coopérative de cyclo-logistique parisienne Cargonautes). « En parallèle, nous avons déployé auprès de nos clients un groupe WhatsApp business dédié, sur lequel nous nous engageons à un délai de réponse de cinq minutes, de 8h30 à 18h30, explique Damien Hoffmann. Cela nous permet à tous d’être très réactifs, par exemple, si une tournée de pain n’est pas prête dans les temps pour la collecte. Nous sommes aujourd’hui très attentifs également à relancer nos clients afin qu’ils nous préviennent lorsqu’ils ont des périodes de fermeture. »

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