Avril 2010, boulangerie « Saint Honoré » à Firminy, dans la Loire. La vendeuse fait fuir un étrange braqueur… en criant », peut-on lire dans un quotidien régional.
L'homme, muni d'un simple couteau, prend peur et s'excuse par un « je suis désolé », avant de prendre ses jambes à son cou. Saint Honoré, patron des boulangers-pâtissiers, a dû l'impressionner...
Interpellé peu après, le jeune lycéen de 19 ans avouera à la barre qu'il avait besoin d'argent de poche. Courageux mais pas téméraires, ces caïds de la nouvelle génération sont attirés par l'argent facile. Et quoi de plus aisé que d'attaquer un petit commerce de proximité ?
Les derniers rapports statistiques sur la criminalité et la délinquance (2008 et 2009) sont assez édifiants. Les vols à main armée sur les « établissements industriels et commerciaux » augmenteraient à une allure de 20 % par an !
Sans foi, ni loi
Même si toutes les issues sont loin d'être aussi heureuses, ces faits divers, déjà fréquents en banlieues sensibles, touchent aujourd'hui les campagnes ou les agglomérations calmes. C'est le cas de Sainte-Savine, près de Troyes, où Marie-Jeanne Bellanger tient une boulangerie-pâtisserie.
Elle raconte qu'une de ses vendeuses a été victime d'une agression par deux mineurs de 17 ans, en mai dernier. « Ils ont attendu que l'employée s'absente dans l'arrière-boutique pour rentrer. Il était 17 heures, je venais de partir. Quand elle est revenue, ils ont sorti un couteau et un revolver et lui ont violemment ordonné d'ouvrir la caisse. Chose qu'elle a faite, totalement paniquée. Comme il n'y avait pas grand-chose (à peine 150 euros), ils ont demandé où était le reste.
Sans réponse, ils n'ont pas insisté et sont repartis illico, en marchant s'il vous plaît ! Ils ont été coincés très vite ». Et d'ajouter, évasive : « Ils sont fichés à vie maintenant. Je ne comprends pas comment des jeunes peuvent en arriver là… s'attaquer à un magasin aussi ordinaire que le nôtre… pour gagner quoi ? »
Pris de court, bon nombre de braqueurs de petite frappe sont sans repères, souvent fragiles psychologiquement et socialement, parfois « en manque » de drogue. Acculés financièrement, ils ont le sentiment de n'avoir plus rien à perdre. Et franchissent la ligne rouge pour « le fric et l'adrénaline ».
« Cela va tellement vite qu'on n'a pas le temps de réfléchir. Ces jeunes ont peur, ils comptent sur l'effet de surprise et la rapidité d'action. Ils peuvent paniquer ou détaler à la moindre difficulté », estime Marie-Jeanne Bellanger. « Si j'avais un conseil à donner, poursuit-elle, ce serait de ne rien laisser dans la caisse, juste de quoi rendre la monnaie. Pris par le temps, les braqueurs vont rarement chercher plus loin ».
Escroqueries en tous genres
Les braquages à main armée sont certes les plus choquants. Mais bon nombre de commerçants vivent au quotidien des vols « en douceur ». Chéquiers volés, faux billets, interdits bancaires : votre banquier peut vous aider à déceler les moyens de paiement frauduleux. Autre embrouille pratiquée : le vol au « rendez-moi ».
Cas le plus classique : le client tend un billet de 10 euros et demande à être remboursé sur 20. La vendeuse obtempère pensant s'être trompée. « Contre ça, il faut garder le billet en main tant que le client n'a pas refermé son portefeuille », assure Marie-Jeanne Bellanger, qui connaît parfaitement la musique.
« Mais il y a plus finaud encore ! renchérit-elle, le client paie avec un gros billet, 50 euros par exemple. La vendeuse lui rend une monnaie importante. Au moment où l'acheteur a l'argent en main, il décide tout à coup d'annuler sa commande et exige qu'on lui rende sa coupure, tout en tendant précipitamment la monnaie à laquelle il manque un billet. La vendeuse, déstabilisée, ne vérifie pas ! »
par Armand Tandeau (publié le 4 octobre 2010)