L'encaissement sécurisé progresse dans les petits commerces. Plusieurs marques se partagent un marché florissant (*). Avec six points de vente en région parisienne, Olivier H. a de quoi attirer les convoitises de l'extérieur comme de l'intérieur.
Depuis qu'il a équipé ses magasins du système Cashguard (TigraBusiness), il peut dormir sur ses deux oreilles.
Les clients acceptent plutôt bien le monnayeur automatique. (photo)
Forteresse imprenable
Cette caisse un peu spéciale est constituée d'un terminal de point de vente (TPV), d'un coffre-fort (avec boîtier de vidage) et d'un échangeur de pièces et de billets. « Le client insère son argent dans l'appareil et la monnaie lui est rendue automatiquement. Les billets sont passés derrière le comptoir par la serveuse.
Non seulement les erreurs humaines disparaissent, mais en plus, les vols quels qu'ils soient sont quasi impossibles, les vendeuses ne touchant plus du tout aux pièces. Elles ne peuvent pas non plus intercepter de billets, ceux-ci devant être rentrés pour rendre la monnaie. Au final, je récupère de 20 à 100 € par jour et par vendeuse », poursuit- il, en soulignant au passage les potentialités très intéressantes du logiciel de caisse en termes de comptabilité.
Thierry B. peut aussi se réjouir d'être venu enfin à bout de vols endémiques grâce à ce type d'encaissement. Sa boulangerie-pâtisserie (située entre Paris et Meaux) n'a jamais été braquée, mais constamment rackettée de l'intérieur.
« C'est un mal qu'on n'arrive pas à gérer car on n'a aucun moyen juridique pour cela. Il faut donc se protéger. J'ai essayé la vidéosurveillance, mais comment voulezvous travailler en passant votre temps à visionner les enregistrements ?
Les vendeuses se rendent vite compte qu'on ne peut pas être constamment derrière l'écran, alors elles reprennent leurs petites habitudes », avoue-t-il dépité. Loin de battre en retraite, il a opté pour une location sur cinq ans qui lui revient à 17 €/j tout compris. L'opération est donc éminemment intéressante pour lui au vu des sommes volées habituellement (jusqu'à 400 à 500 € par jour !).
La grogne au magasin
Au départ, ses trois vendeuses ont marqué leur désapprobation.
Il est certain que lorsqu'on perd près de 3.000 € du jour au lendemain sur sa paie mensuelle, il y a de quoi être furieuse !
Les honnêtes employées (il y en a !) sont en général soulagées.
Quant aux voleuses invétérées, selon Olivier H., il leur reste une possibilité de déjouer la machine. « En disposant d'une petite cagnotte sur elles, elles peuvent parvenir à rendre de la monnaie en subtilisant le billet du client.
Mais cela reste très compliqué et risqué, d'autant que toute annulation de produits sur un ticket en cours est enregistrée dans le système par des lignes de codes », notet- il.
L'annulation est utilisée pour masquer une vente non encaissée. La dernière version CashGuard permet, via une webcam intégrée à l'écran, de prendre une photo de la caissière au moment de ces opérations douteuses... Thierry B. note, non sans malice, que « la clientèle réagit très différemment.
Certains sont ravis pour le côté hygiénique ou ludique. Les râleurs me disent que ces machines font perdre le contact humain et mettent les gens au chômage. Je leur explique que la serveuse est toujours là et qu'elle est même plus disponible pour eux. Et vous savez la meilleure ? Il y en a un qui m'a répondu qu'il ne pouvait plus lui caresser les mains ! ». Qui a dit que le Français était grognon ?
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* Les professionnels désireux de connaître l'ensemble des solutions en TPV existant sur le marché peuvent se rendre sur le salon Equipmag, à la fin de septembre (voir l'agenda).
par Armand Tandeau (publié le 6 septembre 2010)