LTM : En termes de création, tout est possible, mais tout n'est pas profitable. Quelles sont les erreurs à éviter ? EH : « Effectivement, le champ des possibles est immense, d'autant que les fournisseurs sont force de proposition. Les clients adorent la surprise et adhèrent volontiers aux innovations. Par contre, n'allons pas trop loin et adaptons notre élan créatif à leurs attentes, sinon ils vous lâchent. Par exemple, le format bûche doit être respecté : c'est un repère essentiel à l'achat. J'ai remarqué aussi que certains pouvaient être bloqués par trop de sophistication : ils craignent en fait de ne pas réussir à découper l'entremets, alors que tout a été prévu à cet effet... La sobriété est de mise pour rassurer les clients sur ces aspects pratiques. L'usage d'épices doit être limité : ils sont là juste pour apporter des nuances aromatiques. Attention, la bûche est destinée à des repas de famille : il faut qu'elle plaise au plus grand nombre tout en ayant une signature originale. Les produits trop décalés peuvent aussi être testés plusieurs mois à l'avance à travers des entremets individuels. »
LTM : Les pâtissiers doivent-ils tous aller vers la haute pâtisserie ? EH : « Bien sûr que non. La haute pâtisserie est un positionnement. Elle exige un niveau de technicité, d'investissement et de recherche que tous ne souhaitent pas mettre en oeuvre, pour des raisons de motivation, de préférence ou de stratégie. La possibilité d'aller vers la pâtisserie design dépend du contexte et de l'image du commerce. Dans une grande ville, et encore plus à Paris, on parvient toujours à trouver un marché. En petite ville, c'est déjà plus risqué… Cela dit, à défaut d'apporter une valeur ajoutée par la créativité, la pâtisserie traditionnelle doit pouvoir le faire sur le goût et la qualité. Si l'artisan ne propose pas mieux que les supermarchés ou les points chauds, pourquoi les gens devraient-ils aller chez lui ? »
* Concours organisé par Macarons et Gourmandises, « webzine » spécialisé dans la Pâtisserie-Chocolaterie Haut de Gamme.
Propos recueillis par Armand Tandeau (publié le 20 décembre 2012)