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Statut D'ouvrier à patron, pas si simple !

La gestion du personnel nécessite de l'autorité, mais aussi de la rondeur, et une certaine aptitude à la négociation.

Passer du jour au lendemain du statut d'ouvrier à celui de patron, cela ne va pas de soi. La particularité des petites entreprises artisanales est que l'employeur a souvent une grande proximité avec les employés. Démêler les relations affectives des relations hiérarchiques reste compliqué, surtout quand on est jeune. Être trop autoritaire peut conduire au conflit et au départ des collaborateurs… et l'excès de laxisme finit par mettre en péril l'ambiance de travail et toute l'entreprise. Il faut trouver le bon dosage !

Marquer son territoire Installé à Saint-Priest (69), Hassen Nakouri a repris l'affaire de son patron, salariés compris. Après un an et demi, il concède que le plus difficile reste la gestion du personnel. « Mes collègues sont devenus mes employés. Il a fallu que je trouve ma place et eux aussi. Je partais néanmoins d'une situation favorable car la meilleure solution pour eux était que je reprenne l'affaire. Dès que je l'ai su, j'ai eu plusieurs mois pour préparer la transition. Je les ai reçus en face-à- face pour expliquer longuement la nouvelle situation. Tout de suite, j'ai dû marquer ma place et ma différence. Comme j'étais très au fait des choses qui n'allaient pas auparavant, je leur ai promis un changement. Pas question par contre d'augmenter les salaires dans l'immédiat, ce qu'ils ont bien compris. Ils ont surtout apprécié que je sois davantage dans le dialogue que le prédécesseur. Quelque part, c'est une chance de venir de là où je viens. On est plus facilement accepté et respecté et on cerne aussi mieux les leviers de motivation », revendique- t-il. À 37 ans et avec une bonne dose d'autorité naturelle, Hassen n'a pas eu de mal à prendre en main une équipe dont la moyenne d'âge approche les 45 ans…

Donnant-donnant Mais il a dû faire quelques concessions. « Mettre en place un Plan d'épargne d'entreprise, acheter du matériel plus moderne, donner plus de responsabilités, laisser carte blanche pour la création de nouveaux produits… tout cela crée un cadre plus valorisant et plus stimulant. Je tiens aussi à ce qu'il y ait une bonne ambiance car si on n'est pas heureux au travail, difficile de retenir ou de motiver ses collaborateurs. Même si je suis plutôt cool, je montre quand même que je suis le chef. Je ne rigole plus autant qu'avant. Quand j'ai quelque chose à dire, je le dis. Il faut souvent recadrer sur le nettoyage ou sur l'organisation. Changer les habitudes ancrées depuis des années, ce n'est pas évident. Il y a des accrochages parfois auxquels il faut faire face en finesse et en arrondissant les angles », estime-t-il. Ce boulanger entrepreneur sait combien il est nécessaire aujourd'hui d'offrir des conditions de travail plus attractives et des arrangements sur les horaires et les congés. C'est le prix à payer pour une « gestion des ressources humaines » plus contemporaine, qui attire et fidélise les salariés.

Stéphane et Mathieu Brothier(Tigné - 49) s'accordent à dire que la gestion du personnelest une lourde tâche.  

Potentiel productif Mais cela exige en contrepartie des efforts plus soutenus de la part du personnel sur le travail : la ponctualité, le respect des consignes, l'organisation, la concentration, l'hygiène... Et là, c'est un combat permanent. C'est du moins le constat fait par Mathieu Brothier, à Tigné (49), qui a racheté le fonds de ses anciens patrons il y a un an et demi, sans le personnel néanmoins, si ce n'est une vendeuse qui reste un peu « l'âme » de la maison. Sa femme Stéphanie, alors enceinte et en charge d'un enfant en bas-âge, a décidé de suivre son mari dans l'aventure et d'abandonner son poste d'aide-soignante. Malgré la charge de leurs deux enfants et le sentiment d'être toujours enfermés entre quatre murs, ils reconnaissent que ce qui est le plus usant est sans aucun doute la gestion du personnel. Très vite en effet, ils ont dû reprendre une vendeuse, un ouvrier et un apprenti. « Négocier les ruptures de contrat, accompagner les plus jeunes, surveiller les problèmes de fraudes ou de ponctualité, optimiser l'organisation du travail, gérer les conflits… ces soucis envahissent les pensées. Il faut pouvoir évaluer une situation de tension pour apporter la solution qui canalisera les comportements. La vraie question au fond, c'est celle du recrutement. Comment trouver la bonne personne, compétente, respectueuse et motivée, et faire en sorte qu'elle reste ? C'est toujours un coup dur de se séparer d'un bon élément. Il faut alors tout recommencer ! » Ce problème est en fait une constante pour tous types d'entreprises… à ceci près qu'il a changé de dimension aujourd'hui dans le secteur de la boulangerie- pâtisserie. Avec la pénurie de main d'oeuvre qualifi ée, il est devenu un enjeu de premier plan.

par Armand Tandeau (publié le 7 novembre 2011)

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