À la suite d’un cataclysme d’ampleur (qu’il soit d’origine nucléaire, biologique, climatique, sismique, volcanique ou cosmique), l’humanité ne pourrait survivre sans semences agricoles. C’est pourquoi il est vital de protéger et conserver ce patrimoine végétal universel de manière systématique. C’est la mission confiée aux banques de semences, qui collectent, enregistrent, stockent et entretiennent un nombre considérable de graines, bulbes, tubercules et autres germoplasmes (tissus végétaux capables de générer un nouveau plant). On dénombre dans le monde près de 1700 conservatoires dédiés aux plantes cultivées.
Un blockhaus à graines
Une catastrophe qui éradiquerait toute forme de vie sur un vaste territoire est un risque pris très au sérieux par les gouvernements et les organisations internationales. Aussi certaines banques de semences ont-elles été conçues comme de véritables forteresses. C’est le cas de la plus grande et de la plus sécurisée d’entre elles : le Svalbard Global Seed Vault, située sur l’île norvégienne de Spitzberg dans l’archipel du Svalbard. Surnommée « l’arche de Noé végétale » ou la « chambre forte du Jugement dernier », cette construction inaugurée en 2008 abrite la plus grande collection mondiale de semences végétales, avec plus d’un million d’échantillons (ou accessions).
La gestion du fonds est confiée au Crop Trust, une organisation internationale basée à Bonn, en Allemagne, créée sous l’égide des Nations unies. Toutes les espèces cultivées du monde y sont représentées sous une multitude de variétés. Les graines appartiennent toutefois aux États et aux institutions dépositaires (qui peuvent les récupérer en cas de besoin).
En France, la gestion des collections est organisée par les centres de ressources biologiques (ici, celui de Clermont-Ferrand pour les céréales à pailles). Inrae
Ressources phytogénétiques
La plupart des banques de germoplasmes n’ont cependant pas été constituées dans une perspective de survie, mais essentiellement pour sauvegarder la biodiversité cultivée et assurer la souveraineté alimentaire. C’est le cas des plus grandes banques, telles celles de Fort Collins aux États-Unis (National Center for Genetic Resources Preservation, inaugurée en 1958), de Pékin (National Crop Genebank of China, 1986), de New Delhi (National Bureau of Plant Genetic Resources, 1976) ou de Saint-Pétersbourg (Institut Panrusse NI. Vavilov pour les ressources génétiques végétales, 1921). En France, les centres de ressources biologiques de l’Inrae ou du Cirad gèrent les collections via le réseau Rare (Ressources agronomiques pour la recherche). De nos jours, avec les progrès de la génomique, ces stocks intéressent les chercheurs du monde entier, qui y voient une ressource inestimable de gènes permettant de répondre aux grands défis agroécologiques de demain (résistance aux maladies, à la sécheresse, au manque d’azote, aux fortes chaleurs…).